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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour le 17e Dimanche (B)

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

De quoi nous rassasier, et plus encore!

L’histoire des pains multipliés nous est rapportée dans l’Évangile selon saint Jean avec une attention toute particulière. Les nombreux détails introduits dans le récit suggèrent un événement hors de l’ordinaire. La scène est grandiose. Jésus a traversé la mer de Galilée. On l’a suivi parce qu’il accomplit des signes sur les malades. La foule se densifie donc auprès de lui. Nous sommes proches de la Pâque, la grande Fête juive. Jésus gravit la montagne; ses disciples sont là avec lui. Nous pressentons qu’il va se passer quelque chose d’important, de significatif. Devant tout ce monde qui vient à lui, Jésus fait figure du bon berger qui rassemble son troupeau. Et nous voyons qu’il a souci de ces gens dont il devine les détresses et les attentes.

Car voici que Jésus s’engage dans une entreprise étonnante. Il parle de nourrir tous ces gens. Personne ne lui en a fait la demande expresse. Mais son mouvement est décidé. Il va d’emblée au-devant des besoins de cette foule, au-devant des nécessités élémentaires de chacun/e.

Jésus s’informe d’abord auprès de Philippe. « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger? » La réponse de l’apôtre fait bien voir l’ampleur du défi à relever pour qui veut nourrir une foule pareille. Et la contribution du jeune garçon qui s’avance avec ses cinq pains d’orge et ses deux poissons parait presqu’insignifiante devant l’immense table où Jésus s’apprête à servir le repas.

Pourtant c’est précisément à ce moment-là que tout bascule. L’apport minime du jeune garçon va faire pencher la balance du côté d’une grande merveille. L’impossible deviendra possible. Sur l’ordre du Seigneur, les gens vont s’asseoir sur l’herbe, comme les brebis en un vaste pâturage se reposent sous l’œil vigilant de leur berger. Jésus, le Bon Pasteur, va prier sur les pains et les poissons apportés par l’enfant. Il va rendre grâce à Dieu pour la générosité du petit garçon. Elle est immense!

Qui sait d’où il vient cet enfant? Peut-être vient-il d’une famille pauvre des bords du lac? Sa mère aura fait cuire les pains durant la nuit. Son père aura été à la pêche au petit matin. Et le voilà parti, son panier sous le bras, vers la grande foule qui s’assemble autour de Jésus. Il a l’espoir sans doute de ramener quelques sous à la maison.

Sollicité pour le grand projet de Jésus, l’enfant réagit timidement. Peut-être est-il d’abord contrarié? Leurs regards se croisent. Dans les yeux de Jésus, l’enfant voit une telle bonté! Jésus, lui, voit le bon cœur et la fierté de l’enfant; il voit l’amour de ses parents. Il se voit en lui, appelé à se donner lui-même par amour. Dans les yeux de l’enfant, Jésus voit nos gestes de partage, notre désir d’un monde meilleur. Il voit nos faims profondes. Il nous voit tous dans les yeux de ce petit bout d’homme, qui est l’un des nôtres, qui est chacun/chacune de nous. C’est tout ça que Jésus fait monter en louange vers son Père pour que nous revienne une immense bénédiction. Jésus assume le partage de l’enfant. Il est lui-même l’enfant qui partage. Et le Père saura bien traduire sa réponse dans une miséricorde infinie pour tout ce peuple rassemblé auprès de son Fils.

Dans les 12 paniers qui contiennent les restes, nous avons la preuve que le repas du partage a passé la mesure. Il déborde jusqu’à nous. Le Christ s’est donné une fois pour toute, mais le don qu’il nous a fait est surabondance! Qui aurait cru que l’apport généreux du pauvre enfant serait à la source d’une telle fécondité? Aurons-nous le courage d’imiter son geste pour avoir part nous aussi à la grâce du Fils bien-aimé. Son offrande fut décisive. La nôtre peut l’être aussi. L’Eucharistie nous en donne la mesure et la force, Elle peut faire de nous des êtres de don, de partage, de bénédiction pour tous.

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