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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour le 18e Dimanche (B)

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

Non pas dépanneur, mais Sauveur!

Nous retrouvons aujourd’hui, de l’autre côté du Lac de Tibériade, ceux-là même qui ont mangé la veille les pains et les poissons que Jésus leur a si largement distribués. De toute évidence ces gens en veulent encore. Ils n’ont pas vu le signe. Ils en sont toujours à cette même nourriture que Jésus leur a permis de consommer avec abondance, dans la gratuité.

Les aliments corporels, on en a toujours besoin. Il faut travailler fort pour satisfaire ce besoin élémentaire; personne ne peut se priver de manger. Cependant Jésus fait tout de suite remarquer, à ces gens qui le talonnent, qu’il y a méprise de leur part, s’ils le prennent pour un dépanneur. Non, il ne veut pas créer chez nous une dépendance telle qu’il soit la solution à leurs problèmes de subsistance terrestre. Il ne faut pas attendre de Jésus des miracles à répétition. Nous avons des ressources à partager, nous avons des bras pour travailler, des capacités de cœur et d’intelligence. C’est à nous de nous organiser, en prenant nos responsabilités, pour un partage équitable de ce qui a été si gracieusement, si généreusement mis à notre disposition par la Providence.

Le signal que Jésus voulait nous donner avec la multiplication des pains a une portée beaucoup plus profonde. Il s’agit de l’accueil personnel et communautaire de sa personne. Comme autrefois le don de la manne signifiait que Dieu prenait soin de son peuple au désert et lui donnait une nourriture d’appoint pour qu’il puisse continuer sa marche vers la terre promise, de même aujourd’hui Dieu nous dispense une nourriture sainte qui est le Christ lui-même, qui nous est pareillement nécessaire pour la route qui mène au Royaume où Dieu nous appelle.

Sans mépriser nos efforts indispensables pour nourrir notre corps, Jésus nous rappelle que « l’homme ne vit pas seulement de pain, … » et qu’il nous faut « travailler non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle. » Il ne s’agit de rien de moins que de nourrir notre vie du Christ lui-même. De nous laisser configurer à sa personne. Comme le notait S. Paul dans sa lettre aux Éphésiens : « Laissez-vous renouveler par la transformation spirituelle de votre pensée. Revêtez-vous de l’homme nouveau, créé, selon Dieu, dans la justice et la sainteté conformes à la vérité. »

L’analogie de nos amitiés humaines pourrait ici nous servir. On peut se croire ami avec quelqu’un parce que nous profitons de lui. Il nous aide. Il nous fait des cadeaux. Il nous fait honneur. Il nous apporte des biens matériels. Nous savons que ce n’est pas là nécessairement l’amitié. Il y a dans l’amitié une communion de pensée et de cœur, une liberté, une joie qui sont le signe d’une appartenance mutuelle et du bonheur gratuit d’être ensemble. Un tel lien change beaucoup de choses dans notre vie, nos façons d’être et d’agir. C’est ce que le Christ s’offre à vivre avec nous. Une présence à l’intime de nos êtres. Pour une transformation qui nous fait lui ressembler, être comme lui.

C’est le mystère de sa personne que Jésus nous donne en partage. Et pour y arriver il se fait nourriture, pain de vie qui refait nos forces. Nous sommes bien chanceux de pouvoir manger de ce pain qu’il a voulu sanctifier pour nous dans le sacrement de l’eucharistie. Ce pain est la mémoire vivante du don qu’il nous a fait de sa vie une fois pour toutes dans sa passion, sa mort et sa résurrection. Ce banquet sacré nous rappelle que Dieu nous sauve en son Fils. Qu’il nous fait passer nous-mêmes de la mort à la vie. « Moi, je suis le pain de la vie », dit le Seigneur.

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