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Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
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Feuilles emportées par le vent!

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

Déjà elles étaient toutes belles, les couleurs. Elles étaient en train de composer le plus féérique des tableaux. Malheureusement les fortes pluies et les grands vents des derniers jours de septembre ont vite emportées les feuilles et leurs couleurs. Prêtes à se détacher de l’arbre, elles ne demandaient qu’à tomber, qu’à se laisser emporter vers ailleurs, vers la mort, vers une autre vie. Et c’en est presque désormais fini de la splendeur de l’automne. D’une beauté à faire pleurer!

Nous les retrouvons pour un temps étalées sur le sol, les feuilles, dans la forêt, dans les parcs, sur nos chemins. Feuilles emportées, charriées au gré des humeurs de la brise, vite foulées au pied, tordues et brisées, appelées à se fondre avec la boue, à se perdre dans le paysage terreux. Elles reposent sur une terre déjà froide, terre en quête de couverture et de nourriture. Ainsi va la vie! la terre se nourrit de feuilles mortes pendant que les grands arbres se désolent dans leur flagrante nudité.

Cette tristesse et le drame incontournable de la nature, la dispersion et l’effacement des épais feuillages me font penser aux derniers instants de l’été que nous venons de vivre. Car nous vivons maintenant l’envol virevoltant de ce qui nous a occupés et préoccupés dans les derniers mois. Un monde qui n’était déjà plus le même. Devenu tellement différent au retour de nos confinements du printemps. Notre été fut pourtant bien tranquille, discret, hésitant, alors que nous n’osions plus jurer de rien, ni nous exprimer pleinement ni jamais nous éclater. Avec cette peur au ventre que le tsunami pandémique ne revienne bientôt et menace de nous emporter encore plus vers ailleurs. 

Notre monde n’a pas le choix. Il va changer beaucoup. Il se prépare à n’être plus vraiment le même. Une étrange mutation se produit. Nous sommes amenés à réduire nos activités, à taire nos projets, à demeurer en attente, à ne pas pouvoir imaginer la suite, sachant que rien ne sera plus pareil, ne sachant même pas ce qui sera désormais possible.

Entrerons-nous progressivement dans un état de paralysie générale? Les alternatives se dérobent devant les confinements qui à nouveau nous sont imposés. La fermeture de tout! Le masque partout! La distanciation toujours! C’est une mise obligée sur le mode Pause. Il nous reste la TV et le numérique, l’internet, l’audio et le vidéo, et c’est déjà beaucoup! Les contacts virtuels avec Zoom. Facetime. Facebook. Messenger, etc. C’est mieux que rien du tout! Finie cependant la présence réelle, sensible et bien physique! Pour jusque à quand? Nul ne le sait.

« On nous a volé 2020 », pensons-nous. De quoi 2021 sera-t-il fait? Nous avons perdu les sorties, les voyages, les fêtes, les rencontres, la vie sociale. Et tant d’autres choses qui sont dans la balance. Au retour, aurons-nous encore le goût de tout ce que nous avons perdu? Aurons-nous même la possibilité de le retrouver? Nous le saurons sans doute bientôt, quand reviendront les beaux jours. Car ils reviendront!

Il nous reste pour l’instant, intacte si nous le voulons, l’univers de la réflexion, des livres et de la spiritualité. Un immense héritage qui nous demeure accessible, qui est fait de pensées, de romans, de poésies, de pistes de prière, de silence et d’amitié. Cet univers est porteur de sens, de questions et de réponses. À chacun, chacune d’en profiter, de l’explorer à sa mesure!

Avez-vous remarqué les rameaux des arbres qui déjà se préparent pour nous faire une surprise au retour du printemps, par-delà le long hiver qui maintenant s’amène? Ce matin une bande d’oiseaux tapissait le parc derrière chez nous, picorant à l’envie la terre froide et mouillée. Ils étaient des centaines, tous fébriles. Ils préparent leur envol vers le Sud. Un jour ils reviendront. Les écureuils, eux, s’agitent sous les chênes, ils font des provisions un peu partout, jouant au mystère de leurs nombreuses cachettes. Ils auront de quoi passer l’hiver!

Non! La vie n’a pas dit son dernier mot. Nous passerons nous aussi l’hiver de la pandémie grâce à Dieu, grâce à nos savants chercheurs, grâce à nos soignants dévoués, grâce à la discipline générale que nous saurons respecter, grâce à quelques trouvailles, quelques heureux modèles que nous emprunterons pour les temps qui viennent et pour la suite du temps. Et qui sait? Nous trouverons peut-être, ensemble, les voies nouvelles pour de lumineux et plus heureux accomplissements.

Fr Jacques Marcotte, O.P.

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