Une histoire qui est aussi la nôtre
Cette longue histoire de l’aveugle de naissance que Jésus a guéri de son infirmité est un beau résumé de notre vie croyante. On peut s’en servir comme d’une parabole qui nous situe sur le chemin où nous sommes!
Le baptême nous a établis dans la lumière pour marcher désormais à la clarté de la foi. Nous sommes appelés à témoigner de l’action libératrice et illumina-trice du Christ dans notre vie et dans le monde. Nous portons en nous cette condition nouvelle qui nous engage à produire des œuvres de paix, de justice, de bonté pour l’avènement du Royaume de Dieu. « Autrefois, vous étiez ténèbres; lisions-nous dans la lettre aux Éphésiens, maintenant, dans le Seigneur, vous êtes lumière; conduisez-vous comme des enfants de lumière et sachez reconnaître ce qui est capable de plaire au Seigneur. » C’est là l’œuvre du Christ en qui nous sommes recréés dans la grâce de notre baptême et de notre confirmation.
Cette œuvre de Dieu n’est pas achevée pour autant en un clin d’œil. La vie du baptisé n’est même pas de tout repos. C’est une longue et dure fidélité. Il nous faut mener le combat de la foi au jour le jour. La conversion intérieure demande à s’accomplir sans cesse en nous; si le travail de la grâce progresse et nous fortifie, il rencontre aussi des obstacles, de l’hésitation, des résistances. Autour de nous c’est pareil; il nous faut parfois faire face à une opposition bien organisée. La nouveauté de l’Évangile dérange toujours. Les pouvoirs en place et l’acquis de nos habitudes sociales – au civil comme au religieux – n’aiment pas être défiés, dérangés, menacés par la lumière. Chacun tient à ses positions, à ses préjugés, à ses habitudes, et cherche à mettre en échec la clarté et la liberté du Royaume de Dieu, l’œuvre de grâce initiée par le Christ dans les cœurs.
Tout cet enjeu est finement représenté dans l’Évangile de ce dimanche qui nous raconte les péripéties dans lesquelles le mendiant aveugle guéri doit passer. Il n’a pas la partie facile. Mais fidèle à lui-même, fidèle à la grâce qui l’habite depuis sa rencontre initiale avec Jésus, l’homme poursuit patiemment son chemin de foi jusqu’à l’ultime rencontre qui lui donne de reconnaître le Christ comme son Seigneur. « Et il se prosterna devant lui. »
Ainsi en est-il pour nous. Nous ne sommes pas encore dans la pleine vision du Seigneur de Gloire ni la pleine réalisation du Royaume. Il nous faut nous aussi marcher, comme le Christ lui-même l’a fait, dans la patience, au risque de la confrontation, de la persécution et du rejet. Notre appel et notre réponse de baptisés aujourd’hui se passent dans un monde qui souvent ne nous donne pas raison ni ne nous fait la vie facile. Nous-mêmes, nous marchons dans le clair-obscur de la foi, avec parfois le sentiment de l’absence du Seigneur et la tentation subtile du doute.
Mais la parole de Dieu et la présence, à vrai dire, mystérieuse et cachée du Seigneur sont toujours là qui nous réconfortent et nous donnent d’avancer dans l’humilité, avec ténacité, patience et la tranquille assurance de ceux qui mettent leur foi dans le Seigneur, accueillant en eux l’Esprit Saint promis, l’Esprit de force et de conseil, l’Esprit de persévérance et d’amour.