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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour le 3e Dimanche du Carême (A)

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

ÉTANCHER L’AUTRE SOIF

Nous avions chez nous, sur la ferme, un puits. Près du chemin. Maçonné de pierres à l’intérieur, il était creusé depuis plusieurs générations. On n’y prenait plus l’eau pour boire. Mais on se servait du puits, de l’eau froide qu’il contenait en ses profondeurs, pour y descendre les bidons de lait, ou la crème ou le beurre. C’était notre frigo, même au plus chaud de l’été. Sa profondeur nous fascinait. Les étrangers qui s’arrêtaient chez nous y jetaient un coup d’œil. C’est là que j’ai vu souvent mon père s’arrêter avec des visiteurs, pour causer avec eux, d’abord de la pluie et du beau temps, puis tranquillement passer à des sujets plus sérieux, plus personnels peut-être. 

Jésus et la femme de Samarie près du puits. L’endroit avait une histoire. C’était le puits du patriarche Jacob. Ce puits, comme tous les autres puits, était le lieu de convergence du village. On y puisait l’eau pour tous, hommes et bêtes, l’eau si essentielle pour vivre. Un lieu pour faire des contacts, pour trouver femme ou mari.

            Aujourd’hui avec cette femme de Samarie Jésus engage, autour du puits, une conversation assez pointue, qui parle d’abord de soif physique qui révèle une autre soif, spirituelle celle-là. La soif de sens, soif de lumière et de vie intérieure. Cette femme était venue chercher une eau qui désaltère le corps, mais nous constatons que tout son être avait soif aussi d’une eau qui puisse abreuver son âme. Et nous passons tranquillement avec elle d’un niveau à l’autre. Jésus apparaît comme disposant pour elle et pour nous d’une eau insoupçonnée. Il est lui-même cette eau vive capable d’assouvir nos soifs les plus profondes. 

Cette scène d’Évangile est toujours d’actualité. Comme la samaritaine, à travers nos travaux, nos corvées notre vie mélangée, nos amitiés, nos soucis quotidiens, nous cherchons un sens, une inspiration, une source capable de soutenir notre marche dans la vie. 

Et le Christ vient à nous mystérieusement. Il est là. Il nous attend au puits de nos quêtes et de nos questions, au beau milieu de nos jours. Il entame un dialogue, et sa parole nous instruit, il nous abreuve : ce peut être dans nos contacts les plus ordinaires, au hasard d’une lecture, au fil d’une réflexion, au travail ou dans le silence de la prière, ou quand nous faisons mémoire de lui dans  l’Eucharistie. 

Le Seigneur nous rappelle alors qui nous sommes, qu’il nous connaît, qu’il nous aime. Il vient non pour ajouter une charge, un reproche, une condamnation, mais pour un éveil, une prise de conscience. Il nous redonne à nous-mêmes dans la lumière et la liberté. Il nous offre de vivre plus, il nous donne mission d’aller le dire aux autres.

Ce qui se passe alors avec nous, comme autrefois pour la samaritaine, c’est une possible entrée progressive dans le mystère du Christ. Notre attention, notre écoute, notre enthousiasme peuvent alors faire de nous de vrais témoins, des passeurs joyeux de l’Évangile.

Puissions-nous comme la Samaritaine entrer en dialogue avec le Christ, de façon à ce qu’il puisse nous abreuver de cette eau vive dont il parle et qui est lui-même. Une eau spirituelle qui purifie notre regard de foi, étanche notre soif intérieure, fortifie notre espérance.

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