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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour le 2ème Dimanche du Carême

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

Notre horizon est déjà pascal!

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 9, 28b-36)

En ce temps-là,
Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques,
et il gravit la montagne pour prier.
Pendant qu’il priait,
l’aspect de son visage devint autre,
et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante.
Voici que deux hommes s’entretenaient avec lui :
c’étaient Moïse et Élie,
apparus dans la gloire.
Ils parlaient de son départ
qui allait s’accomplir à Jérusalem.
Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ;
mais, restant éveillés, ils virent la gloire de Jésus,
et les deux hommes à ses côtés.
Ces derniers s’éloignaient de lui,
quand Pierre dit à Jésus :
« Maître, il est bon que nous soyons ici !
Faisons trois tentes :
une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
Il ne savait pas ce qu’il disait.
Pierre n’avait pas fini de parler,
qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre ;
ils furent saisis de frayeur
lorsqu’ils y pénétrèrent.
Et, de la nuée, une voix se fit entendre :
« Celui-ci est mon Fils,
celui que j’ai choisi :
écoutez-le ! »
Et pendant que la voix se faisait entendre,
il n’y avait plus que Jésus, seul.
Les disciples gardèrent le silence
et, en ces jours-là,
ils ne rapportèrent à personne rien de ce qu’ils avaient vu.

 

COMMENTAIRE

Il y a de ces moments dans la vie dont nous nous souvenons avec émotion, dont il nous est difficile même de parler. Quelque chose nous est arrivé, qui a tout changé pour nous. Il peut s’agir d’un évènement bien personnel dont nous gardons le secret, qui a mis du baume et du neuf dans notre existence. Entre la grisaille du quotidien et nos rêves, cette clarté d’un moment donnait du sens à notre parcours et l’envie de continuer la route. Nous avons tous besoin de ces instants lumineux, qui nous fortifient et nous donnent de l’élan. Ça peut être un incident, une rencontre, la présence d’un ami, une inspiration, une lecture. Nous savons alors que les épreuves du moment et celles qui s’annoncent, les déceptions, les perspectives d’échecs peut-être et les contrariétés n’auront pas le dernier mot sur nous. Courage! Confiance! Espérance! Voilà ce que produit la transfiguration du Seigneur sur la montagne aujourd’hui.

Simon Pierre venait de confesser sa foi en Jésus. « Tu es le Messie, l’Élu, le Fils de Dieu », avait-il répondu au Maître qui interpelait les disciples sur son identité. Jésus leur avait alors imposé silence, les prévenant que des jours approchaient où il allait souffrir beaucoup, être mis à mort, et ressusciter le 3e jour. Les disciples eux-mêmes ne seraient pas épargnés. On comprend qu’ils furent choqués d’une telle annonce, saisis d’inquiétude et de peur.

Or, c’est 8 jours après ces révélations que Jésus emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean sur la montagne. Les 3 disciples ne tardent pas à s’endormir d’un sommeil mystérieux, comme Adam au paradis, comme Abraham au moment d’entrer en alliance avec Dieu, comme les mêmes disciples au Jardin des oliviers juste avant l’arrestation de leur maître. Ils tombent dans cette sorte de léthargie que provoque l’ampleur d’un événement qui nous dépasse. Voici que Jésus, en prière, est transfiguré. C’est en s’éveillant qu’ils le voient. Il est en surbrillance, ayant avec lui Moïse et le prophète Élie : deux personnages mythiques dans la mémoire juive, associés tous les deux à la montagne de l’Horeb, disparus tous les deux autrefois de mystérieuse façon. Ils sont là en gloire eux aussi, qui parlent avec Jésus de ce qui l’attend à Jérusalem. Puis une nuée recouvre les disciples comme l’Esprit venu sur Jésus sous l’apparence d’une colombe lors de son baptême. Et cette voix qu’on entend : « Celui-ci est mon fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le. » Et après, plus rien, rien que Jésus tout seul, redevenu comme avant… et pourtant si différent maintenant à leurs yeux.

La foi de Pierre était donc confirmée par la Parole du Père. Cette manifestation arrivait à point pour soutenir le Fils dans sa marche vers Pâques. On peut penser que les disciples ont puisé là, eux aussi, par la suite, et dans la Pâques de leur Seigneur et maître, l’énergie pour le suivre jusqu’au bout dans la même épreuve.

Leur témoignage nous invite à prendre de la hauteur et à porter un regard de foi sur le Christ, nous pressant de sortir d’un sommeil accablant pour vivre de la vie du Ressuscité. Configurés au Fils par le baptême, laissons-nous pleinement identifier à lui pour être à notre tour de précieux témoins pour les autres. Sachons voir et faire voir par-delà les ténèbres et l’obscurité d’ici-bas la lumière de Pâques. En cette eucharistie, vivons ce moment de grâce et d’éternité porteur de la plus belle espérance. Qu’il nous donne d’anticiper tous ensemble le bonheur de notre communion promise avec le Père et le Fils dans l’Esprit.

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