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Nous deux,

Responsable de la chronique : Caroline Pinet
Nous deux

« Va et vends tout ce que tu as »

Imprimer Par Caroline Pinet

 

« Bon maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » […] Jésus lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor au ciel ; puis viens et suis-moi. » Marc 10, 17-27

La réponse de Jésus est bouleversante. Quiconque l’entend, comme les disciples alors, se trouve stupéfait par leur exigence. Pour apaiser nos esprits, nous relativisons et considérons qu’il a prononcé ces paroles il y a plus de deux mille ans et, de surcroît, à un jeune homme riche. D’aucun ne se sentira concerné par ces mots très radicaux car nous ne nous sentons pas riches… Et puis nous sommes mariés avec des enfants : ce n’est donc pas pareil…Nous avons des obligations…

Jésus affirme que les biens matériels sont un handicap spirituel. Il va loin dans l’image : « Il sera plus facile à un chameau de passer à travers le trou d’une aiguille qu’aux riches d’entrer dans le royaume de Dieu. » Il s’agit bien entendu d’une hyperbole utilisée par Jésus, comme il le fait avec la poutre et la paille dans l’œil. Cette figure de style est habituelle dans le langage oriental où l’exagération d’une idée sert à illustrer le propos.

Mais, nous qui avons charge d’âmes en prenant soin de nos familles, sommes-nous concernés par cette réponse radicale de Jésus au jeune homme riche ? Comment vendre tous nos biens et donner la moitié des recettes que nous en tirerions aux pauvres ? N’est-ce pas irresponsable ? En tant que chargés de famille, n’avons-nous pas une dérogation ?

Nous, gens mariés, croyons souvent que l’exigence de la foi s’applique uniquement aux religieux d’état. Nous croyons que nous pouvons vivre une foi à « rabais » car nous avons autre chose à faire de nos journées ! Nous ne nous sommes pas des professionnels de la foi.

Le Pape François actualise les propos de Jésus en réitérant le danger que représente le Dieu Argent: « Il faut se garder de céder à la tentation d’idolâtrer l’argent. Cela signifierait affaiblir notre foi et courir ainsi le risque de s’habituer au piège de convoitises insensées et funestes, qui peuvent faire courir à l’homme le risque de plonger dans la ruine et la perdition. » (Homélie lors de la messe célébrée à la Maison Sainte-Marthe, le vendredi 20 septembre 2013).

L’argument du chrétien moderne est de contourner la parole de Jésus en affirmant qu’il suffit de ne pas idolâtrer l’argent, d’en user pour le bien commun…Mais «qu’arrive-t-il donc avec l’argent?» s’est demandé le Pape. «L’argent t’offre un certain bien-être: les choses marchent, tu te sens un peu important et puis arrive la vanité. Nous l’avons lu dans le psaume 48: cette vanité apparaît. Cette vanité qui ne sert pas, mais tu te sens une personne importante». Vanité, orgueil, richesse: c’est ce dont se vantent les hommes décrits dans le psaume: ceux qui «se fient à leur force, et se vantent de leur grande richesse».

Le Saint-Père poursuit : «Jésus nous avait dit clairement et également définitivement, que l’on ne peut servir deux seigneurs: on ne peut servir Dieu et l’argent. Entre les deux, il y a quelque chose qui ne va pas. Il y a quelque chose dans l’attitude d’amour à l’égard de l’argent qui nous éloigne de Dieu».

Il rajoute : «L’apôtre saint Paul nous dit plutôt de lutter pour la justice, la piété, la foi, la charité, la patience et la douceur. C’est le chemin de Dieu, et non pas celui du pouvoir idolâtre que l’argent peut donner. C’est le chemin de l’humilité du Christ Jésus, qui de sa richesse est devenu pauvre pour nous enrichir par sa pauvreté. C’est la façon de servir Dieu. Et que le Seigneur nous aide tous à ne pas tomber dans le piège de l’idolâtrie de l’argent.»

Jésus lui-même s’est fait pauvre. Qui veut le suivre sur les routes de la Palestine devait ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture. « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. »

Comment encore croire que cette exigence ne s’appliquerait pas à nous, quelle que soit notre état civil ?

Nous sommes incarnés à ce moment précis de l’histoire, dans un contexte où le réchauffement climatique et la paupérisation de la population partout dans nos sociétés sont la conséquence directe de l’idolâtrie de l’Argent. Il est évident qu’en tant que chrétiens nous sommes appelés à témoigner de l’amour du Christ qui s’inscrit en faux avec l’égoïsme des possédants. Nous sommes donc concernés en tant que couples mariés par la parole de Jésus qui nous invite à chaque instant de notre vie à choisir Dieu, à l’aimer de tout notre cœur et de toute notre âme*. L’Argent peut nous éloigner de son Amour. Il nous revient de concilier la responsabilité d’éduquer décemment nos enfants, de contribuer à la douceur de leurs jours. Pour autant, nous devons garder à l’esprit que nous faisons partis du peuple de Dieu, où chaque membre est mon frère, ma sœur et que nous avons la Terre en partage.

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