Dans un livre d’entretiens, paru voilà quelques années, Je vous appelle amis (Paris, Cerf, 2000), Timothy Radcliffe, ancien maître de l’Ordre des prêcheurs, rappelle cette anecdote au sujet de Saint Albert le Grand :
«[Celui-ci] était un jour assis dans sa cellule, en train d’étudier. Alors le Démon lui apparut déguisé en l’un de ses frères, et essaya de le persuader qu’il perdait son temps et son énergie à étudier les sciences profanes. Cela était mauvais pour la santé. Albert fit juste le signe de croix et l’apparition disparut. Hélas ! Les frères ne sont pas toujours faciles à convaincre. Toutes les disciplines – littérature, poésie, histoire, philosophie, psychologie, sociologie, physique, etc. – qui tendent à donner un sens à notre monde sont nos alliés dans notre recherche de trouver Dieu dans la complexité de l’expérience humaine ».
Le frère Radcliffe s’appuie sur cette histoire pour souligner l’importance de l’étude dans la communauté dominicaine, non une importance en soi mais bien plutôt à la condition d’être dirigée en vue de vivre davantage notre vie en quête de sens, en quête de Dieu. Non pas une étude desséchée, stérile, mais une étude qui nous sort de nous-mêmes pour être plus féconds auprès des autres.
Si cela est vrai pour les Dominicains, il y a des chances pour que cela soit bon aussi pour le reste de l’humanité !
Au terme des vacances, nous retournons les uns vers notre profession, les étudiants et les élèves vers leurs cours. Quel que soit notre horizon – scolaire ou professionnel – notre activité quotidienne nous met au défi d’ajouter du sens à notre vie et à celle de ceux qui nous entourent, au travail ou en famille.
Cet approfondissement nous mène, nous Chrétiens, à la rencontre de Celui qui ordonne et met en perspective le chemin que nous suivons depuis notre baptême jusqu’au nunc dimitis final.
Placée sous le regard de Dieu, cette rentrée peut prendre une saveur différente et nous offre la possibilité d’un engagement plus profond pour les travaux et les jours.