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Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Éditorial

Les pèlerins de Noël

Imprimer Par Jacques Marcotte & Anne Saulnier

Décidément, les événements ne nous laissent aucun repos ! Les attentats du 13 novembre à Paris nous ont fait réaliser que la guerre se rapproche de nous et que nous ne sommes peut-être pas autant à l’abri que nous aurions voulu le croire. Maintenant, la plupart des gens se sentent concernés par le terrorisme. La peur flotte dans l’air, une peur viscérale qui nous plonge dans des attitudes défensives et offensives, une peur qui se nourrit d’elle-même, contaminant tout sur son passage.

Cette peur, nous devons en tenir compte, bien sûr, mais avec un certain recul. Ceci nous permettra de surmonter le pur instinct de protection qui nous pousserait seulement à nous venger. En effet, il faut nous méfier d’une politique qui se servirait de la peur comme d’une arme, car utilisée dans ce sens, elle devient vite terriblement efficace pour justifier des actes que nous voulons dénoncer à tout prix.

Au nom de la justice, des milliers de gens sont bombardés et utilisés comme otages, pris entre les feux d’une guerre qui ne finit plus, ou contraints de fuir pour survivre. Ils prennent la route, espérant contre toute attente n’avoir seulement que le droit de vivre. Le nombre de ces pèlerins ne cesse de croître, à tel point que le monde entier ne sait plus quoi en faire. Parmi ces gens, se trouvent des enfants qui sont privés des soins de base et de scolarisation. Ils sont pourtant la génération de demain, d’un monde que nous voulions meilleur et plus juste. Que deviendront ces enfants une fois adultes ? Y avons-nous suffisamment pensé ?

Seule une attitude de pauvreté intérieure nous fera surmonter la peur de l’autre, la peur de la différence, et nous poser des questions essentielles : comment en sommes-nous arrivés à un tel radicalisme ? Pourquoi ces groupes extrémistes nous haïssent-ils autant ? Comment expliquer le fait que nous n’ayons jamais connu dans le passé une telle abondance de nourriture et qu’il n’y ait jamais eu autant que maintenant de gens qui meurent de faim et d’inégalités dans le partage des richesses ? Cette même attitude de pauvreté intérieure ouvrira seule nos cœurs à la compassion et au partage.

Avec le temps de l’Avent qui commence, vient aussi le temps de l’attente d’un Sauveur. Le temps de la miséricorde d’un Dieu pèlerin. Voici qu’Il marche avec tous ces gens qui se bousculent dans la cohue des camps. Temps de l’espérance aussi, de ceux qui avancent dans la nuit, attentifs à quelque signe venant du ciel. Tout comme les bergers et les mages de l’Évangile, saurons-nous nous laisser guider finalement vers la pauvreté d’un enfant ? la pauvreté de tous ces enfants ?

Noël s’en vient, et quelque part, dans la nuit, nous voulons croire en cet enfant nouveau-né, en ce Dieu venu partager nos pauvretés et nos misères. N’est-il pas la lumière du monde, nous apportant cette étincelle qui nous fait espérer contre toute espérance que nous pouvons poser des gestes concrets pour réaliser un monde meilleur et plus humain ? Des gestes qui cherchent à bâtir et non à détruire, à voir, au-delà des bombes, ce qui est à la source de toute cette souffrance ? Pour la vérité de notre recherche, Dieu lui-même se fait petit et pauvre. Il vient à notre rencontre pour nous dire, une fois de plus, qu’il est avec nous dans cet autre, qu’il est cet autre, tous ces enfants à protéger. Ces enfants, ne sont-ils pas le monde de demain ?

Joyeux Noël!

En collaboration
Anne Saulnier et Jacques Marcotte, OP
Québec.

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