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Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Éditorial

Devenir Miséricorde !

Imprimer Par Jacques Marcotte & Anne Saulnier

jubileEn ce début d’année 2016, le Jubilé de la miséricorde inaugurée par le pape François, le 8 décembre dernier, nous interpelle. Nous voulons y réfléchir, en lien avec certains événements actuels et dans la foulée du mystère de Noël que nous venons de célébrer. C’est avec simplicité et sans prétention que nous abordons ce thème, dans le seul but de mieux voir comment la miséricorde peut s’actualiser dans nos vies.

Tout d’abord, notons que le mot miséricorde est un dérivé du latin miserere et cordis, ce qui veut dire littéralement « avoir pitié de cœur ». La miséricorde est une vertu qui nous amène vers ce quelque chose de mystérieux, qui tient compte à la fois de l’affectif et du cœur profond des gens. Elle se vit dans la chair et se traduit dans des gestes relationnels bien concrets. Il en est de même pour Dieu dont la miséricorde nous est apparue en Jésus le Christ.

La miséricorde nous tourne essentiellement vers cet autre avec qui nous sommes en relation. C’est donc une conversion qui nous est demandée, un profond retournement quant à notre manière d’être dans toute notre vie, une nouvelle naissance en quelque sorte, pour un esprit plus humain. Une telle transformation n’est possible qu’avec la grâce de Dieu.

À Noël, nous étions invités à nous imprégner de l’événement où Dieu se fait si petit qu’il nous oblige à nous pencher vers lui pour l’accueillir. Dieu lui-même nous met au défi de lui faire miséricorde et, à travers lui, à tous ceux et celles qu’il met sur nos routes, quels que soient leur pays d’origine, leur religion, leur sexe, la couleur de leur peau ou leur orientation sexuelle. Au moment de sa naissance et tout au long de son parcours, Jésus se présente comme sollicitant la compassion. En demandant à boire à la Samaritaine, en s’invitant à loger chez Zachée, il nous éduque à la miséricorde. Non seulement il nous donne lui-même l’exemple de la miséricorde, mais il nous met lui-même en situation de la pratiquer à son endroit.

La miséricorde constitue la valeur principale de notre identité chrétienne. Elle tient au Christ lui-même. Nous n’avons ni à en rougir, ni à en avoir honte, mais nous avons à réfléchir en Église sur la manière de vivre cette miséricorde. Il faut nous convertir constamment pour nous adapter à la société d’aujourd’hui, différente de celle d’hier. Cette société a changé rapidement de visage et le monde aussi. Tout est devenu complexe et diversifié dans un monde pluraliste. Cette évolution s’est produite rapidement, alors que l’Église n’a pas toujours suivi.

L’Église doit s’adapter au monde d’aujourd’hui, trouver des réponses pertinentes qui la rendent signifiantes, tout en traduisant l’amour miséricordieux du Christ. Elle ne peut le faire qu’en se débarrassant de ce qui entrave sa sensibilité pour ne garder que ce qui constitue son essence : le Christ, miséricorde du Père. L’Église n’en deviendra que plus souple, plus « pastorale », plus proche de la réalité des gens. Ce n’est qu’en se penchant vers eux, qu’en suscitant leur miséricorde qu’elle deviendra plus miséricordieuse. Osera-t-elle faire ce passage ? En instaurant une année de la miséricorde, le pape nous invitait peut-être à mettre nos cœurs en mouvement.

En terminant, permettez-nous de vous souhaiter une Bonne et Heureuse Année 2016, remplie de joie, de paix et… de miséricorde!

En collaboration
Anne Saulnier et Jacques Marcotte, OP
Québec

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