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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour le jour de Noël

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

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Une Lumière a resplendi!

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 1,1-18.
Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement auprès de Dieu.
C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui.
En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ;
la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée.
Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean.
Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui.
Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière.
Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde.
Il était dans le monde, et le monde était venu par lui à l’existence, mais le monde ne l’a pas reconnu.
Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu.
Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom.
Ils ne sont pas nés du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu.
Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité.
Jean le Baptiste lui rend témoignage en proclamant : « C’est de lui que j’ai dit : Celui qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était. »
Tous nous avons eu part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce ;
car la Loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ.
Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, lui qui est Dieu, lui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître.

COMMENTAIRE

Nous retrouvons avec émotion ce matin, dans une belle simplicité, les chants et l’émerveillement de Noël. Ce qui arrive d’abord à Noël, c’est quelque chose de simple et d’accessible à tous, dont les bergers de Bethléem furent les premiers avertis, eux qui étaient des pauvres et des ignorants, des gens même un peu délinquants. Il y a là un signe, un message pour nous. Que Noël, c’est aussi pour nous!

Le prologue de l’Évangile de Jean – que nous venons de lire – nous fait réfléchir en profondeur sur le sens de la venue au monde de l’enfant Jésus.  Nous n’avons pas ce matin – en lecture d’évangile – un récit de naissance dont nous trouvons une présentation chez S. Luc et chez S. Matthieu. Avec S. Jean cependant c’est toujours d’une histoire de vie, d’amour et de lumière qu’il s’agit, histoire à laquelle le 4e évangile nous dit que nous avons part nous aussi. Pour nous en parler, il prend des images et des mots simples mais lourds de sens : parce qu’ils disent la vie, la parole, la lumière, l’amour jusqu’au don de soi-même.

Le Seigneur s’est offert à notre regard, il y a 2000 ans, sous les traits et dans la condition d’un enfant.  Dieu, en s’offrant de cette manière, se plaisait à déjouer nos calculs et nos attentes spontanées. Il se montrait d’abord solidaire des  humbles et des petits, préoccupé même et surtout des pécheurs.  Ne présentant absolument rien de menaçant, ni de tyrannique comme c’est souvent notre manière de faire entre nous. Il n’a surtout pas voulu nous faire peur ni abuser de nous. Il voulait vraiment nous donner toutes les chances de l’accueillir, de le rencontrer et de l’aimer. Comme on aime un enfant…

Hélas, par nos aveuglements ou notre regard souvent biaisé, à cause de nos préjugés et de nos peurs, nous l’avons placé parmi les exclus et les délaissés. En Jésus de Bethléem et de Nazareth Dieu a fait chez nous l’expérience d’être refusé, rejeté. Une expérience pénible et difficile qui a cours encore aujourd’hui. Peut-être en savons-nous personnellement quelque chose. Si Dieu nous a connus et tolérés jusque là, c’est qu’il nous aimait gros. « Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu ». Lui « par qui le monde s’était fait, le monde ne l’a pas reconnu ». Pourtant « le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique ».

Il nous faut sortir de cette ambivalence où nous sommes trop souvent et nous positionner devant Jésus avec un regard qui va plus loin qu’un attendrissement, un regard de croyant, regard d’amour et de reconnaissance sur le Seigneur et Sauveur, un regard qui rejoint la pleine signification de la fête d’aujourd’hui. Noël c’est plus que l’anniversaire d’une naissance qui ne ferait que nous émouvoir. Noël, c’est la mémoire d’un avènement bouleversant, plein de promesses, déjà tout marqué de résurrection. Quand il écrit : «Aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Messie, le Seigneur», S.Luc nous invite à nous situer d’emblée en croyants et croyantes face au Vivant de Pâques, face à Celui qui se vient et se donne pour une espérance extraordinaire, alors même que nous l’abordons aujourd’hui sous l’angle premier de son incarnation. Emmailloté dans ses langes, il brille déjà dans la nuit des croyants parce qu’ils le savent à jamais sorti vivant du tombeau.

Le Christ vient aujourd’hui au cœur de notre vie pour une grâce de renaissance et de résurrection. Comme autrefois il illumine ses disciples et les remplit d’espérance. Frères et sœurs, accueillons-le donc. Tournons-nous avec confiance vers notre Sauveur. Cette liturgie nous en donne l’occasion et le moyen. Le Christ est là en son sacrement, ce matin, pour que nous puissions être avec lui, faire corps avec lui, le prendre et le saisir en sa chair glorifiée. Puissions-nous l’accueillir dans la foi pour avoir « part à sa plénitude ».

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