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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour le dimanche de la Sainte Famille

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

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Le penchant secret d’un Adolescent!

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 2,41-52.
Chaque année, les parents de Jésus se rendaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque.
Quand il eut douze ans, ils montèrent en pèlerinage suivant la coutume.
À la fin de la fête, comme ils s’en retournaient, le jeune Jésus resta à Jérusalem à l’insu de ses parents.
Pensant qu’il était dans le convoi des pèlerins, ils firent une journée de chemin avant de le chercher parmi leurs parents et connaissances.
Ne le trouvant pas, ils retournèrent à Jérusalem, en continuant à le chercher.
C’est au bout de trois jours qu’ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs de la Loi : il les écoutait et leur posait des questions,
et tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses.
En le voyant, ses parents furent frappés d’étonnement, et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! »
Il leur dit : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? »
Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait.
Il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth, et il leur était soumis. Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements.
Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes.

COMMENTAIRE

L’histoire rapportée par S. Luc peut nous paraître banale. Ce qui a l’air d’aller de soi pour l’adolescent Jésus n’allait pas de soi pour ses parents. Du déjà vu !  Le récit tend, bien sûr, à montrer que Jésus, à l’âge de sa Bar-Mitsva, annonçait sa mission future. Que, pour trouver Jésus, il fallait le chercher. Qu’on le trouverait « assis – dans le Temple –  au milieu de docteurs de la Loi. » pour les écouter certes, mais aussi pour les interroger et leur dire la Parole.

Marie et Joseph, eux, comme de bons parents, étaient préoccupés d’encadrer et de protéger leur fils. Ils ne lui ont d’ailleurs pas caché le désarroi que sa fugue leur avait causé. L’histoire ressemble à ce qui se passe dans bien des familles quand vient le temps pour l’adolescent de prendre un peu ses distances, de voler de ses propres ailes. Le rêve des parents doit alors se confronter à ce qui monte dans le cœur et la tête du jeune. Ce n’est pas toujours facile d’harmoniser le tout.

Au temps où j’étais en pastorale scolaire au Secondaire, j’étais à même de voir la fierté, les attentes, l’inquiétude des parents à l’égard de leurs jeunes. Avec le temps, les parents apprenaient à être réalistes, à s’ajuster : l’opération ne réussit pas toujours. Des ruptures sont inévitables et souvent douloureuses pour grandir et laisser grandir, pour atteindre à la maturité psychologique, sociale, spirituelle, de part et d’autre.

Les enfants ont normalement la chance de vivre les étapes de leur croissance dans le cadre d’une famille. La famille qui est le premier lieu où se vit l’amour, le lieu où se manifeste la mystérieuse fécondité de l’amour, où l’amour se transmet et s’apprend; le lieu où chacun, chacune devrait découvrir que son histoire est une histoire d’amour; le lieu où se découvre la dignité de l’être humain, où s’établit normalement une relation de confiance de l’enfant avec ses parents : chacun apprenant à aimer et à se laisser aimer.

Il en était certainement ainsi pour Jésus, dont il est dit qu’il « grandissait en sagesse, en taille, et en grâce, sous le regard de Dieu et des hommes. »  Pourtant arriva le moment où Jésus dû se positionner vis-à-vis ces deux regards, cette double attente, celle de Dieu son Père, celle de sa famille humaine. Comment allait-il concilier ces deux appartenances ? À quelle demande Jésus allait-il d’abord répondre? Nous apprenons aujourd’hui que Jésus sera d’abord attentif à son Père du ciel, au risque de contrister ses parents de la terre.

L’incident du pèlerinage au temple nous permet de voir cette préférence de Jésus, qui se manifeste aussi en d’autres circonstances rapportées par S. Luc. Notamment quand Jésus s’apprête à vivre un moment significatif, une étape importante de sa mission. Il se met d’abord en prière.  Ainsi lors de son baptême; quand il procède au choix des apôtres; sur la montagne de la transfiguration; au soir de l’agonie à Gethsémani, et jusque sur la croix. La prière intense et prolongée de Jésus, c’est l’espace de liberté dont il a besoin pour exprimer sa grande priorité, son lien intime avec le Père, son souci de s’inscrire parfaitement dans sa sainte volonté. La soumission de Jésus à ses parents ou à d’autres instances humaines en est éclairée; elle dérive de ce premier choix qui est pour lui d’être d’abord «chez son Père

Frères et sœurs, baptisés en Jésus, devenus en lui les enfants bien-aimés du même Père, nous sommes appelés à prendre parti nous aussi pour notre Père du ciel, à nous mettre à son écoute, laissant l’Esprit aviver en nous le désir de Dieu, creuser en nos cœurs l’espace de liberté nécessaire. Que le témoignage de Jésus nous donne le même penchant vers Dieu, et que nous trouvions dans notre communion avec le Christ quelque chose de son secret, de sa passion, de quoi nourrir notre belle et grande espérance.

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