Entre ceux qui pensent que « l’argent ne fait pas le bonheur, mais ça aide » et ceux qui pensent que « l’argent ne fait pas le bonheur mais il n’y a que les riches qui le savent », il y a place pour une réflexion sur le rôle de l’argent dans la famille. Notre rapport à l’argent est le reflet de nos valeurs (morales) et de notre philosophie de vie.
Seuls ceux qui vivent à l’aise (un peu trop?) peuvent manifester un détachement a priori tout de sagesse. Mais, au fond, il n’y a pas que les cupides pour être obsédés par l’argent, mais aussi ceux qui vivent un certain dénuement.
Comment alors ne pas surestimer devant ses enfants l’excès de préoccupation pour l’argent au point de craindre dans leur avenir à ne pas en faire de simple moneymaker compulsifs?
L’argent est déjà un moyen de puissance qui crée les inégalités au sein de nos sociétés. Cette asymétrie peut se révéler lorsqu’en grandissant, un grand frère développe une autonomie financière que la petite sœur peut envier et ne pas comprendre. Par ailleurs, le rôle d’éducateur doit orienter les enfants vers un avenir professionnel qui ne soit pas axé sur la sécurité financière comme premier critère au détriment de l’épanouissement et du service à la communauté. Enfin, la circulation de l’argent au sein du couple est un puissant moyen de montrer aux enfants la puissance du partage dans la communauté conjugale.
Rappelons maintenant ce que nous en dit Jésus. Au jeune riche pieux, il lui suggère de vendre ses biens pour un bonheur qui ne s’éteint pas. Ne pas faire de l’argent un dieu qui concurrence l’Amour éternel. Mais Jésus sait être pragmatique et n’hésite pas dans la parabole du serviteur astucieux de conseiller de se faire des amis avec le mauvais argent.
Car l’argent, s’il peut isoler, peut aussi libérer. Et il n’a de valeur que s’il est partagé. Il peut alors devenir le moyen d’affirmer la primauté du lien sur l’avoir et sa circulation dans le partage au sein de la famille peut être un moyen puissant pour éduquer les enfants à la délicate manipulation de ce qui peut nous porter vers l’être plutôt que l’avoir.