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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour la fête de la Toussaint

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

Toussaint1911

Tous les Saints et Saintes

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 5,1-12a.
En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui.
Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait :
« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! C’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.

COMMENTAIRE

Une récente promenade dans le sentier d’un parc forestier m’a fait réaliser combien la saison d’automne était avancée. C’est déjà le temps où les arbres abandonnent leurs milliers de feuilles pour nous en faire un tapis tout en couleurs.  Le mystère des sous-bois se dévoile. Nous en sommes aux derniers dépouillements d’automne.  Depuis longtemps déjà nous avions vu la fin des récoltes; les fruits oubliés sont devenus plus que mûrs. La végétation se voit maintenant réduite à l’essentiel. Voilà que tout a l’air de vouloir mourir. Pourtant des germes sont tombés en terre. Ils préparent la saison des recommencements. Un dépouillement extrême est nécessaire pour vivre le grand passage. Si tout se referme, c’est pour mieux s’ouvrir quand le temps viendra.

Il en est de même pour nous. Il nous faudra bien un jour tout laisser et n’attendre plus rien au-delà de nos vieux jours, sinon une prise en charge nouvelle par plus que nous-mêmes. Nous faisons tranquillement la preuve de notre vacuité, de notre incapacité à survivre par nous-mêmes. Être seulement la voie ouverte au Tout-Autre prêt à nous combler de sa vie, c’est notre seule chance!

Allons-nous mourir et ne plus vivre? Ou bien allons-nous passer dans le monde de Dieu, pour vivre avec lui toujours?  La question est cruciale. Vivre avec le Seigneur et tout tenir de lui, n’est-ce pas la seule issue possible pour qui veut vivre toujours? Chose certaine, cet heureux passage ne sera pas l’objet de notre conquête personnelle, ni le fruit de notre performance. Il est un don qui déjà nous est fait. Car déjà nous le pressentons quelque part dans notre chair par la foi.

Que signifie être un saint, une sainte, si ce n’est vouloir marcher dans l’attente de ce jour, dans l’espérance d’un immense bonheur annoncé? La Toussaint, c’est la fête de nos avances sur l’Éternité, fête des témoins annonciateurs du grand bonheur vers lequel nous allons dans l’espérance, sans le savoir peut-être, sans même que nous le voulions clairement.

La parole d’Évangile reçue en ce jour nous donne de connaître le chemin par où passer pour atteindre à la parfaite béatitude. De grandes bénédictions et des promesses de vie et de bonheur sont prononcées par Jésus. Elles rejoignent d’emblée les hommes et les femmes qui vont déjà par des sentiers de pauvreté du cœur, de douceur, de simplicité et d’humilité, de compassion et de miséricorde. Des chemins pour aller vers Dieu. Des chemins par où Dieu peut venir chez nous. Chemins pour aller vers les autres et chemins qui permettent aux autres de venir chez nous. Un aller-retour de miséricorde, de douceur et de compassion.

Des chemins hélas trop peu fréquentés! Ces chemins le Seigneur Jésus s’y est engagé lui-même, avec beaucoup d’amour et de fidélité. On ne s’y aventure pas sans risque d’y perdre quelque chose de son confort, de ses avantages personnels, sans se donner soi-même entièrement. Mais le Mystère pascal du Christ est là pour nous prouver l’heureux aboutissement de cette pratique des béatitudes.

Les saints et les saintes, ce sont ceux et celles qui ont pris au sérieux l’appel du Christ, peut-être même sans connaître la personne de Jésus; en leur âme et conscience, ils ont dit oui à l’appel de la grâce, à cette énergie spirituelle qui leur était offerte pour un dépassement d’eux-mêmes. Cette belle aventure les a menés vers Dieu et vers le prochain pour aimer et servir, dans l’humilié d’un accueil authentique, inconditionnel de l’Autre. Du coup, ils se sont laissés aimer, instruire, sauver.

 

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