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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour le 29e dimanche T.O. B

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

Crier sa douleur et sa foi!

aveugleÉvangile de Jésus Christ selon saint Marc 10,46-52.
En ce temps-là, tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, le fils de Timée, Bartimée, un aveugle qui mendiait, était assis au bord du chemin.
Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! »
Beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire, mais il criait de plus belle : « Fils de David, prends pitié de moi ! »
Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le. » On appelle donc l’aveugle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle. »
L’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus.
Prenant la parole, Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » L’aveugle lui dit : « Rabbouni, que je retrouve la vue ! »
Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé. » Aussitôt l’homme retrouva la vue, et il suivait Jésus sur le chemin.

COMMENTAIRE

Celui qui ne voyait pas, se met à voir.  Il recouvre la vue celui qui pourtant voyait déjà d’un regard plus pénétrant que les autres. Il était isolé, pauvre et exclu, abandonné au bord du chemin. Il se met à suivre Jésus. Mais n’était-il pas déjà avec Jésus, le précédant – d’une certaine façon –, participant déjà à sa passion et sa mort prochaine? Ne s’était-il pas déjà identifié à lui, alors qu’on le rejetait, qu’on l’excluait?

Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce récit nous en met plein les yeux de détails surprenants qui nous instruisent sur l’originalité de l’expérience croyante.

Cette histoire est une sorte de parabole. Elle nous dit comment nous pouvons rejoindre nous aussi le Seigneur et marcher avec lui. Bien sûr, il s’agit ici de l’expérience unique d’un personnage apparemment défavorisé, dont nous savons le nom, la situation sociale de pauvre mendiant aveugle. Mais il nous faut tout de suite noter sa lucidité remarquable, l’inspiration étonnante qui l’anime, l’initiative qu’il prend de crier sa profession de foi à l’endroit de Jésus : Fils de David, aie pitié de moi. Le traitement qu’il reçoit  de la part de la foule n’arrive pas à lui faire écran. Il est entendu de Jésus. Et c’est sur l’ordre exprès du Seigneur que Bar-Timée peut bondir vers le maître.

Tous ces gestes, et l’arrangement même du récit, ne nous parlent nommément que de ce mendiant et ne visent personne d’autre. Et pourtant nous sommes touchés par cette histoire. Nous sommes heureux de ce qui arrive à ce pauvre homme. Nous nous reconnaissons en lui. L’émotion nous gagne à le voir s’en sortir d’une aussi belle façon. Son témoignage nous encourage et il nous donne des idées.

L’événement rapporté ici est marquant dans la trame du récit de l’Évangile de Marc. Il se situe à un moment significatif du parcours de Jésus. Aux portes de la ville de Jéricho, Jésus s’engage dans le dernier droit qui le mène à Jérusalem. Il ne s’en cache plus depuis longtemps, il va vers la Ville Sainte bien conscient de ce qui l’attend.

Tous les gens avec lui ne semblent pas réaliser l’enjeu de cette montée, les risques et les périls de l’aventure où Jésus s’engage. Ils ne savent pas vraiment qui est Jésus de Nazareth, le prophète qui s’avance avec courage et détermination vers le lieu ultime de son témoignage? Avec qui sont-ils engagés? Vers quoi exactement les mène-t-il?

Le pauvre homme handicapé de Jéricho devient curieusement celui qui donne l’heure juste à tout ce monde. « Fils de David! Jésus, fils de David! ». Sa proclamation est messianique. Elle est importante pour Jésus lui-même et pour tous ceux qui déjà le suivent, pour nous aussi ce matin. Quel paradoxe que d’entendre cette déclaration surgir au creux de la vallée du Jourdain, comme une vive lumière émanant du cœur et de l’esprit d’un mendiant aveugle assis au bord du chemin! Ce témoignage se profile en perspective saisissante sur Jérusalem où Jésus va bientôt vivre sa passion et sa Pâque.

Et si ce matin nous entrions nous aussi dans le jeu de la foi, qui nous fasse nous tenir en lieu et place de Bar-Timée? Jusqu’à reconnaître en lui notre pauvreté, notre cécité, notre besoin de guérison. Jusqu’à laisser l’Esprit de Dieu nous illuminer dans notre nuit, faisant jaillir de nos cœurs une intense prière, pour nous entendre appeler par le Maître, pour nous entendre dire par lui : « Que veux-tu que je fasse pour toi? ». Pour obtenir de lui qu’il ouvre nos yeux à la pleine lumière. Pour enfin « voir » jusqu’à vouloir librement le suivre sur la route du monde, avec l’amour qui le mène vers les petits et les pauvres, marchant avec lui vers le jour prochain de sa Pâques, pour entrer avec lui dans ce monde nouveau du Royaume qui vient.

 

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