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Responsable de la chronique : Denis Gagnon, o.p.
Billet hebdomadaire

L’espérance ou l’avenir au présent

Imprimer Par Denis Gagnon, o.p.

6 décembre 2014

Il existe une grande différence entre le futur et l’avenir. Il est très important de connaître cette différence pour bien comprendre l’espérance. Le futur, c’est ce qui va arriver. Il se calcule ou se devine à partir du présent et du passé. On peut faire des prévisions, des prospectives, selon les lois de la croissance et du progrès, selon une courbe de probabilité. L’avenir par contre,  c’est ce qui vient, ce qui est en train de venir. L’avenir, on l’anticipe dans le présent sans faire de calcul. Celui qui rêve à ses vacances, en a hâte. Et sa hâte est déjà la joie qu’il connaîtra durant ses vacances. Le futur, c’est la projection du présent dans l’avenir; l’avenir, c’est la projection de l’avenir dans le présent.

Dieu ne se trouve pas dans les prévisions du futur. La science, le progrès ne peuvent pas inventer Dieu. Le passé et le présent ne peuvent pas donner naissance à Dieu. On ne donne pas ce qu’on n’a pas.

«Dieu vient de l’avenir», selon le titre d’un livre de Pierre Talec. Parce que Dieu est notre avenir, nous pouvons déjà le rencontrer dans notre présent, le rêver, l’espérer.

Si notre histoire ne peut pas inventer Dieu, elle peut toutefois l’accueillir comme son avenir. Notre histoire peut devenir un temps de l’Avent où nous projetons l’avenir de Dieu. Avec les athées qui veulent bâtir une société juste, nous partageons les luttes avec la certitude et le désir de vivre dans le monde l’avenir de Dieu.

Christoph Blumhart a dit : «Si pour un seul homme, si pour un seul domaine ou pour une seule terre, je dois renoncer à espérer, alors pour moi Jésus n’est pas ressuscité. Tu n’es pas la lumière du monde, si quelque part, où que ce soit, je dois renoncer à l’espérance.»

Si, devant une situation très pénible, je me sens obligé à renoncer à l’espérance, je dis que Dieu n’existe pas. Il est impossible d’être à la fois croyant et désespéré. La croix est notre signe «d’espérance contre toute espérance».

Dans l’Évangile, Jésus annonce le Jour du Fils de l’Homme en parlant de catastrophes, de douleurs, de guerres et de soulèvements, des signes dans la nature et des cataclysmes. Et il ajoute à ces tableaux horrifiants : «Quand vous verrez cela arriver, sachez que le Fils de l’Homme est proche, qu’il est à vos portes.» (Marc 13, 29)

Quelqu’un me disait : «Tous ces signes, les guerres et les catastrophes, existent depuis toujours et nous n’avons pas encore connu la fin du monde. Ce ne sont pas des signes de fin du monde.» Cette personne pensait au futur, elle ne parlait pas de l’avenir.

C’est vrai qu’il y a depuis toujours des guerres. Et il y en aura toujours dans notre présent, dans notre histoire. Quand cela se produit, sachez que le Fils de l’Homme est proche. Devant le malheur, rappelez-vous  toujours que le royaume est proche, que l’avenir est déjà présent. «Redressez-vous, relevez la tête, car votre rédemption approche.» (Luc 21, 28)

«C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie» (Luc 21, 19) Tant et aussi longtemps que nous espérons l’avenir, nous avons une chance de vivre. Quand les chrétiens et les chrétiennes ne se laissent plus interpeller par l’avenir, que celui-ci ne dynamise plus leur présent, les chrétiens et les chrétiennes se sclérosent. C’est en se retournant en arrière que la femme de Loth est devenu statue de sel, elle s’est figée.

Perdre de vue l’avenir, ne plus espérer, c’est s’enfermer dans un monde et lui refuser son développement. C’est s’imaginer que le temps est éternité. C’est faire de l’immuable avec du provisoire.

L’Église est pour nous un moyen permettant au royaume de prendre racine dans le présent, une sorte de rampe de lancement, une gare de transition. Elle est utile pour permettre au royaume d’influencer le monde et de le transformer. Quand le royaume sera totalement là, l’Église ne sera plus nécessaire. Elle est donc provisoire, pour un temps. Nous devons y vivre dans cette perspective. Dans l’Église, on ne dort pas, on veille pour ne pas manquer l’avenir qui vient dans le présent.

Que peut bien signifier pour nous aujourd’hui : le second avènement de Jésus? Quel impact peut avoir sur notre expérience de foi, sur notre espérance, sur l’amour qui nous anime, sur notre expérience de prière. Quand nous supplions en disant «Viens, Seigneur, viens», quel Jésus attendons-nous? Quelle sorte de veilleurs sommes-nous? Sommes-nous centrés sur nous-mêmes ou sur celui qui vient? Sommes-nous témoins de l’avenir de Dieu dans le monde, auprès de ceux et celles que nous côtoyons?

 

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