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Responsable de la chronique : Denis Gagnon, o.p.
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Apprentis-sorciers

Imprimer Par Denis Gagnon, o.p.

Les librairies regorgent de livres qui traitent de l’avenir. Alvin Toffler a fait fortune avec Le choc du futur. La vie après la vie de Raymond Moody a connu un grand retentissement. Les diseurs de bonne aventure, les cartomanciennes, les astrologues sont encore courus.

À un niveau moins fantaisiste, les gouvernements et les chefs d’entreprise planifient. Ils préparent des budgets en serrant la vis pour éviter un avenir désastreux. Ils font appel à la prudence quand ils essaient de prévoir ce qui arrivera.

Dans tout ce branlebas face à ce qui s’en vient et que nous envisageons avec plus ou moins d’enthousiasme, il y a la peur. La course aux armements comme les manifestations anti-guerre traduisent l’angoisse que nous ressentons. En frappant durement, des groupes comme l’État islamiste veulent faire peur tout en exprimant ainsi leur propre peur. Nous vivons une sorte de psychose collective. Le climat est malsain. Le spectre de la mort rôde d’un continent à l’autre. Il développe une culture dont nous pourrions bien nous passer.

Pourtant,  nous avons fait d’énormes progrès dans les sciences. L’espérance de vie est beaucoup plus grande qu’autrefois. Les centenaires se multiplient. Des maladies sont disparues de la surface de la  planète. Grâce à des recherches en psychologie, nous apprenons à mieux  communiquer entre nous. Nous mettons au point des machines extraordinaires que nos grands-parents n’ont jamais imaginées.

Malheureusement, nous pouvons perdre le contrôle de nos découvertes. Nous sommes dépassés par les inventions que nous créons. Pensons simplement à l’environnement qui subit les effets de nos initiatives.

Nous ressemblons à l’apprenti-sorcier de Goethe. En l’absence de son  maître, le jeune magicien décide d’essayer quelques notions de magie qu’il connaît. Il demande à  un balai de remplir sa baignoire. Le balai obéit mais, lorsque la baignoire est pleine, l’apprenti-sorcier ne peut plus arrêter son balai.

L’homme et la femme modernes sont des apprentis-sorciers, des débutants devant leurs inventions. Ils n’ont pas le contrôle de tout ce qu’ils inventent. Einstein allait plus loin en disant : «Autrefois, on avait des buts parfaits mais seulement des moyens imparfaits. Aujourd’hui, on a des moyens parfaits mais des buts devenus confus.»

Il nous faut donc retrouver les buts, recomposer les valeurs. C’est ce que les chrétiens et les chrétiennes veulent exprimer quand ils parlent d’espérance, quand ils proposent à leurs contemporains un avenir plus vaste que le progrès, une sagesse pour animer la science. Moltmann disait : «Quand saurons-nous lier science et sagesse, rattacher l’avenir qui se fait à l’avenir que l’on souhaite et espère?»

 

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