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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour le premier dimanche de l’Avent. Année B

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

Plus proche qu’on pense !

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 13,33-37.
Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Prenez garde, veillez : car vous ne savez pas quand viendra le moment.
Il en est comme d’un homme parti en voyage : en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et recommandé au portier de veiller.
Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison reviendra, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin.
Il peut arriver à l’improviste et vous trouver endormis.
Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! »

COMMENTAIRE

« Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez! »  Vraiment Jésus y tient beaucoup. Il nous faut veiller jusqu’à son retour. Pourquoi insiste-t-il autant? Comment veut-il que nous vivions cette veille et cette attente?  De quoi nous parle-t-il au juste?

Jésus ne veut certainement pas nous rendre plus nerveux, ni jouer avec nous de la menace et nous faire peur, ni nous plonger dans l’angoisse et l’inquiétude. Ce ne serait pas la peine; nous vivons déjà assez de stress et d’épreuves; cela n’est pas utile qu’il nous en remette. Le Seigneur n’est-il pas celui qui dans l’Évangile nous redit souvent : « N’ayez pas peur! »; « Ne soyez pas bouleversés! »

S’il nous demande de veiller, d’être vigilant, c’est sans doute pour définir et décrire l’attitude qu’il propose à ses disciple : une manière de vivre, une manière d’être. Veiller prend alors le sens d’être là, présent à soi et aux autres parce qu’engagés avec Dieu dans un rapport de confiance, de respect et d’amour, un rapport d’espérance.

La parole de ce dimanche nous invite à être des veilleurs en un sens spirituel, bien sûr, mais à deux niveaux ou plutôt pour deux raisons bien particulières.

Rappelons-nous d’abord la finale de la prière citée du livre d’Isaïe : « Seigneur, tu es notre Père. Nous sommes l’argile, et tu es le potier : nous sommes tous l’ouvrage de tes mains. » Cette affirmation nous rappelle que nous sommes créés par Dieu, à son image, établis de ce fait en intime relation avec lui. Tout en nous demande à lui ressembler, à  retrouver Dieu, à nous laisser retrouver par lui. Nous tenons de lui notre élan vital, notre beauté, notre capacité d’aimer. Comme l’amoureux et l’amoureuse s’appellent l’un l’autre alors même qu’ils sont éloignés par la distance ou l’impossibilité de se voir, et qu’ils sont anxieusement attentifs à tout ce qui peut évoquer la présence de l’autre, ainsi nous sommes en désir de Dieu.

Notre attention aux autres, l’accueil sincère et inconditionnel que nous devrions leur faire, peut s’inspirer de cette relation profonde que nous avons avec Dieu : « Tu es, Seigneur, notre Père, notre Rédempteur : tel est ton nom depuis toujours », proclame le prophète Il me semble qu’elle est là notre grande et première raison d’être vigilants, attentifs, éveillés.  Pour ne rien perdre de Dieu qui se révèle et se donne, de lui qui nous instruit par tout ce que nous sommes, par ceux et celles que nous côtoyons, par la nature qui nous entoure. Tout vient de lui et nous parle de lui. Quelle merveilleuse veille alors que de surveiller les signes de sa présence pour entrer un jour dans son mystère.

L’autre raison de veiller, l’autre lieu sensible de notre vigilance, c’est évidemment notre condition même de disciple du Christ. S. Paul en s’adressant aux chrétiens de Corinthe leur disait : « Je ne cesse de rendre grâce à Dieu à votre sujet, pour la grâce qu’il vous a donnée dans le Christ Jésus; en lui vous avez reçu toutes les richesses, toutes celles de la Parole et toutes celles de la connaissance de Dieu. » Paul les invite ainsi à prendre conscience de ce qui leur est donné dans le Christ. Le plein éveil consiste dès lors à savoir exploiter ce trésor pour en tirer partie, en vivre, et en faire profiter les autres.

À la fin, il est intéressant d’entendre S. Paul parler d’une veille et d’une vigilance produites par Dieu lui-même en nous pour que nous puissions entrer en communion avec son Fils. Dieu veille sur nous et il nous donne de persévérer dans notre vigilance. « C’est lui qui vous fera tenir solidement jusqu’au bout » écrit Paul. « Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à vivre en communion avec son Fils, Jésus Christ notre Seigneur ».

L’Eucharistie nous donne justement d’anticiper quelque chose de cette communion. Elle l’exprime et la fait grandir. La messe n’est-elle pas le lieu par excellence où nous veillons pour le Seigneur, avec lui, et où nous annonçons sa venue prochaine dans la gloire.

 

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