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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Le Christ, Roi de l’univers

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

Les gestes qui comptent

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Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 25,31-46.
Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire.
Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres :
il placera les brebis à sa droite, et les chèvres à sa gauche.
Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : ‘Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde.
Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ;
j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! ‘
Alors les justes lui répondront : ‘Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ?
tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ?
tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ? ‘
Et le Roi leur répondra : ‘Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. ‘
Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : ‘Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le démon et ses anges.
Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ;
j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité. ‘
Alors ils répondront, eux aussi : ‘Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu avoir faim et soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ? ‘
Il leur répondra : ‘Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces petits, à moi non plus vous ne l’avez pas fait. ‘
Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. »

COMMENTAIRE

Des images bouleversantes nous viennent du nord de la Syrie. Il en est aussi venu de l’est de l’Ukraine et de la bande de Gaza pendant tout l’été. La guerre civile fait là-bas des ravages. Le spectacle de tant de détresses est insoutenable. Elle ne font pourtant que s’ajouter à tous les souffrances que nous observons dans les bidonvilles, les prisons, les camps de réfugiés un peu partout dans le monde. Devant les malheurs des hommes, des femmes et des enfants, nous nous sentons tous concernés.

Mais comment faire et quoi faire pour alléger tant de peines et de souffrances? Les moyens nous manquent. Même à plus petite échelle, tout près de chez nous, le prochain nous fait signe. Et il nous arrive de ne pas voir ou d’argumenter dans le confort de nos salons, à table ou ailleurs, sans rien faire. L’évangile nous parle ce matin de sollicitude, d’amour du prochain, de tendresse même, pour que personne ne soit oublié, pour que le monde soit transformé. Il nous redit le devoir de compassion, de bienveillance et de bienfaisance envers les plus faibles, les plus démunis.

Les paraboles ont souvent le même scénario : appel à la vigilance, appel à tirer parti du temps présent, à exploiter les talents reçus. Il nous arrive d’en faire des applications spirituelles faciles, pas trop dérangeantes. La scène du jugement dernier ne nous laisse pas d’échappatoire. Elle nous plonge dans le concret. Elle parle de situations où des humains sont en manque et vivent une souffrance. Le Christ nous parle de changer ces situations, d’intervenir activement. Il attend de nous ce miracle.  Un miracle qui viendra de nos gestes de miséricorde et de nos humbles services. Il nous renvoie à nous-mêmes, à nos capacités d’aimer et d’être attentifs aux autres, quand nous sommes confrontés à la détresse, à la misère, dans un monde par ailleurs tellement beau et plein de ressources.

Dans ce chapitre 25e de l’évangile selon Saint Matthieu, nous avons la finale de l’enseignement de Jésus. Tout de suite après, c’est la passion et la mort du Seigneur, sa mise au tombeau et les témoignages autour de sa résurrection. Les mots d’aujourd’hui rejoignent pourtant le sermon sur la montagne et les béatitudes, alors même que le cadre dramatique utilisé ici est porteur d’une précieuse révélation sur le mystère du Christ. Dans la mise en scène grandiose d’un procès universel nos regards sont fixés à la fois sur le Christ en gloire et sur les humbles et les petits. Le Seigneur se désigne en même temps comme le très haut et le très bas, le roi de l’univers et le plus petit des enfants de la terre, le maître et le serviteur. Il y a là de quoi nous étonner, nous ouvrir les yeux et le cœur et les mains.

Dans nos communautés d’Église, comme ailleurs dans les autres sociétés religieuses, civiles ou laïques, des personnes s’engagent dans l’action sociale, dans le partage avec les démunis, dans la présence auprès des malades et des laissés pour compte. Ils vivent alors la consigne du Christ. Ils sont tous des agents de transformation, même s’ils se limitent aux petites choses de la vie, dans un quotidien souvent banal et routinier. Ils nous tiennent le langage de Jésus, celui de la miséricorde et de la solidarité. Ils sont en communion avec lui. Ils nous rappellent que la foi et l’espérance ne nous dispensent pas de promouvoir le respect de toute vie humaine et d’en rétablir partout la dignité.

Frères et sœurs, le Seigneur ne nous laisse pas le choix de nous engager ou non pour l’humain. Il en fait une priorité et une fonction identitaire pour ses disciples, il en fait la loi qui nous jugera. Faire mémoire du Christ dans l’Eucharistie n’aurait pas de sens si nous n’avions pas en même temps le souci constant de faire mémoire de lui dans le service du pauvre, du malade, du prisonnier, de l’étranger, du plus petit d’entre les siens.

 

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