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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Premier dimanche du Carême. Année A

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

Avec le Christ, retrouver le bon chemin

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 4,1-11. 
Jésus, après son baptême, fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le démon.
Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim.
Le tentateur s’approcha et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. »
Mais Jésus répondit : « Il est écrit : Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »
Alors le démon l’emmène à la ville sainte, à Jérusalem, le place au sommet du Temple
et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. »
Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »
Le démon l’emmène encore sur une très haute montagne et lui fait voir tous les royaumes du monde avec leur gloire.
Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si tu te prosternes pour m’adorer. »
Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, et c’est lui seul que tu adoreras. »
Alors le démon le quitte. Voici que des anges s’approchèrent de lui, et ils le servaient.

COMMENTAIRE

Alors que nous constatons les dégâts causés par les inondations récentes en Europe de l’ouest, les méfaits aussi de tempêtes hors de l’ordinaire en Amérique du Nord, nous sommes consternés et inquiets. Nous prenons conscience de la fragilité de notre condition humaine face à de tels phénomènes. Nous sommes en danger sur la terre. Alors même que nous sommes bien chanceux d’y résider.

N’habitons-nous pas, en effet, un jardin merveilleux où il fait bon vivre ? Nous aimerions vivre toujours, tellement c’est beau et bon la vie. Pourquoi ne pas en profiter pleinement? Notre monde est stimulant, nous pouvons aussi le transformer. Avec les hommes et les femmes de notre entourage nous pouvons nous entendre et partager l’amitié, la vie de famille, des projets de toutes sortes. Nous pouvons rêver d’harmonie, de justice et de paix.

Tout cela, c’est beau et bon! Utopique aussi. Car nous connaissons bien des dérapages. Nos passions nous emportent vers le meilleur, mais aussi parfois vers le pire. Notre envie de possession et de domination n’a pas de limite. Nous avons du mal à nous contrôler, à nous discipliner. Et c’est le gâchis! À qui la faute? Difficile souvent de partager les torts. Ce qui est sûr, c’est que le beau jardin est en train de devenir un désert. Et c’est bien triste !

La scène des tentations que rapporte l’évangile nous invite à revoir avec le Christ nos options profondes si nous voulons retrouver en lui le chemin du Jardin perdu. La mise en scène de S. Matthieu nous montre Jésus conduit au désert par l’Esprit. Après 40 jours et 40 nuits de jeûne, Jésus a bien raison d’avoir faim. Que va-t-il faire, lui, le Fils de Dieu? Ne devrait-il pas être au-dessus de cela ? Ne peut-il pas arranger les choses en sa faveur ? N’est-il pas en mesure d’échapper aux limites de la condition humaine, pour sortir de l’impasse où il se trouve?  Or il choisit le pain que le Père lui offre, le projet d’alliance, de communion avec nous. Il restera pauvre et vulnérable par fidélité à notre condition charnelle. Il ira jusqu’à la croix. Et nous qui acceptons si mal nos limites, rêvant d’évasion, faisant tout pour échapper à nos servitudes.

Jésus parce qu’il est le Fils, n’a-t-il pas un statut qui oblige le Père à son endroit ? Or il choisit de faire confiance. S’exposer inutilement ce serait tenter Dieu, le mettre à l’épreuve. Ça ne se fait pas. Et nous qui courons les dangers, prenant des chances, nous disant que Dieu s’il est si bon nous tirera bien de tous nos embarras.

Enfin nous voulons tout voir, tout avoir, tout savoir, être comblés d’honneurs et de richesses. Cet appétit va-t-il trouver écho en lui ? Jésus bien sûr aime le monde, il croit en l’être humain. Mais il ne se met pas à genoux devant le premier venu. Il ne s’incline pas devant l’esprit du monde. Dieu seul compte, lui seul vaut qu’on se prosterne devant lui. Et nous qui fréquentons volontiers les gourous et les charlatans. Nous sommes prêts à tout pour la renommée, les honneurs, le pouvoir et la gloire.

Frères et sœurs, voilà le défi ou l’enjeu de notre carême 2014 : retrouver le juste chemin, les bonnes attitudes devant la vie, suivre le modèle corrigé, qui est le Christ, faire un avec lui. Car il est bien plus qu’un modèle. Il nous donne de retrouver dans le mystère de sa fidélité la juste orientation et la rectitude que nous avions perdues en Adam. Le Carême, c’est l’occasion de revenir au meilleur de nous-mêmes, de nous convertir, en communiant au Christ dans ses choix et ses valeurs, pour  retrouver en lui notre force, notre fidélité, notre beauté première.

 

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