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Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Éditorial

Le temps de l’enfantement

Imprimer Par Anne Saulnier et Jacques Marcotte

Dernièrement, une amie responsable de la pastorale dans une école nous racontait la joie d’une jeune enfant de 6 ans, de confession musulmane, heureuse de se retrouver dans le local de pastorale de l’école lors d’une activité de sa classe. Seule musulmane au milieu des autres enfants catholiques, elle était fière de savoir prier, de le dire aux autres, et ne ressentait aucune gêne à se livrer à la prière devant ses compagnes. Celles-ci, et même leur animatrice, étaient dans l’admiration et l’étonnement devant ce témoignage, d’autant plus que cette jeune musulmane connaissait la personne de Jésus, alors que plusieurs enfants de sa classe n’en avaient entendu que très peu parler.

Devant le partage de cette jeune professionnelle qui nous rapportait la richesse de cette expérience, nous nous sommes interrogés sur les connaissances de nos jeunes au plan religieux. Est-ce l’ignorance ou la peur d’en parler? Les enfants sont influençables et perméables aux valeurs qu’on leur enseigne. Nous pouvons leur transmettre nos peurs et nos ignorances aussi bien que notre confiance et nos certitudes. Cette anecdote nous donne cependant à penser que les contenus transmis actuellement concernant la religion, les traditions, les croyances ou simplement l’histoire sont, ou bien inexistants, ou bien très pauvres.

Dans notre société où la transmission des valeurs n’est que peu ou pas véhiculée, cette jeune écolière n’est-elle pas un signe ? Le débat actuel sur l’adoption d’une charte québécoise est sans doute une bonne chose, car il nous oblige à réfléchir et à nous remettre en question. Les choses ne sont pas aussi simples qu’on aurait pu le penser. Ce qui est arrivé dans cette école révèle que nos jeunes sont ouverts à l’intériorité et à une vie spirituelle authentique; peut-être plus que nous ne le pensions! De plus, pour eux, l’Islam a désormais un corps et une âme en la personne de leur amie. Cette expérience les a ouverts à la différence et au respect de l’autre. C’était pour ces enfants une occasion merveilleuse d’affiner leur jugement en train de se former.

Le temps de l’Avent est propice aux enfantements et à ces émergences de nouveautés qui viennent nourrir notre espérance. À cet égard, le geste posé par la jeune musulmane était prophétique. Il nous a montré qu’une interaction est possible dans la mixité religieuse et qu’elle peut avoir des effets positifs. Le geste de cette jeune élève s’alimentait de fait à une longue tradition de transmission des valeurs d’intériorité de la foi musulmane.  De plus, il nous rappelle que nous aurions tort de rejeter le passé et de vivre seulement dans l’immédiat des valeurs à la mode.

Il reste à espérer que cette expérience vécue dans cette microsociété qu’est l’école puisse se vivre à grande échelle, et que l’ensemble des générations ait accès au trésor de la vie spirituelle des anciens. N’est-ce pas tout le sens de l’Avent que de nous relier de façon vitale à la richesse d’un passé qui porte en lui la promesse et l’espérance d’un monde meilleur? Cet avenir n’en sera que plus beau, plus riche et plus inclusif, s’il profite de l’apport de toutes nos différences.

Joyeux Noël à tous et à toutes!

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