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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

28e Dimanche du temps ordinaire. Année C

Imprimer Par Dominique Charles, o.p.

Que ta grâce nous devance et nous accompagne toujours

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 17,11-19. 
Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la Samarie et la Galilée.
Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent à distance
et lui crièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous. »
En les voyant, Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. » En cours de route, ils furent purifiés.
L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix.
Il se jeta la face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c’était un Samaritain.
Alors Jésus demanda : « Est-ce que tous les dix n’ont pas été purifiés ? Et les neuf autres, où sont-ils ?
On ne les a pas vus revenir pour rendre gloire à Dieu ; il n’y a que cet étranger ! »
Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »

COMMENTAIRE

Après avoir été guéri de sa lèpre, le général syrien Naaman revient pour remercier le prophète Élisée : il veut offrir au prophète un présent. Plus que pour la guérison, il veut rendre grâce parce qu’il a trouvé la foi dans sa démarche : le général païen fait en effet une confession de foi exemplaire : « Dieu est l’unique, en dehors de lui, pas de dieu. » Il est important de noter ici que celui qui confesse la foi d’Israël est un étranger et un païen ! Dans l’évangile, sur dix lépreux qui trouvent la guérison en venant à Jésus, un seul revient vers lui pour le remercier et « glorifier Dieu à pleine voix ». C’est aussi un étranger au peuple d’Israël puisqu’il est Samaritain ! Et, alors qu’il est prosterné à ses pieds, Jésus lui dit : « Relève-toi, ta foi t’a sauvé. » Lui aussi a demandé la guérison et il a trouvé la foi et le salut.

Pour trouver une solution à nos problèmes, nous sommes capables de faire de grands voyages, comme Naaman qui est venu de Damas jusqu’en Palestine. Nous sommes capables de faire scrupuleusement et aveuglément tout ce que prescrivent les médecins et les guérisseurs, comme Naaman qui a accepté d’aller se tremper sept fois dans le Jourdain, ou comme les lépreux de l’Évangile qui ont accepté de se mettre en marche vers les prêtres alors qu’ils sont encore malades ; ils se sont mis en route, comme s’ils étaient déjà guéris, vers ceux qui pouvaient authentifier leur guérison et prononcer leur réintégration dans la société. Nous faisons tout ce qu’on nous dit dans le but de guérir ! Nous sommes capables aussi de payer beaucoup, comme Naaman qui quitte Damas avec dix talents d’argent, six mille sicles d’or et dix habits de fête (2 R 5,5) !

Or, avec Élisée et avec Jésus, l’argent est inutile ! La guérison, comme le salut, est gratuite ! C’est ce que nous appelons la « grâce », c’est un don du Seigneur ! Dans nos vies, « tout est grâce », répétait sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. L’attitude religieuse juste ne consiste donc pas à faire des dons très chers pour « payer » la guérison mais à « rendre grâce » à Dieu ! L’enseignement des lectures d’aujourd’hui vient nous rappeler cette gratuité divine. Dieu donne gracieusement ! Et nous, par nos prières, n’essayons-nous pas, plus ou moins clairement, d’acheter la grâce ? Attention dans nos rapports avec Dieu à ne pas prier « pour obtenir » telle ou telle chose mais à prier d’abord pour rendre grâce, pour remercier Celui qui nous a tout donné.

Jésus n’est-il pas le Don par excellence ? Il est la Grâce du Père qui sauve tous ceux qui vont vers lui : « Souviens-toi de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts ! » Jésus a offert gratuitement sa vie pour être Celui qui sauve gratuitement tous ceux qui sont perdus. Si la foi n’est pas d’abord un moyen pour obtenir la guérison, la guérison peut devenir un signe de la foi de celui qui est guéri : « Va, ta foi t’a sauvé (guéri). » Voilà bien un changement de perspective qui nous est suggéré aujourd’hui et qui n’est pas si facile à opérer, surtout quand on est très malade et qu’on espère guérir. N’ayons donc pas peur de reprendre la prière d’ouverture de la messe de ce dimanche qui nous apprend à nous en remettre complètement à la grâce divine : « Nous t’en prions, Seigneur, que ta grâce nous devance et nous accompagne toujours, pour nous rendre attentifs à faire le bien sans relâche. »

Fr. Dominique CHARLES, o.p.

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