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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

27e Dimanche du temps ordinaire. Année C

Imprimer Par Dominique Charles, o.p.

Sommes-nous des serviteurs inutiles ?

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 17,5-10. 
Les Apôtres dirent au Seigneur : « Augmente en nous la foi ! »
Le Seigneur répondit : « La foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde, vous diriez au grand arbre que voici : ‘Déracine-toi et va te planter dans la mer’, et il vous obéirait.
« Lequel d’entre vous, quand son serviteur vient de labourer ou de garder les bêtes, lui dira à son retour des champs : ‘Viens vite à table’ ?
Ne lui dira-t-il pas plutôt : ‘Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et que je boive. Ensuite tu pourras manger et boire à ton tour. ‘
Sera-t-il reconnaissant envers ce serviteur d’avoir exécuté ses ordres ?
De même vous aussi, quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a commandé, dites-vous : ‘Nous sommes des serviteurs quelconques : nous n’avons fait que notre devoir. ‘ »

COMMENTAIRE

Sommes-nous vraiment des serviteurs inutiles ? D’une certaine façon, oui. Car le Seigneur n’a besoin de personne pour le servir. La relation qui existe entre lui et nous n’est pas d’abord de l’ordre du service mais de l’amitié. Il a fait de nous ses amis. Jésus en effet ne dit-il pas dans ses discours d’adieux, dans la nuit de son arrestation : « Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis ! » (Jn 15,15). Nous sommes bien plus que des « serviteurs » puisque nous sommes devenus des « amis » de Dieu.

Pourtant, notre juste place est celle du serviteur ! Comment pourrions-nous rêver d’une place autre que celle que Jésus a choisie ? Lui qui, étant Dieu, a pris la condition du serviteur (cf. Ph 2,7). Au soir du jeudi saint, ne met-il pas le vêtement de service pour laver les pieds de ses disciples ? Il choisit cette place, malgré les protestations de Pierre, parce que c’est la place de celui qui met en pratique le grand commandement de l’amour. Servir ses frères et sœurs est certainement la plus belle mission que nous pouvons recevoir. Ainsi, suivre le Christ, être son disciple, c’est emprunter librement le chemin du Serviteur, dont la vie est offerte par amour. Cela semble très clair dans l’épisode du lavement des pieds (Jn 13). En devenant serviteurs à la suite de Jésus, nous découvrons que nous sommes appelés à nous mettre au service les uns des autres. C’est cela que Jésus explique aux Douze, après avoir enlevé le tablier de service : « Si je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres » (Jn 13,14).

Si nous nous plaçons du point de vue de Dieu, nous pouvons peut-être nous considérer comme des serviteurs « inutiles ». Comme dit Mère Teresa, « Dieu se suffit à lui-même ». Bien sûr que Dieu peut se passer de nos services. Mais le désire-t-il ? D’un autre point de vue, notre service n’est certainement pas inutile quand il est dirigé vers tous ceux qui nous sont proches et qui ont besoin de notre aide. Il est donc certain que Dieu nous appelle à son service en nous demandant de nous mettre au service les uns des autres. Nous le servons quand nous servons les autres. Le service du frère ou de la sœur est l’accomplissement du commandement qui résume tous les autres. Le service est la charité en acte ! Servir, c’est aimer de manière très concrète, en prenant soin de ceux qui en ont besoin, comme le fait si bien le Samaritain de la parabole ! Nous pouvons alors mieux comprendre une parole très connue de la première épître de saint Jean : « Celui qui n’aime pas son frère qu’il voit ne saurait aimer Dieu qu’il ne voit pas ! » (1 Jn 4,20). En effet, si nous remplaçons « aimer » par « servir », alors tout devient évident : « Celui qui ne sert pas son frère qu’il voit, ne saurait servir Dieu qu’il ne voit pas ! » En faisant le même changement de verbe au verset suivant, on lit ceci : « Que celui qui veut servir Dieu serve aussi son frère ! »

Avant d’être au service de Dieu, il convient d’être au service de nos frères et sœurs. Dans le cas contraire, nous devenons des serviteurs de Dieu dont le service est « inutile ». En acceptant de nous mettre au service de ceux qui nous entourent nous faisons notre « devoir » car c’est vraiment cela que Dieu attend de ses serviteurs dont il fait des amis. C’est ainsi aussi que nous pouvons lui exprimer notre attachement. Notre foi ne s’exprime pas seulement en prononçant les paroles du Credo. Elle devient visible à travers nos gestes de service mutuel. C’est l’Esprit Saint qui inspire nos gestes. Saint Paul a une très belle formule dans l’épître aux Galates pour dire cela : « la foi agit par la charité » (Ga 5,6). En demandant à Jésus d’augmenter en nous la foi, il me semble que nous lui demandons dans le même mouvement de notre prière d’augmenter en nous la charité. Puisse le Seigneur augmenter en nous la charité pour que nous soyons ses amis en étant serviteurs de nos proches. Ces mots de mère Teresa sont la clé de tout : « Dieu seul se suffit à lui-même, mais il préfère compter sur toi ! »

Fr. Dominique CHARLES, o.p.

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