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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

29e Dimanche du temps ordinaire. Année C

Imprimer Par Dominique Charles, o.p.

Prier sans jamais baisser les bras

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 18,1-8. 
Jésus disait une parabole pour montrer à ses disciples qu’il faut toujours prier sans se décourager :
« Il y avait dans une ville un juge qui ne respectait pas Dieu et se moquait des hommes.
Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : ‘Rends-moi justice contre mon adversaire. ‘
Longtemps il refusa ; puis il se dit : ‘Je ne respecte pas Dieu, et je me moque des hommes, mais cette femme commence à m’ennuyer :
je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse me casser la tête. ‘ »
Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge sans justice !
Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Est-ce qu’il les fait attendre ?
Je vous le déclare : sans tarder, il leur fera justice. Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? »

COMMENTAIRE

Dans le passage de l’Exode, Moïse, Aaron et Hour se tiennent sur le sommet de la colline alors que, dans la plaine, le peuple livre un dur combat contre les Amalécites. C’est un récit que les anciens ont commenté en insistant sur l’efficacité de la prière d’intercession : Moïse, les bras étendus, intercède pour le peuple qui combat dans la vallée. Les trois personnages sur la colline sont à l’écart du champ de bataille, mais leur intercession permet à ceux qui combattent de gagner la bataille. Toutefois, un autre combat a lieu sur la montagne : celui de la permanence de l’intercession qui ne doit pas faiblir ! La fatigue de Moïse ne doit pas l’empêcher de garder l’attitude de la prière. Dans l’Église, il est important que ne cesse jamais le service de l’intercession : la fatigue ou la lassitude des uns doit être compensée par le dynamisme des autres.

Ainsi, ce passage de l’Exode nous invite à maintenir active la prière d’intercession en élevant les mains vers le Seigneur, sans jamais « baisser les bras », sans cesser d’assumer cette mission essentielle et presque invisible, qui permet à ceux qui sont dans de grands combats, d’avoir encore la force de lutter contre le mal. Car, Amaleq, descendant d’Ésaü, est l’ennemi héréditaire d’Israël et, dans la tradition, les Amalécites représentent toutes ces forces du mal qui s’opposent à Dieu.

L’Église est aujourd’hui en grande difficulté. Les chrétiens diminuent en nombre et sont confrontés de plus en plus souvent à des oppositions et des méfiances, parfois à des intolérances ou des persécutions. Il devient de plus en plus difficile de s’afficher comme chrétien et, pour le demeurer, il est nécessaire de mener une sorte de combat. Dans la société actuelle, il faut beaucoup de courage à des jeunes pour exprimer leur appartenance au Christ et à son Église et pour exprimer des positions qui ne sont pas majoritaires. Être chrétien et le demeurer demande une grande force et une vraie liberté intérieure. La prière des uns est plus que nécessaire pour soutenir et aider les autres à rester fidèles à leur foi.

Dans la parabole de Jésus, remarquons comme la prière d’une seule femme, à force d’insistance, a pu obtenir justice d’un juge injuste. Imaginons la puissance de la prière de toute l’Église si, pour reprendre les mots de l’histoire, tous osaient ensemble « casser la tête » à Dieu pour qu’il exauce tant de demandes légitimes, afin que la paix entre les hommes et la réconciliation entre les croyants soient possibles. La conclusion de Jésus nous encourage à ne jamais laisser Dieu tranquille : « Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit ? » Le vieux dicton est donc bien vrai et on peut l’appliquer à l’Église : « Ce que femme veut, Dieu veut ! »

L’intercession de Moïse, les bras étendus, évoque bien sûr celle de Jésus, les bras en croix : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ! » (Lc 23,34). La prière chrétienne d’intercession consiste à se tenir ensemble au pied de la croix, unis à Jésus qui prie le Père pour nous tous. Y a-t-il meilleur avocat auprès du Père que Jésus, qui « intercède en notre faveur » (He 7,25) ? La plus belle prière d’intercession que nous trouvons dans le Nouveau Testament est sans aucun doute la demande du bon larron : « Souviens-toi de moi quand tu seras entré dans ton Royaume ! » Elle est tout autant la prière de chacun de nous que celle de toute l’Église et de toute l’humanité, tous tournés vers le Sauveur crucifié qui, les bras étendus, intercède pour nous tous (cf. Rm 8,34).

Fr. Dominique CHARLES, o.p.

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