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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

Saint Sacrement. Année C. 2 juin

Imprimer Par Dominique Charles, o.p.

Heureux les invités au repas du Seigneur !

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 9,11b-17. 
La foule s’en aperçut et le suivit. Il leur fit bon accueil ; il leur parlait du règne de Dieu, et il guérissait ceux qui en avaient besoin. 
Le jour commençait à baisser. Les Douze s’approchèrent de lui et lui dirent : « Renvoie cette foule, ils pourront aller dans les villages et les fermes des environs pour y loger et trouver de quoi manger : ici nous sommes dans un endroit désert. » 
Mais il leur dit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Ils répondirent : « Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons… à moins d’aller nous-mêmes acheter de la nourriture pour tout ce monde. »
Il y avait bien cinq mille hommes. Jésus dit à ses disciples : « Faites-les asseoir par groupes de cinquante. » 
Ils obéirent et firent asseoir tout le monde. 
Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il les bénit, les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils distribuent à tout le monde. 
Tous mangèrent à leur faim, et l’on ramassa les morceaux qui restaient : cela remplit douze paniers.

COMMENTAIRE

Au désert du Sahara, quand vient le soir et que la marche s’arrête, on allume un feu de bois et tout le monde s’assoit autour du feu. Quelqu’un s’occupe du thé à la menthe, un autre prépare la « taguella » et la sauce… Le repas et sa préparation sont des moments intensément communautaires. Le temps du repas est l’occasion d’un partage de nourriture et de paroles : dans la vie itinérante, qui laisse une grande place à la solitude, le repas vient réveiller la vie communautaire.

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Une des réalités les plus essentielles de la vie humaine consiste à manger et à boire ensemble. Plus qu’une nécessité individuelle pour assurer sa survie, le manger et le boire constituent un espace offert à la relation interhumaine, à la vie sociale. Si vous voulez passer un bon moment avec un ami, vous l’invitez à s’asseoir à votre table ou vous vous laissez inviter à la sienne. Anniversaire, mariage, baptême, retrouvailles… sont autant d’occasions où le repas devient le lieu joyeux de la rencontre… La fête ne se conçoit pas sans un bon repas bien arrosé. Le Psaume ne dit-il pas que « le vin réjouit le cœur de l’homme » et que « le pain fortifie le cœur de l’homme » (Ps 103,15) ?

Le repas est aussi une réalité de tous les jours. Il rassemble les membres d’une famille et les invités qui sont accueillis dans l’intimité familiale. Le repas est un lieu de communion et d’accueil. Nous savons aussi que c’est à table que se traitent les bonnes affaires… Vous n’hésitez pas à inviter quelqu’un à déjeuner si vous voulez traiter sérieusement d’une affaire avec lui. Le moment du repas offre naturellement un espace de parole et d’échange : c’est vrai pour les écoliers à la cantine scolaire, pour les étudiants au restaurant universitaire, pour ceux qui sont sur un même lieu de travail et qui prennent leur repas ensemble au moment de la pause…

Le repas n’est-il pas aussi un lieu éminent de la diplomatie ? Quand un chef d’État mange à la table d’un autre, cela signifie que les rapports entre les deux pays sont bons. On n’imagine pas actuellement le premier ministre israélien et le président de l’autorité palestinienne partager le même repas… Car le repas est implicitement un lieu de dialogue et de communion. Il peut même devenir un signe fort d’une réconciliation quand deux personnes acceptent de s’asseoir à la même table pour manger ensemble.

Il n’est donc pas étonnant de constater combien les repas occupent une place importante dans toute la Bible, et tout particulièrement dans le Nouveau Testament. Jésus mange avec les pécheurs, il s’assoit à la table de Zachée le publicain et à celle de Simon le pharisien, il participe au repas des noces à Cana, il utilise un grand nombre de paraboles où il est question de repas et d’invités… Aujourd’hui, dans l’évangile, il se préoccupe du repas des foules nombreuses. C’est donc que le repas exprime, mieux que toute autre réalité humaine, le salut proposé par Dieu dans le Christ. Dieu envoie à son peuple et à toute l’humanité, par l’intermédiaire de Jésus, une invitation à venir festoyer avec lui comme le berger qui invite tous ses voisins parce qu’il a retrouvé sa brebis perdue ou comme le père qui fait préparer un grand repas parce que son fils perdu est retrouvé. L’Eucharistie, c’est ce repas des retrouvailles devenues possibles entre Dieu et l’humanité qui y est conviée.

L’Eucharistie, c’est le repas qui rassemble les invités de Dieu qui répondent à son invitation : « heureux les invités au repas du Seigneur », dit le célébrant avant la communion, reprenant les mots de l’Apocalypse (Ap 19,9). C’est un repas où coule un vin de réconciliation qui rétablit une communion profonde entre les convives. Le repas du Christ est créateur de l’Église ; il fait surgir au milieu du monde une communauté vivante, un peuple destiné à annoncer l’ouverture des portes du festin à tous les pauvres, à tous ceux qui se sont perdus ou qui se sont éloignés sur les chemins.

Chaque soir, après la marche dans le désert, le feu brûle au milieu de tous ceux qui se retrouvent : la « taguella » et le thé les rassemblent à la tombée du jour. De même, le repas d’Emmaüs est une halte dans la marche. Jésus présent, qui nous accompagne sur nos routes, s’assoit avec nous, rompt le pain et se fait lui-même notre nourriture : « Je suis le pain de vie, qui mange de ce pain vivra à jamais » (Jn 6,51). Ne manquons pas ce moment de convivialité avec le Seigneur. Répondons à son invitation. Mettons tout en œuvre pour que ce moment de l’Eucharistie soit un temps fort de notre vie personnelle et communautaire.

Ne laissons pas non plus se dissoudre les valeurs de nos repas familiaux et communautaires au profit des sandwiches, des « fast food » ou des barquettes individuelles réchauffées au four à microondes. Le repas n’est pas du temps perdu. Acceptons de prendre du temps pour nous asseoir ensemble. Si nous ne savons plus nous arrêter un moment pour manger ensemble, nous risquons de perdre aussi le sens du repas de Jésus : il nous invite à venir manger ensemble le pain de vie et à boire à la coupe du salut pour annoncer qu’il est vivant et réellement présent au milieu de nous. Répondons à son invitation et rassemblons-nous souvent pour « rendre grâce » à Dieu notre Père d’avoir envoyé Jésus pour inviter tous les pécheurs que nous sommes à se retrouver à sa table afin de vivre déjà ensemble la fête du salut promis et offert.

Fr. Dominique CHARLES, o.p.

One thought on “Saint Sacrement. Année C. 2 juin

  1. zomo

    en ce Dimanche de saint sacrement Dieu nous donne de reste unis dans sons Amour par le partage cotidien du pain rompu. que ce partage soit pour nous un signe de fraternité.

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