On rapporte que des parades ont eu lieu récemment dans les rues de Belfast, en Irlande du Nord : des parades jugées offensantes par les catholiques de là-bas. La ferveur loyaliste des Orangistes provoquait une fois de plus le parti adverse, attisant le feu d’une vieille querelle qui ne s’éteint pas, où se mélangent traditionnellement, on le sait, foi et politique.
Il n’est – par ailleurs – pas une journée sans qu’on évoque la difficile cohabitation du monde arabe et musulman avec les Juifs ou les chrétiens au Moyen-Orient ou ailleurs. De part et d’autre, il y a un malaise devant une difficile voire impossible convivialité. En dépit des intolérances extrêmes, on se prend à rêver d’une mise en commun des ressources et des énergies qui produiraient un mieux être économique et social pour tant de gens.
Plus proche encore de nous, il y a ces mariages un peu forcés qui ont cours ces années-ci dans notre diocèse avec les regroupements paroissiaux annoncés, et cette obligation conséquente d’ouvrir nos fenêtres, de partager éventuellement nos ressources, d’accepter l’extension de l’autorité pastorale au-delà d’une seule paroisse traditionnelle.
Voilà autant de situations l’Évangile nous demande de visiter. Il nous propose carrément de prendre un chemin d’humilité et de détachement qui nous fera sortir de notre petit monde clos, qui nous libèrera de nos réflexes d’exclusivité.
L’Évangile nous suggère de porter un regard positif sur le monde qui nous entoure, sur les personnes et sur les gestes qu’elles posent. Devant ceux et celles qui proviennent d’un horizon culturel différent du nôtre ou d’une tradition spirituelle étrangère à la nôtre, nous sommes portés à reculer, à vouloir nous distinguer à tout prix. Nous prenons spontanément nos distances. Nous avons peur. Nous sommes jaloux, peut-être ? Jésus nous demande d’être plutôt attentifs à ce qui se passe pour juger de la valeur des fruits. Il nous propose de capitaliser sur le bien qui se fait, de nous situer dans la perspective du Royaume en train d’advenir, en voie de s’accomplir. Il faut voir l’Esprit à l’œuvre tout près de nous, en nous, comme aussi plus loin et jusque dans les croyances ou les religions différentes des nôtres, et à plus forte raison dans les communautés chrétiennes du voisinage. Il s’agit pour nous de reconnaître que Dieu est là aussi, peut-être, et de prendre garde que son Esprit nous trouve apeurés ou dédaigneux, tout frileux dans notre bulle, refusant de voir l’évidence de son action.
En toutes circonstances donnons d’abord la chance au coureur. Ne fermons pas les yeux, refusant de voir des hommes et des femmes en train de vivre l’Évangile alors qu’ils prennent en main leur destin. Comme chrétiens, nous devons composer avec ceux et celles qui travaillent pour la justice, la paix, les changements sociaux, le mieux-être des démunis. Ils sont nombreux à côté de nous à se dévouer pour l’humain. Il nous faut les rejoindre à cause de l’Esprit commun qui nous anime. Le disciple du Christ ne doit pas se comporter en étranger de ce qui est humain. Il se doit d’être ouvert d’esprit, attentif à discerner l’œuvre de grâce en train de s’accomplir pour y participer généreusement.