C’est le temps de la rentrée scolaire. Les parents voient leurs enfants en vivre encore une fois le choc. Ils savent tout de suite quel prof leurs jeunes ont la chance ou la malchance d’avoir. Plus que les mots, les éloges ou les critiques, leur non verbal parle fort. Les attitudes et les comportements des enfants changent et se ressentent de l’influence de tel ou tel enseignant, de tel ou tel directeur. Les valeurs profondes des enfants et des adolescents sont affectées, mises en places ou déplacées, par ce que tel maître leur apporte comme inspiration, comme enseignement, comme témoignage personnel. Tout dépend de la proximité dont le professeur est capable, de la qualité de son discours, et, bien sûr, de la réceptivité et de l’accueil de l’élève, de sa capacité d’intégrer ces valeurs. Le phénomène joue à l’échelle individuelle, mais aussi, et parfois de bien belle façon, à l’échelle d’une classe, d’une école, d’une région scolaire. Ainsi certaines écoles ou collèges, privés ou publics, sont classés gagnants pour leur excellence, pour les effets bienfaisants de l’éducation et de l’animation qu’ils donnent.
Au plan spirituel nous pouvons observer et réfléchir dans le même sens; tant valent notre foi et nos mœurs religieuses tant vaut le témoignage de notre vie. Le chrétien peut se réjouir de l’excellence de la formation que Dieu lui-même lui apporte et de l’immense avantage qu’il peut en tirer. « Accueillez donc humblement la parole de Dieu semée en vous; écrit l’apôtre Jacques, elle est capable de vous sauver. » Dieu nous parle. Il se fait proche de nous. Considérons la chance que nous avons d’être à l’école du Christ, d’avoir l’Esprit Saint comme maître intérieur. Savons-nous bien la liberté que la Parole de Dieu nous donne, la confiance qu’elle nous fait, l’espérance qu’elle nous apporte, le dynamisme qu’elle peut déployer en nous ? Elle peut produire joie et la paix dans nos cœurs et dans nos vies, si du moins nous la mettons en pratique. « Mettez la Parole en application, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion. » nous dit encore la lettre de Jacques.
Il ne s’agit pas pour nous de tirer prétexte de cette Parole pour nous enorgueillir ou pour mépriser les autres, ni non plus pour nous substituer à elle, lui faisant dire ce que nous voudrions qu’elle dise. Comprendrons plutôt quelle miséricorde nous enveloppe, quel amour nous embrasse et de quels dons nous sommes comblés par Dieu.
Notre foi ne nous isole pas dans des pratiques bizarres, elle ne nous distingue pas pour nous séparer du monde et nous éloigner des autres, comme le suggérait à l’époque de Jésus certaines pratiques juives. Bien au contraire, elle nous convoque au cœur et au meilleur de nous-mêmes pour une expérience de liberté, pour un rapprochement avec tous, une réconciliation universelle, où nous pourrons nous aimer les uns les autres et nous faire proches les uns des autres comme le Seigneur lui-même a voulu se faire proche de tous. C’est ainsi que l’Église se doit d’être la meilleure des écoles; elle qui nous interpelle par le témoignage le plus authentique, celui de son Seigneur et Maître, le plus adorable des maîtres.
Jacques Marcotte, OP
Québec.