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Qui perd, gagne !

Imprimer Par Jacques Marcotte

L’heure est au bilan. La crise étudiante au Québec a perdu de son souffle. Les vacances sont venues et les compteurs à marquer le temps se sont arrêtés. Y aura-t-il reprise ? Ce n’est pas à l’observateur que je suis d’en décider. La question est bien de savoir si, dans le cas où le mouvement allait reprendre, il repartirait à zéro ? Quelles sont les pertes ? Quels sont les gains ?

La saga aura duré longtemps. Plusieurs mois. C’était notre manchette quotidienne dans les bulletins de nouvelles. Avec chaque jour un peu de neuf, de l’étonnement, une relance, une escalade qui n’avait pas l’air de devoir s’essouffler.

À supposer que la crise soit finie, qu’en resterait-il ? Il en est pour dire : « Tout ça pour ça ! ». Comme pour dire que cela n’en valait pas la peine. Comme si le dommage avait été plus grand que les avantages. Parce que personne n’aurait rien gagné.

Il y a eu certes des inconvénients et des malheurs liés à cette longue et folle aventure. Perte importante de scolarité pour nos jeunes. Stagnation évidente des programmes. Tout le monde y a perdu du temps, de l’argent, des énergies, de la confiance dans nos institutions, du respect envers les policiers, etc.

Par ailleurs il y a eu des acquis formidables, des menées irréversibles du côté de la liberté et de l’audace sociale des jeunes adultes. Nous avons pu saluer un grand réveil du monde étudiant et de ses supporteurs. Même si plusieurs ne sont pas entrés dans la danse. Tout le monde a pu voir le spectacle. Il était difficile d’être neutre. Il fallait choisir son camp : carré rouge ? Carré vert ? Carré bleu ? Au risque d’en être stigmatisé.

De jeunes leaders se sont manifestés, portés par des phalanges d’étudiants et d’étudiantes, qui ont voulu jouer franchement le jeu de la démocratie, de la prise de parole.

Avions-nous besoin de tout ce tapage : casse, casseroles, sac de bureau et blocage de ponts et de rues ? On a vu qu’on cherchait là à tout faire pour attirer l’attention, pour faire parler de soi, pour gagner l’opinion. Mais tenir la cadence n’était pas chose simple ni facile. Il fallait toujours en remettre. À ce rythme là, on ne pouvait plus longtemps tenir. Il fallait bien qu’un jour on dépose les armes, non pas pour se dire que la guerre était finie, mais en suggérant de faire seulement relâche pour retrouver son souffle.

Tout le monde se dit : il n’y a rien à gagner à se battre en été. Mais alors faut-il vraiment se battre ? Faut-il absolument qu’il y ait des gagnants et des perdants ? Y aura-t-il des perdants ? Y aura-t-il des gagnants ? Ils ont déjà perdu ceux qui voulaient nier la cause. Ils ont probablement perdu tous ceux qui se sont tus, tous ceux qui n’ont pas bougé, tous ceux qui ont joué du silence et du retrait. Ils auront probablement perdu pour avoir voulu gagner du temps.

Jacques Marcotte, O.P.
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