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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

20e Dimanche du temps ordinaire. Année B.

Imprimer Par François-Dominique Charles

Soyez remplis d’Esprit : votre vie sera eucharistique

Après avoir nourri la foule avec cinq pains et deux poissons, Jésus disait : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. »
Les Juifs discutaient entre eux : « Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »
Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui.
De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi.
Tel est le pain qui descend du ciel : il n’est pas comme celui que vos pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »

COMMENTAIRE

Dans le passage de l’évangile de saint Jean, Jésus se présente comme celui qui donne la vie éternelle, comme la source de vie. Si nous communions à la vie de Jésus en mangeant le pain et en buvant le vin devenus, par l’action de l’Esprit Saint, son corps et son sang, sa vie demeurera en nous et nous vivrons dès aujourd’hui de la vie même du Ressuscité, de cette vie qui a vaincu la mort et le péché, de cette vie éternelle, de la vie divine. « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle… il demeure en moi et moi, je demeure en lui. Celui qui me mangera vivra par moi. Celui qui mange ce pain vivra éternellement. » Ces paroles nous font entrer dans le sens caché du sacrement de l’eucharistie que nous célébrons quand nous nous réunissons en Église. Dans l’eucharistie, c’est donc la vie de Dieu qui nous rejoint, c’est la vie du Ressuscité qui s’infiltre au dedans de nos vies mortelles.

Quand nous mangeons le pain et buvons le vin consacrés, le Mystère de l’Emmanuel se réalise réellement puisque Dieu vient habiter en nous pour être « Dieu avec nous ». En communiant, le Ressuscité nous comble ainsi de sa Présence vivante. Nous devenons chacun et tous ensemble des demeures de la présence du Ressuscité dans nos quartiers, nos familles, nos lieux d’étude et de travail… L’Église est le lieu de la présence du Christ vivant : d’abord parce qu’elle rassemble les croyants et que Jésus a promis que « là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mt 18,20) ; mais elle l’est aussi parce que les croyants rassemblés y proclament et y écoutent sa Parole pour la mettre en pratique dans leur vie ; elle est enfin le lieu de la présence du Christ en célébrant l’eucharistie puis que Jésus dit : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi, je demeure en lui ! » Ainsi, comme l’a écrit Jean-Paul II dans son encyclique sur l’eucharistie, l’Église vit de l’eucharistie, ou encore : l’eucharistie comporte en synthèse le cœur du mystère de l’Église. Et il citait cette belle expression du Concile Vatican II qui dit que l’eucharistie est source et sommet de toute la vie chrétienne. L’eucharistie réalise en effet, d’une manière toute spéciale, la promesse de Jésus : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20). C’est un mystère spécifiquement chrétien que d’affirmer dans la foi la présence réelle du Seigneur dans le pain et le vin consacrés et donc dans chaque croyant qui communie comme dans la communauté chrétienne rassemblée.

Il est une autre manière d’exprimer ce grand mystère de la présence divine dans nos vies fragiles. Saint Paul, dans la 2e lecture, dit : « Laissez-vous remplir par l’Esprit-Saint » (Ep 5,18). La phrase est belle en grec et on pourrait peut-être dire plus littéralement : « soyez remplis à ras bord en Esprit » (comme le furent les cuves d’eau de Cana !). Soyez remplis de ce vin nouveau que le Christ donne en abondance, de ce vin qu’est l’Esprit Saint. Paul, évoquant le baptême et la confirmation, écrit dans l’épître aux Romains que « l’amour a été versé dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous a été donné » (Rm 5,5). L’Esprit Saint est la source jaillissante de notre louange et de notre prière. Lui seul nous apprend à prier du fond du cœur, du fond de nos êtres… Paul dit encore que « L’Esprit vient au secours de notre faiblesse car nous ne savons pas prier comme il faut ; l’Esprit lui-même pousse en nous des cris ineffables » (Rm 8,26). Il est dit dans la dernière phrase du passage de l’épître aux Éphésiens : « À tout moment et pour toutes choses, rendez grâce à Dieu le Père au nom de notre Seigneur Jésus Christ » : pour que cela soit possible, il est nécessaire d’être remplis d’Esprit Saint ! En célébrant l’eucharistie, nous entrons ensemble dans le mouvement de la prière que Jésus fait à son Père sous l’action de l’Esprit Saint : « Je te bénis Père, Seigneur du ciel et de la terre… » (Lc 10,21).

Le mot « eucharistie » signifie « rendre grâce » ; nous remercions Dieu de nous avoir donné Jésus comme sauveur. Or nous ne pouvons rendre grâce que dans l’Esprit saint. C’est lui qui agit dans la célébration de l’eucharistie et qui consacre le pain et le vin. C’est par l’Esprit Saint que nous pouvons communier au Christ en mangeant le pain et en buvant le vin. Sans l’Esprit Saint, il ne peut y avoir d’eucharistie, d’action de grâce rendue au Père. Ce mouvement fondamental de la célébration eucharistique, qui marque toute prière chrétienne, est magnifiquement exprimé dans les derniers mots de toutes les prières eucharistiques : « Par Lui (le Christ), avec Lui et en Lui, à Toi Dieu le Père tout puissant, dans l’unité du Saint Esprit, tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles ! » Laissons donc l’Esprit prendre toute la place en nos cœurs, laissons-le agir et prier en chacun de nous et notre vie deviendra eucharistique ; elle sera entraînée dans le grand mouvement d’action de grâce et de louange de Jésus vers son Père dans le dynamisme de l’Esprit ! Que toute notre vie devienne eucharistique et que l’Esprit nous unisse en ce dimanche à la grande action de grâce du Christ à son Père.

Frère François-Dominique CHARLES, o.p.

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