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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

6e Dimanche du temps ordinaire. Année B.

Imprimer Par François-Dominique CHharles

Le lépreux est contaminé par la pureté de Jésus Sauveur

Un lépreux vient trouver Jésus ; il tombe à ses genoux et le supplie : « Si tu le veux, tu peux me purifier. »
Pris de pitié devant cet homme, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. »
A l’instant même, sa lèpre le quitta et il fut purifié.
Aussitôt Jésus le renvoya avec cet avertissement sévère :
« Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre. Et donne pour ta purification ce que Moïse prescrit dans la Loi : ta guérison sera pour les gens un témoignage. »
Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte qu’il n’était plus possible à Jésus d’entrer ouvertement dans une ville. Il était obligé d’éviter les lieux habités, mais de partout on venait à lui.

COMMENTAIRE

Avez-vous remarqué que le lépreux de l’évangile n’a pas de nom : « Un lépreux vient trouver Jésus. » Si chacun de nous relisait l’évangile en donnant son propre nom à cet homme anonyme, l’histoire de ce lépreux deviendrait la nôtre. Moi, Dominique, Pierre, Marie, Etienne, Bernard, Élisabeth, Denis, Matthieu, Chantal, Jacques, Sylvie…, voici que je viens trouver Jésus et, tombant à genoux, je le supplie : « Si tu le veux, tu peux me purifier ! » Ce lépreux qui s’approche de Jésus, c’est chacun de nous qui vient demander à Jésus de le guérir, de le purifier, de le sauver. Ce lépreux nous représente tous ! Il porte tous nos noms !

La Loi de Moïse demandait que les lépreux habitent à l’écart, hors du camp, comme le rappelle le passage du Lévitique de la première lecture. Les lépreux étaient contagieux et les gens se protégeaient en évitant de les approcher. On pouvait être « contaminé » au contact d’un lépreux. Et c’est pour cela qu’ils étaient exclus de la vie sociale. Mais, cet isolement pour raison « sanitaire », cette mise en quarantaine, n’était pas la seule conséquence de la lèpre. Le lépreux était aussi considéré comme quelqu’un d’impur, au contact duquel on devenait impur. Il s’agit ici d’une impureté rituelle. Cette impureté lui interdisait toute activité religieuse : il était exclu des synagogues, des pèlerinages à Jérusalem, il ne pouvait plus entrer dans le temple de Dieu pour prier et offrir des sacrifices. Cette impureté rituelle faisait de lui un « pécheur ».

Ainsi, le lépreux était doublement exclu : il était mis en quarantaine parce qu’il était contagieux et que sa proximité était ressentie comme un danger par les autres ; il était aussi « excommunié » parce que considéré comme impur et pécheur ! Pour sortir de cette situation, il fallait qu’il soit totalement guéri de sa lèpre, qu’il en soit purifié. Or, seuls les prêtres étaient habilités à déclarer une telle guérison et à réintégrer le lépreux guéri au sein de la communauté : cela devait être très exceptionnel.

Jésus connaît le drame personnel de ce lépreux qui se met à genoux, probablement à distance de lui. Jésus est bouleversé par le cri de cet homme : Marc souligne que Jésus est « pris de pitié devant cet homme ». Le verbe est très fort ; on pourrait le traduire en disant que Jésus est « touché, remué, bouleversé dans son ventre, dans ses entrailles, dans ses tripes ». Il ressent en lui la douleur un peu comme un footballeur qui reçoit violemment le ballon dans le ventre : il se plie de douleur et s’écroule ! Les évangiles emploient souvent ce verbe pour exprimer la grande compassion de Jésus pour ceux qui s’approchent de lui et implorent son secours.

Comme ce lépreux qui nous représente, approchons sans crainte vers Jésus. À genoux, supplions celui qui est la Compassion et la Miséricorde divine dans notre humanité en détresse. Toujours Jésus est bouleversé par nos maladies, nos deuils, nos drames. Nos souffrances le touchent plus que nous ne pouvons l’imaginer : « Si tu le veux, tu peux me purifier, me guérir, me sauver ». Voilà une prière que nous pouvons faire nous-mêmes très souvent.

La lèpre ici est une image du péché. De même qu’il était impossible de guérir de cette maladie, on ne peut pas non plus guérir du péché sans une intervention de Dieu. Et c’est bien là le but de la mission de Jésus : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs. » (Mc 2,17). Le geste de Jésus est admirable et évocateur du salut qu’il est venu apporter. Il tend la main vers le lépreux et le touche ! C’est Jésus qui fait le déplacement vers celui qui ne pouvait pas s’approcher de lui à cause de sa lèpre, de son impureté, de son péché. C’est Dieu qui s’approche de nous parce que notre condition de pécheur nous a séparés de lui.

Or, selon la Loi, celui qui touchait quelqu’un d’impur contractait son impureté rituelle. Ici, ce n’est pas Jésus qui devient impur au contact du lépreux, mais le lépreux qui est contaminé par la pureté de Jésus. Le lépreux est sauvé de sa lèpre au contact de Jésus. Le pécheur est sauvé de son péché au contact de Jésus ! « Je le veux, sois purifié ! ». Guéri de sa lèpre, Jésus envoie l’homme faire constater sa guérison par les prêtres. Cela était nécessaire pour qu’il puisse être de nouveau admis dans la communauté. Ainsi, Jésus nous sauve du péché pour nous admettre dans sa communauté, dans son Église. Comme « cet homme (qui) se mit à proclamer et à répandre la nouvelle », c’est parce que nous avons été guéris de la lèpre du péché que nous pouvons devenir des témoins de la Bonne Nouvelle de Jésus, Sauveur de tous les pécheurs.

Contemplons cette grande compassion de Jésus pour ceux qui sont pécheurs, ceux qui sont malades, ceux qui pleurent et souffrent. Comme Jésus, ayons nous aussi de la compassion et de la miséricorde les uns envers les autres. Que nos cœurs soient aussi bouleversés quand nos frères sont en détresse et que nos mains se tendent alors vers eux comme celles de Jésus se sont tendues vers cet homme qui représente chacun de nous.

Frère François-Dominique CHARLES, o.p.

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