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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

Christ Roi. Année A.

Imprimer Par François-Dominique Charles

Au Royaume du Christ, c’est la fraternité qui prime !

Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire.
Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres :
il placera les brebis à sa droite, et les chèvres à sa gauche.
Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : ‘Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde.
Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ;
j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! ‘
Alors les justes lui répondront : ‘Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ?
tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ?
tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ? ‘
Et le Roi leur répondra : ‘Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. ‘
Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : ‘Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le démon et ses anges.
Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ;
j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité. ‘
Alors ils répondront, eux aussi : ‘Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu avoir faim et soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ? ‘
Il leur répondra : ‘Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces petits, à moi non plus vous ne l’avez pas fait. ‘
Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. »

COMMENTAIRE

En ce dernier dimanche de l’année liturgique, nous fêtons le Christ Jésus dans sa gloire, comme roi de l’univers. Le titre de « roi » revient normalement à Dieu dans la Bible. C’est bien pour cela que Paul, dans le passage de la 1ère lettre aux Corinthiens que nous lisons ce dimanche, dit que le Christ Roi remettra ce pouvoir royal à Dieu le Père à la fin des temps.

Mais au Christ Jésus revient aussi le titre de roi comme cela apparaît à plusieurs endroits du Nouveau Testament. Cela est vrai dès la naissance de Jésus puisque les mages sont à la recherche du « Roi des Juifs » : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? », demandent-ils en arrivant à Jérusalem. Et quand Jésus entre à Jérusalem, la foule l’acclame comme un roi : « Béni soit celui qui vient, le Roi, au nom du Seigneur ! » (Lc 19,38). Et dans l’évangile de Jean, la discussion entre Pilate et Jésus au prétoire porte sur le titre de roi : « Donc tu es roi ? » demande Pilate. « Tu le dis, je suis roi ! » lui répond Jésus qui précise : « Mon royaume n’est pas de ce monde » (Jn 19,33-37). C’est bien Jésus-roi qui est crucifié : « crucifierai-je votre roi ? » demande Pilate aux Juifs ; l’écriteau qui est cloué sur la croix et qui a été rédigé par Pilate le précise : « Jésus de Nazareth, le roi des Juifs ». Dans le condamné à mort, le croyant voit le roi : un roi couronné d’épines, un roi de dérision, un roi revêtu du manteau de pourpre…

Nous entrevoyons ici que la royauté de Jésus n’est pas semblable à celle des puissants de la terre. Jésus est roi parce que le Père lui a donné tout pouvoir contre les puissances des ténèbres, contre les forces du mal. Il est fort contre Satan au désert, mais plus encore sur la Croix ! C’est là que s’exprime mystérieusement sa royauté car c’est là qu’il renverse les logiques de notre monde. C’est ce roi de gloire que les saints acclament dans l’Apocalypse. C’est l’Agneau immolé qui siège sur un trône royal : « le trône de Dieu et de l’Agneau sera dressé dans la ville et les serviteurs de Dieu l’adoreront ; ils verront sa face et son nom sera sur leurs fronts » (Ap 22,3-4).

Ma royauté n’est pas de ce monde, disait Jésus à Pilate. Sa royauté est divine. Celui qui donne sa vie sur la Croix est le roi de l’univers. C’est un roi qui prend soin de ses sujets, qui est plein de sollicitude pour eux. Un berger qui part à la recherche des brebis perdues. Un roi qui se perd pour sauver son peuple. Un roi qui se laisse crucifier pour donner sa vie divine aux siens. Quel roi ou quel président de la terre ressemble un tout petit peu à ce roi ? Nos puissants exercent leur puissance au détriment souvent de leurs peuples ou contre d’autres peuples. Ils essaient souvent de garder par tous les moyens leur pouvoir. Jésus terrasse l’ennemi sur la Croix. Il bouleverse ainsi toutes les logiques du monde. Il n’y a pas à hésiter pour placer toute notre confiance en ce roi de gloire. Personne d’autre n’a le pouvoir inouï de donner la vie éternelle à ses amis. « Telle est la volonté de mon Père, dit Jésus, que quiconque croit au Fils ait la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour » (Jn 6,40).

Le passage de l’évangile de ce dimanche peut nous faire peur car Matthieu présente Jésus comme un roi et un juge. Au Moyen-âge, les prédicateurs faisaient peur au peuple chrétien en faisant planer sur eux la menace de l’enfer. On a fait des fresques et des sculptures nombreuses de ce jugement dernier où l’on voit avec beaucoup de détails les anges qui pèsent les âmes avec des balances. Il y a, d’un côté, les élus qui entrent dans la Jérusalem céleste et, de l’autre côté, il y a ceux qui sont jetés dans les tourments de l’enfer où ils sont représentés en train de cuire dans des marmites ou de subir toutes sortes de tortures de la part de nombreux diablotins. Cela ne doit pas être notre lecture de ce texte où Matthieu décrit le jugement final.

Ce sur quoi porte ce grand texte, c’est sur la pratique de l’amour du prochain qui constitue le commandement suprême du Christ : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit et ton prochain comme toi-même » (Lc 10,27). C’est là le grand message et le résumé de tout l’évangile. « Ce que vous avez fait au plus petit de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » Si nous aimons nos frères, si nous donnons notre vie pour eux, alors nous devenons des amis, des frères de Jésus. Frères du roi de gloire, nous recevons, nous aussi, la dignité royale ; c’est ainsi que nous lisons dans la 2e épître à Timothée : « si nous persévérons, nous régnerons aussi avec lui » (2Tm 2,12).

La Parole de Dieu nous invite donc à la confiance en Celui qui est le Roi de l’univers. C’est ce roi qui est seul capable de rassembler les hommes de toutes ethnies, langues, peuples et nations pour constituer un unique peuple de frères. Le Royaume que Jésus a inauguré sur la terre et qui sera pleinement réalisé à la fin des temps est un royaume où prime la fraternité. Il n’existe pas d’autre chemin pour y entrer dès aujourd’hui que celui de la fraternité vécue. Voilà pourquoi il est écrit dans la 1ère épître de saint Jean : « En ceci consiste la perfection de l’amour en nous : que nous ayons pleine assurance au Jour du jugement… Il n’y a pas de crainte dans l’amour : au contraire, l’amour parfait chasse la crainte » (1Jn 4,17-18).

Frère François-Dominique CHARLES, o.p.

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