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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

1er Dimanche de l’Avent. Année B.

Imprimer Par François-Dominique Charles

Déchire les cieux et viens ! Maranatha !

Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Prenez garde, veillez : car vous ne savez pas quand viendra le moment.
Il en est comme d’un homme parti en voyage : en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et recommandé au portier de veiller.
Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison reviendra, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin.
Il peut arriver à l’improviste et vous trouver endormis.
Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! »

COMMENTAIRE

Pour que nous puissions, nous les hommes, vraiment connaître et rencontrer Dieu, il n’y a pas d’autre possibilité que celle d’un dévoilement, d’une manifestation, d’une révélation, et cela ne peut venir que de sa propre initiative. Seul Dieu peut se faire connaître à l’homme. Seul Dieu peut décider de se révéler.

« Ah ! Seigneur Dieu, si tu déchirais les cieux qui nous séparent de Toi et si tu descendais ! » Le cri du vieux prophète, c’est aussi le nôtre aujourd’hui. Pour nous visiter et descendre jusqu’à nous, Dieu doit déchirer les cieux. Il doit franchir la grande distance qui nous sépare de lui. Depuis la mythique tour de Babel, nous savons que ce n’est pas l’homme qui, même avec des efforts immenses, peut s’approcher de Dieu ! Seul Dieu, parce qu’il est Dieu, peut décider de s’approcher de l’homme pour se révéler à lui et lui parler. Alors seulement l’homme peut se mettre en marche avec Dieu et vers Dieu : c’est cela la foi.

Nous entrons dans le temps de l’Avent. Ce temps nous est offert pour redécouvrir le désir vital de Dieu qui vient du plus profond de nos êtres, car nous sommes appelés à vivre une rencontre avec Dieu, à l’accueillir, à l’héberger, à devenir temple vivant de sa présence, à lui donner chair… L’homme n’est vraiment homme qu’en écoutant le murmure du silence de Dieu, comme Élie à l’Horeb (1R 19,12-13).

L’Avent, c’est le temps de l’espérance en cet incroyable déplacement que fait Dieu pour venir à notre rencontre. Le christianisme et le judaïsme sont des religions marquées par deux caractéristiques fondamentales : elles sont dites « révélées » parce que c’est Dieu qui s’est approché de l’homme pour l’introduire dans la connaissance de son mystère ; et ce sont des religions de salut car Dieu se révèle libérateur d’une humanité perdue. Un Dieu qui, comme dans la parabole de Jésus, part à la recherche de la brebis perdue et qui fait tout le chemin pour la retrouver. Nous ne pouvons pas nous sauver par nous-mêmes ! Il n’y a de salut humain possible que dans l’accueil du Dieu Sauveur qui vient nous tendre la main. Cette main tendue vers nous, c’est Jésus !

Voilà pourquoi, en ce temps d’Avent, il est bon de reprendre cette très vieille prière chrétienne dans la langue araméenne qui était celle de Jésus et des premiers chrétiens, et que nous a conservée saint Paul : « Maranatha ! Viens Seigneur Jésus ! » (1Co 16,22). C’est une reprise « christianisée » du cri du prophète Isaïe : « Déchire les cieux et descends, Viens Seigneur Jésus ! »

« Viens ! Seigneur ! » : c’est le sens du mot « Avent » (du latin adventus) qui veut dire « venue » ou « avènement ». Le temps de l’Avent, c’est le temps de notre préparation à la venue du Seigneur. C’est le temps qui précède Noël, la fête de la naissance de Dieu dans notre humanité.

Jésus prend l’image du portier qui ne sait pas à quelle heure va rentrer son maître mais à qui il est demandé de veiller. C’est un verbe-clé du temps de l’Avent. Jésus nous demande de veiller comme le portier ou le gardien, qui se tient prêt à ouvrir la porte quand son maître arrive, quel que soit le moment. Veiller, comme le laisse entendre les verbes grecs de l’évangile, consiste à « ouvrir l’œil » et à « rester éveillé », comme des soldats qui montent la garde. On peut résumer le conseil de Jésus dans l’évangile ainsi : Gardez les yeux bien ouverts, soyez bien réveillés, dans la nuit du monde.

Il y a des jours où nous vivons des heures d’attente impatiente : par exemple, l’attente de la guérison d’un ami, d’un parent, d’un conjoint ; l’attente de la naissance d’un enfant. Il y a des moments où les étudiants attendent avec impatience les résultats des examens, parfois avec angoisse. Il y a des moments où nous ne pouvons pas dormir parce que nous attendons…

Vivre dans l’attente de quelqu’un est une expérience essentielle ! D’une certaine manière, nous ne vivons que dans l’attente de la rencontre et de la visite des autres. Nous sombrons dans la mort si les autres nous oublient ou, ce qui revient au même, si nous nous isolons, si nous nous enfermons en nous-mêmes, si nous voulons nous suffire en oubliant les autres. C’est alors l’impasse…

Seule l’espérance peut nous faire sortir de nous-mêmes pour aller vers les autres et vers l’Autre. Quand nous attendons quelqu’un, nous oublions nos soucis et nos peines. L’attente d’une visite, pour un prisonnier, une personne très malade ou isolée, une personne très âgée, se transforme toujours en préparation de fête… Il n’y a pas d’amour sans attente, sans désir de la venue de l’être aimé. La foi n’est rien d’autre que l’attente impatiente et amoureuse de la visite de Dieu. Reprenons souvent, et de tout notre cœur, cette belle invocation de l’Avent : « Maranatha ! Viens, Seigneur Jésus ! » Nous t’attendons ! Que ce refrain soit un chant qui monte de nos êtres vers le Seigneur qui s’approche toujours de ceux qui l’attendent !

Frère François-Dominique CHARLES, o.p.

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