Jean montre Jésus, Agneau et Fils de Dieu, et invite à le suivre
Comme Jean Baptiste voyait Jésus venir vers lui, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ; c’est de lui que j’ai dit : Derrière moi vient un homme qui a sa place devant moi, car avant moi il était. Je ne le connaissais pas ; mais, si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour qu’il soit manifesté au peuple d’Israël. »
Alors Jean rendit ce témoignage : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui. Je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : ‘L’homme sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est celui-là qui baptise dans l’Esprit Saint.’ Oui, j’ai vu, et je rends ce témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. »
COMMENTAIRE
Le texte de l’évangile de ce 2e dimanche du Temps ordinaire est au début du quatrième évangile. Nous sommes le « lendemain » ! C’est en effet le 2e jour d’une semaine qui se termine avec le premier des signes de Jésus à Cana : l’eau changée en vin. Le récit des noces de Cana constitue traditionnellement le troisième épisode du mystère de l’Épiphanie qui comprend l’adoration des mages, le baptême du Seigneur et les noces de Cana.
Les sept premiers jours de l’activité publique de Jésus commencent donc en l’absence de Jésus. C’est Jean le Baptiste qui parle de lui et annonce son entrée en scène. Cela occupe les deux premiers jours (1,19-34). C’est donc au troisième jour que Jésus paraît et qu’il commence son activité en appelant les premiers disciples : d’abord André et un personnage qui n’est pas nommé (peut-être Jean l’évangéliste ?), ensuite Simon-Pierre puis Philippe et enfin Nathanaël. Ces appels se déroulent pendant quatre jours (Jn 1,35-51). Le septième jour, il se rend à Cana avec sa mère et les disciples qui viennent d’être appelés (Jn 2,1-2) et là, il opère le premier signe par lequel « il manifesta sa gloire » et grâce auquel « ses disciples crurent en lui » (Jn 2,11). La semaine se termine à Capharnaüm (Jn 2,12). Les trois premiers apôtres nommés sont de Bethsaïde (Jn 1,44), ville située au nord du lac, à quelques kilomètres de Capharnaüm, alors que Nathanaël est de Cana (Jn 21,2).
Le 4e évangile ne relate pas la scène du baptême du Christ : l’évangéliste veut estomper l’activité baptismale de Jean qui est nommé simplement par son nom et qui ne sera jamais qualifié de « Baptiste ». Son rôle premier est de montrer Jésus à ses propres disciples : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29) et de rendre témoignage : « J’ai vu l’Esprit descendre, tel une colombe venant du ciel, et demeurer sur lui (…). C’est lui qui baptise dans l’Esprit Saint » (Jn 1,32-33). Jean ne mentionne que la descente de l’Esprit sur Jésus ; il ne fait allusion ni à l’événement du baptême de Jésus, ni à la voix céleste. Il dit que l’Esprit « demeure » sur Jésus. Le verbe « demeurer » apparaît de nombreuses fois dans le 4e évangile ainsi que dans la 1ère épître de Jean. Dans la parabole de la vigne, par exemple, ce verbe revient souvent : « demeurez en moi, comme moi en vous… » (Jn 15,4). Dès l’apparition de Jésus qui a reçu l’Esprit, sa mission est évoquée : il répandra l’Esprit Saint sur ceux qui croiront en lui afin qu’ils soient unis à lui dans le mystère de sa Pâque.
Le témoignage de Jean se termine par des mots qui dévoilent l’identité véritable de Celui qui baptise dans l’Esprit-Saint : « Et moi, j’ai vu et je témoigne que Celui-ci est ‘le Fils de Dieu’ selon la leçon textuelle la plus attestée (‘l’Élu de Dieu’ selon un autre grand manuscrit). Le témoignage de Jean, dès le début de l’évangile, nous fait ainsi entrer dans le mystère de la personne du Christ et dans la relation toute particulière qui unit le Fils au Père. Déjà, la présence de Jean à deux reprises dans le Prologue du 4e évangile en fait le témoin privilégié du mystère du Christ puisqu’il vint « pour rendre témoignage à la lumière afin que tous croient par lui » (Jn 1,7). Le second témoignage de Jean dans le prologue vient juste après la grande affirmation du mystère de l’Incarnation : « Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous et nous avons contemplé sa gloire… » (Jn 1,14). Jean est ainsi celui qui, dans l’histoire humaine paraît avant le Verbe fait chair pour lui rendre témoignage mais il vient après lui car le Verbe « était au commencement tourné vers Dieu » (Jn 1,1) ; c’est pourquoi le deuxième témoignage de Jean dans le Prologue du 4e évangile et qui est repris dans l’évangile de ce dimanche consiste à dire : « celui qui vient après moi m’a précédé parce qu’avant moi il était ! » (Jn 1,15). Le témoignage de Jean fait comprendre dès le début de l’évangile que Jésus est le Christ en raison de l’Esprit qui est descendu sur lui mais surtout qu’il est le Verbe de Dieu, préexistant de toute éternité, qui s’est fait homme. Son rôle est de le montrer et d’inviter à le suivre pour trouver la vie véritable : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. »
A l’invitation de Jean, suivons donc le Christ Jésus en sachant qu’« en lui habite corporellement toute la Plénitude de la Divinité » (Col 2,9) mais aussi qu’il est « l’Agneau de Dieu » seul capable « d’enlever le péché du monde » (Jn 1,29). L’expression « agneau de Dieu » évoque bien sûr ici la Passion qui est au terme de l’itinéraire. Comme les premiers disciples qui l’ont suivi, laissons-nous convaincre : « Venez et voyez ! » (Jn 1,39). Suivons jusqu’au bout Celui qui est « vraiment le Sauveur du monde » (Jn 4,42). Les premiers disciples dans le 4e évangile ressemblent un peu aux mages de l’évangile de Matthieu… Comme les mages, comme les disciples, mettons-nous en route sans tarder et allons vers Celui qui nous révèle le Père invisible : « Personne n’a jamais vu Dieu, c’est le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, qui le fait connaître. » (Jn 1,18).