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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

27e Dimanche du temps ordinaire. Année B.

Imprimer Par Daniel Cadrin

Du permis au projet

Un jour, des pharisiens abordèrent Jésus et, pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? » Jésus dit : « Que vous a prescrit Moïse ? » Ils lui répondirent : « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. »
Jésus répliqua : « C’est en raison de votre endurcissement qu’il a formulé cette loi. Mais, au commencement de la création, il les fit homme et femme. A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il ‘attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais ils ne font qu’un. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! »
De retour à la maison, les disciples l’interrogeaient de nouveau sur cette question. Il leur répond : « Celui qui renvoie sa femme pour en épouser une autre est coupable d’adultère envers elle. Si une femme a renvoyé son mari et en épouse un autre, elle est coupable d’adultère. »
On présentait à Jésus des enfants pour les lui faire toucher ; mais les disciples les écartèrent vivement. Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les enfants venir à moi. Ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. » Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains.

COMMENTAIRE

Il est question aujourd’hui du couple et des enfants. Mais il ne s’agit pas de la famille! Les deux sujets sont différents. Dans chaque cas, Jésus est en désaccord avec des gens : d’abord avec les Pharisiens, puis avec ses disciples.

La controverse avec les Pharisiens porte sur le mariage. Ceux-ci, toutefois, ne sont pas sincèrement engagés dans un débat qui viserait à voir plus clair. Ils veulent piéger Jésus, le mettre en contradiction avec les Écritures ou avec lui-même. Leur question porte sur ce qui est permis et défendu. Leur univers de réflexion est ici strictement légal.

Comment Jésus leur répond-il? Comme il le fait souvent, d’abord par une question. Il les renvoie à eux-mêmes. Puis il n’entre pas dans leur logique, il déplace l’horizon de la réflexion. Il remonte aux sources, aux origines, en citant la Genèse. Nous ne sommes plus ici dans un monde de casuistique; il s’agit des fondements : la création de l’homme et de la femme, faits pour s’unir. Pour Jésus, cette perspective est plus importance que les règles et elle situe le débat dans une vision plus large.

Il est à noter que la répudiation au temps de Jésus était utilisée par les hommes pour toutes sortes de motifs, souvent futiles. Les femmes étaient ainsi sans protection devant l’arbitraire de leur mari. De plus, elles devenaient dépendantes de la famille du mari. Ici Jésus promeut une égalité entre les deux partenaires et une rupture avec la famille. Le couple forme une nouvelle unité, qui se tient par elle-même, et dont le projet est une union profonde.

On peut voir aussi que Marc adapte l’enseignement de Jésus à ses lecteurs chrétiens d’origine païenne (non-juifs) et de culture romaine. Dans les remarques aux disciples à la maison, il est question de femmes qui renvoient leur mari, ce qui n’existait pas dans le monde juif mais était possible dans le droit romain. De même, en lien à la question de la répudiation, Matthieu qui écrit à des chrétiens d’origine juive intègre une exception, celle des unions illégitimes (19,9); et Paul (1 Co 7,10-16) écrivant aux convertis de Corinthe ouvre la possibilité de séparation pour les couples formés d’une personne croyante et d’une non-croyante.

Quant aux remarques de Jésus sur les enfants, présentés comme modèles pour entrer dans le Royaume, il nous faut faire attention à ne pas lire ces paroles dans une ligne trop moderne. Depuis quelques siècles, les enfants évoquent d’abord l’innocence, la naïveté, la pureté. Cela était présent au temps de Jésus mais autrement. L’enfant est d’abord vu comme dépendant et sans pouvoir. Ici, ce qui est loué, c’est sa capacité d’ouverture, de réception. Qui sait mieux recevoir un don, un cadeau, qu’un enfant. Or le Royaume de Dieu est d’abord un don gratuit à accueillir, demandant une ouverture du cœur et une disponibilité.

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