Rencontre sur la montagne
Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux. Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille. Élie leur apparut avec Moïse, et ils s’entretenaient avec Jésus. Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est heureux que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. » De fait, il ne savait que dire, tant était grande leur frayeur. Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoutez-le. » Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux. En descendant de la montagne, Jésus leur défendit de raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. Et ils restèrent fermement attachés à cette consigne, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d’entre les morts ».
COMMENTAIRE
Dimanche dernier, nous sommes entrés en Carême en suivant Jésus au désert, puis sur la route de l’annonce de la Bonne nouvelle, appelant à la conversion. En ce deuxième dimanche, nous continuons notre itinéraire, personnel et communautaire, par un nouveau déplacement, par une montée suivie d’un temps d’arrêt plus contemplatif. Nous nous retrouvons sur la montagne.
Au désert, sur la route ou sur la montagne, nous sommes toujours dans les lieux privilégiés de la rencontre du Dieu vivant dans les Écritures. La montagne est davantage associée à la grandeur et à la gloire de Dieu. Moïse et Élie sont passés par cet endroit qui fut capital dans leur expérience religieuse. C’est maintenant au tour de Jésus et de ses disciples d’en expérimenter le mystère et l’appel.
Mais ici, c’est en Jésus lui-même que la présence de Dieu est révélée. On y retrouve les signes habituels indiquant cette présence mystérieuse, qui nous dépasse : la lumière, la nuée, la voix …..Sans compter ces personnages déjà liés à la montagne, Moïse et Élie, figures de la première Alliance, le guide et le prophète, qui viennent s’associer à Jésus, le Messie qui inaugure l’Alliance renouvelée.
Avant cette expérience forte, les disciples ont reconnu en Jésus le Messie. « Tu es le Christ », a dit Pierre. Mais Jésus alors leur a annoncé qu’il passerait par la mort et la croix. Choc et scandale pour Pierre et les disciples : comment un Messie pourrait-il être faible?
Jésus prend les trois disciples, plus proches de lui, et les emmène sur la montagne. Ils peuvent alors saisir un peu plus que Jésus est vraiment l’envoyé de Dieu, en qui sa puissance et sa gloire sont présents. Ils en sont d’ailleurs bouleversés, ils ne savent que dire. Ils aimeraient aussi s’installer en ce lieu plus rassurant que les défis et conflits de la plaine : dressons trois tentes.
Mais l’essentiel de ce récit vient finalement par la Parole, la voix céleste qui est celle des Écritures (Is, Dt), appelant à écouter Jésus : « Oui, ce Jésus est bien mon Fils, bien-aimé; vous pouvez lui faire confiance, mettez-vous à sa suite. Il va vous déranger et surprendre, il vous parle de croix et de risque, mais son chemin est celui qui mène à la Vie. J’approuve entièrement… ».
Sur leur route incertaine et confuse, les disciples, au moins pour un bref temps, font l’expérience d’une lumière unique qui peut les soutenir. Le chemin à venir, à la suite de Jésus, sera difficile, incompréhensible même. Mais une lueur a brillé dans leur obscurité.
Ces expériences sont provisoires, on ne peut s’y installer. Soudain, tout est redevenu normal et il faut redescendre dans le quotidien, avec des questions non résolues. Mais l’expérience faite sur la montagne reste au plus intime de soi.
Quelles sont ces montagnes où, seul-e ou avec d’autres, j’ai entrevu cette lumière qui éblouit, ce visage qui illumine? Un lieu spécial, un temps fort, une célébration intense, un groupe inspirant, une rencontre éclairante, un événement prenant, une parole lumineuse… En ce temps de Carême, il vaut peut-être la peine d’y retourner faire un tour. Ou de s’y rendre pour la première fois.