Régulièrement, la télévision nous présente des scènes affreuses de victimes de la torture. Ces tragédies ont lieu dans différents pays du monde où les droits humains sont bafoués.
Des images de ces horreurs nous parviennent si souvent par les médias qu’elles peuvent nous devenir banales. Nous nous habituons à beaucoup de choses, même à l’insupportable. D’autant plus que nous avons le pouvoir de fermer les yeux, de changer de canal, d’aller faire autre chose. Nous pouvons oublier, ignorer, demeurer indifférents.
Ce n’est pas le cas des victimes. Elles ne peuvent pas zapper leur cruelle situation. Les ennemis sont là. Ils frappent. Ils pourraient être des frères. Mais ils sont là pour attaquer, torturer, tuer. Leur but n’est pas d’éliminer les crapauds ou de faire la chasse aux renards. Ils sont là pour mater des humains comme eux, les contrôler. Et comme la haine et la peur étouffent la raison et le jugement, ils sombrent tôt ou tard dans la violence gratuite, la torture, les exécutions sommaires.
Nous assistons à ce spectacle grotesque par médias interposés. L’émotion nous gagne. Nous avons des hauts-le-coeur. Nous ne retenons pas notre indignation. Nous participons au concert des réprobations. Et après?… Après, la vie continue. Que pouvons-nous y faire? Nous demeurons si loin qu’il nous est impossible d’intervenir. Nous n’avons ni compétence ni autorité pour faire quoi que ce soit.
Et puis, la haine est un sentiment si profond… Elle est apparue aux premières heures de l’humanité et sa course suit la trajectoire des siècles sans en éviter aucun. Les humains peuvent haïr comme ils sont capables d’aimer. Ils peuvent mépriser leurs semblables sans difficulté.
Avec toute notre bonne volonté, pouvons-nous changer le cours de l’histoire? Peut-être! Il y a au moins un champ de guerre où nous pouvons intervenir: notre propre coeur. Le chantier où la paix peut se construire commence au fond de nous-mêmes. Si nous parvenons à extirper la haine de nous-mêmes, c’est cette portion du mal qui disparaît de la terre. Et c’est déjà beaucoup. Le long itinéraire vers la paix commence par un pas, si petit soit-il. Un pas à la portée de chaque personne.
C’est faire beaucoup pour la paix dans les pays où les droits humains sont bafoués que de dépasser nos propres préjugés à l’endroit des groupes qui forment la société humaine. C’est contribuer à la fin des conflits que de porter sur les autres un regard respectueux. Respectueux de ce que sont les autres, de leurs différences, de leur liberté, de leur droit de vivre.
Nous pouvons aller plus loin encore. La paix dépend principalement de l’attitude que nous avons envers nous-mêmes. Si je ne m’aime pas, je ne peux arriver à aimer les autres. L’amour commence par l’accueil de soi, la paix avec soi-même. S’accepter soi-même, se faire confiance, croire en son potentiel, c’est se rendre capable de rencontrer les autres en toute vérité. Quelqu’un qui s’aime accepte que les autres entrent dans son paysage sans les considérer comme des envahisseurs. La bienveillance qu’il se porte à lui-même le rend bienveillant à l’égard des autres. La confiance qu’il a en lui-même atteint également les autres. Bien vivre avec soi-même pour bien vivre parmi et avec les autres.
Bref, il y a beaucoup à faire pour changer la face du monde. La première étape de ce gigantesque travail se trouve au fond de nous-mêmes.