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Le psalmiste,

Responsable de la chronique : Michel Gourgues, o.p.
Le psalmiste

Voyage au pays de « psaumadie »

Imprimer Par Daniel Cadrin

Partons en voyage avec les psaumes au pays de « Psaumadie ». Cette visite nous fera voir toutes sortes des paysages et nous invitera, avant tout, à rendre grâce. Cette excursion nous conduit dans un lieu qui n’a pas l’immensité du Canada. Du nord au sud, de l’est à l’ouest, nous sommes sur un territoire qui ne couvre que quelques centaines de kilomètres, bordé par la mer. Mais en même temps, et c’est là la magie de ce pays psalmique, nous nous retrouvons dans un univers spacieux, bien plus grand que le pays local.

SUR LA TERRE COMME AU CIEL

La géographie des psaumes n’est pas d’abord physique ou politique, même si ses racines le sont. Elle est littéralement théologique, elle situe l’espace par rapport à Dieu. L’être humain s’inscrit dans cet ensemble; il n’est pas isolé de l’univers ni coupé de son environnement, comme la culture moderne le comprend. Il fait partie de cette vaste création et il a charge d’en présider la liturgie, qui loue l’Éternel pour ses œuvres.

L’espace privilégié dans les psaumes, c’est d’abord la terre elle-même, souvent mentionnée en couple avec le ciel. Dieu est créateur de la terre et du ciel (68, 35 ; 88, 12 ; 101, 26). « Il a fait le ciel et la terre » : c’est là un véritable refrain dans le psautier (120, 2 ; 123, 8 ; 133, 3 ; 145, 6). Ciel et terre appartiennent à Dieu, mais la terre est le domaine des humains (113b, 15-16). Et finalement, Dieu est au-delà de tous ces espaces : « Sur le ciel et sur la terre, sa splendeur ». (148,13) Le monde et la terre sont fréquemment mis en parallèle, comme une équivalence (23, 1 ; 88, 12 ; 97, 9). Parfois, le monde est plus large que la terre (89, 2 ; 96, 4), car il inclut tout ce qui est créé. La terre, comme le monde, peut aussi évoquer un vaste espace habité, l’ensemble des nations, avec leurs peuples et leurs chefs (2, 2 ; 21, 28-30; 45, 11).

AU DÉSERT

Par sa nature même, le désert évoque l’errance, l’aridité et la recherche de Dieu (106, 4-7) : « Après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau. » (62, 2) Mais comme cette expérience a été fondatrice dans l’histoire du peuple, durant l’exode, la dimension historique est davantage mise en évidence. Le désert est lieu du passage vers la terre promise, lieu des révoltes et des réconciliations (77, 17-19 ; 105, 14) : « Ne fermez pas votre cœur comme au désert, comme aux jours de tentation et de défi. » (94,8) Cet accent permet de souligner le rôle du Dieu vivant qui nourrit et guide son peuple (77, 52-53) : « Lui qui mena son peuple au désert, éternel est son amour ! » (135,16)

SUR LA MONTAGNE

La montagne fait partie de la création. Elle participe au chant de louange (97, 8). Elle est impressionnante et suggère la force tranquille, la sécurité et le refuge (29, 8 ; 64, 7) : « Jérusalem, des montagnes l’entourent ; ainsi le Seigneur : il entoure son peuple ». (124, 2) . La montagne évoque aussi une expérience fondatrice pour le peuple : Dieu s’y est révélé dans sa grandeur et y a fait don de la Loi ; mais cet aspect est peu présent, explicitement, dans les psaumes. L’accent est avant tout mis sur une montagne particulière, la montagne sainte (2, 6 ; 42, 3 ; 98, 9), le mont Sion (77, 68-69 ; 124, 1) : c’est là que se trouve le temple de Jérusalem, lieu par excellence de la présence de Dieu et de la louange du peuple : « Sa sainte montagne, altière et belle, joie de toute la terre. La montagne de Sion, c’est le pôle du monde, la cité du grand roi. » (47, 3)

EN CHEMIN

Chemin, route, voie, sentier : pour un peuple qui a été nomade, marcher est une expérience fondamentale. Le déplacement marque le quotidien comme la vie spirituelle : marcher, errer, avancer. Le chemin comporte des dangers : « Sur le sentier où j’avance, un piège m’est tendu. » (141, 4) Si le chemin est nommé de façon réaliste dans les psaumes (79, 13 ; 88, 42 ; 109, 7), comme lieu de marche et d’arrêt, il est surtout évoqué comme figure de la vie morale. Il y a deux chemins, celui des justes et celui des impies (1, 6) voie de mensonge et voie de vérité (118, 29-30) : l’un conduit à la vie, l’autre à la mort. Quelle route faut-il suivre (31, 8; 142, 8) ? Il s’agit de marcher sans faillir (25, 11), guidé par Dieu (138, 24). Marcher fidèlement sur le chemin de vie évoque ainsi la mise en pratique de la Loi, dans les diverses circonstances de la vie. Le long Psaume 118 y réfère constamment : « Ta Parole, la lampe de ma route. » (118, 105)

ENTRE PRÉS ET FORÊTS

Marchant sur un sentier, on aperçoit d’abord des pâturages et des prés (36, 20 ; 64, 14) ainsi que des champs (ou la campagne). Les champs sont liés aux animaux qui s’y trouvent (8, 8 ; 49, 11 ; 103, 11) et aux travaux agricoles (106, 37). Quelques vallées sont visibles au loin, celle de Soukkôt (59, 8 ; 107, 8) et celle de la soif (83, 7). Les forets, peu fréquentes, permettent, comme les champs, de différencier les animaux qui y vivent (49, 10 ; 79, 14 ; 103, 20). Champs et forêts, les deux sont appelés à se joindre au chant de louange : « La campagne tout entière est en fête. Les arbres des forêts dansent de joie ». (95,12)

ENTRE ROCHER ET FOSSE

Sur cette terre, trouve fréquemment, des rochers. Cela n’est pas surprenant dans un pays plutôt aride. Le rocher est symbole de solidité, de stabilité, comme la montagne. Aussi, il est presque toujours un attribut de Dieu, « mon rocher », chez qui on peut se réfugier, avec confiance (17, 3 ; 27, 1 ; 70, 3 ; 88, 27) : « Le Seigneur est droit ! Pas de ruse en lui, mon rocher ! » (91, 16) Il n’est jamais question toutefois de lancer des pierres : lorsqu’on parle de celles-ci, c’est pour dire que Dieu les change en fontaine (113a, 8).

On peut tomber sur des ravins (22, 4). Mais un des dangers sur le territoire est de tomber dans une fosse (56, 7 ; 87, 5). Celle-ci, en fait, n’est pas œuvre naturelle mais elle est fabriquée, creusée (7, 16 ; 9, 16 ; 34, 7). Elle permet, par ailleurs, d’évoquer, à plusieurs reprises, ce qu’il y a sous la terre, le séjour des morts (27, 1 ; 29, 10 ; 142, 7), dont Dieu peut délivrer : « Le Seigneur… envoie sa parole, il les guérit, il arrache leur vie à la fosse. » (106, 1920) Mais cet endroit n’est pas accessible à notre visite, pour l’instant….

LA MÉTÉO

Quel temps fait-il en ce pays ? Les saisons d’été et d’hiver sont mentionnées (31, 4 ; 73, 17), mais non l’automne et le printemps. Les conditions climatiques sont variables : soleil et pluie, ouragan et foudre, grêle et brouillard, même le gel, le givre et la neige (50, 9 ; 67, 15 ; 147, 16-17 ; 148, 8). Tous ces éléments font habituellement partie de la grande chorale qui chante la louange du Seigneur (148).

Un phénomène climatique particulier est cependant plus perceptible : le vent. Il fait partie de la vie et du processus créateur (106, 25 ; 134, 7) : « Il répand son souffle : les eaux coulent. » (147, 18) Le vent vient du sud ou de l’est (47, 8 ; 77, 26). Mais plus encore, le vent renvoie au souffle créateur des origines (32, 6 ; cf. Genèse 1, 2) : « Tu envoies ton souffle : ils sont créés ; tu renouvelles la face de la terre. » (103, 30)

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