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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

3e Dimanche de l’Avent. Année C.

Imprimer Par Jacques Sylvestre

Le Baptiste

Les foules lui demandaient : « Que devons-nous faire ? » Jean leur répondait : « Que celui qui a deux vêtements partage avec celui qui n’en a pas ; et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ! » Des publicains (collecteurs d’impôts) vinrent aussi se faire baptiser et lui dirent : « Maître, que devons-nous faire ? » Il leur répondit : « N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. » A leur tour, des soldats lui demandaient : « Et nous, que devons-nous faire ? » Il leur répondit : « Ne faites ni violence ni tort à personne, contentez-vous de votre solde. » Or, le peuple était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Messie. Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s’éteint pas. » Par ces exhortations et bien d’autres encore, Jean annonçait au peuple la Bonne Nouvelle.

Commentaire :

« En vérité, je vous le dis, parmi les enfants des femmes, il n’en a pas surgi de plus grand que Jean Baptiste ; et cependant, le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui. » (Mt. 11.11) Jean Baptiste apparaît comme l’archetype de tous les témoins de Jésus Christ. Il est de la fin de l’Ancien Testament, il achève cette phase de l’histoire du salut. Pour un peule qui avait la nostalgie des prophètes et se plaignait de ne plus entendre ses prophètes, (Am.3) Jean Baptiste concentrait en lui les aspirations des Juifs. « Tout le peuple était dans l’attente, tous se demandaient si Jean n’étaient pas le Christ ». (Lc. 3.15) Jean Baptiste avait bien conscience de l’engouement qu’il suscitait auprès du peuple. Aussi a-t-il la prudence et la sagesse d’affirmer : « Je ne suis pas le Christ. Au milieu de vous il est quelqu’un que vous ne connaissez pas, celui qui vient après moi, dont moi je ne suis pas digne de dénouer la courroie de sandale. » (Jn.1. 26-27) « Moi, je vous baptise avec de l’eau…Vient le plus puissant que moi…lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. ».

La foule demande donc à Jean : « Que devons-nous faire ? » Le baptême et l’eau étaient signe de conversion dans le monde oriental. Jean répond en invitant les baptisés à la bonté et à la pratique de la charité. Aux publicains, collecteurs d’impôts et voleurs de réputation, il interdit, sans blâmer en rien leur profession tellement honnie des Juifs, de s’enrichir injustement. Quant aux soldats, qu’il laissent tranquilles les populations civiles, et se contentent de leur solde. Se convertir implique inéluctablement des actes. Outre la manière de penser, les sentiments, la volonté, la conversion souligne l’importance de l’action dans le domaine social. Comme on le voit, il n’est pas question d’accomplissement formel de préceptes ou de règles, mais d’un agir en conformité avec la charité. L’engagement dans le sens de la verticale cède le pas à l’évangile de l’horizontale. Il. Suffit de relire les Béatitudes (Mt. 5) et davantage encore la description que Jésus donne du Jugement dernier (Mt.25)

Pour signifier cette conversion, un geste s’imposait : le baptême dans l’eau. D’où le surnom de « baptiste » attribué à Jean, fils de Zacharie. Jésus, le nazaréen, Sauveur des hommes, va lui-même, bien qu’il fût sans péché et Fils de Dieu, se plier à ce rite, signe de conversion. Mais, le baptême qu’il va conférer sera un baptême dans le feu et l’esprit Saint. C’était en quelque sorte une annonce de la Pentecôte et de son éclatement universel : l’Esprit sous forme de langue de feu (Ac. 1,5 ; 11,16 ; 19,1-7) On peut croire que le feu auquel Jean fait allusion signifie le jugement décrit par la suite : « Il tient la pelle à vanner pour nettoyer son aire…Il amassera le grain dans son grenier. Quand à la paille il la brûlera dans un feu qui ne s’éteint pas. »

Jean annonce donc le Messie, non seulement plus grand et plus puissant que lui, mais également juge Mais ce Jésus est non moins celui qui vient mettre le feu sur la terre : « ma joie c’est de la voir brûler, de la voir s’embraser » (Lc.12,49) Ce n’est pas dans un christianisme froid auquel le baptême nous engage. Au matin de la Pentecôte, les apôtres fraîchement imprégnés de l’Esprit Saint, étaient comme ivres. (Ac.2.13) Un christianisme froid n’existe pas. Il ne s’agit pas ici d une exaltation passagère, d’une hystérie, mais bien d’un engagement visible dont nous puissions rendre compte. (1 Pi.3.15) Il importe de tisonner constamment la flamme de notre foi, de notre espérance et de notre amour. La messe dominicale, les sacrements de l’eucharistie et du pardon sont là pour nous rappeler notre engagement baptismale et nous pousser ainsi vers de nouvelles frontières. Le Christ a besoin de ces âmes enthousiasmées à l’idée de se lancer à l’assaut du monde. « Le Royaume des cieux est à ceux qui lui font violence.»

Outre la réception des sacrements, il faut aussi entendre cette Parole qui dérange, proclamée à haute voix ou éventuellement par d’autres « Jean baptiste » suscités par l’Esprit et placés sur nos routes quotidiennes. Mais le lieu par excellence où ces voix peuvent être entendues demeure l’Église, l’assemblée dominicale ou toute autre forme de partage vécue dans l’humilité : « Il y a quelqu’un de plus grand que moi, qui vient après moi, et dont je ne suis pas digne de dénouer la courroie de sa sandale. »

Jean Baptiste : il est toujours présent à notre quotidien en marche vers le Christ.

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