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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

2e Dimanche de l’Avent. Année C.

Imprimer Par Jacques Sylvestre

Aujourd’hui, le Prophète!

L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode prince de Galilée, son frère Philippe prince du pays d’Iturée et de Traconitide, Lysanias prince d’Abilène, les grands prêtres étant Anne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, fils de Zacharie. Il parcourut toute la région du Jourdain ; il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés, comme il est écrit dans le livre du prophète Isaïe :

À travers le désert, une voix crie :
Préparez le chemin du Seigneur,
aplanissez sa route.
Tout ravin sera comblé,
toute montagne et toute colline seront abaissées ;
les passages tortueux deviendront droits,
les routes déformées seront aplanies
et tout homme verra le salut de Dieu.

Commentaire :

La parole de Dieu fut adressée à Jean. Il parcourait toute la région proclamant comme il est écrit dans « le livre » du prophète. Un prophète a-t-il aujourd’hui encore son sens, sa valeur, sa place ? Au plan profane, certains analystes supérieurs de grandes compagnies financières ou autres, se basent sur le présent, les mutations encours, les remises en question pour parler de l’avenir du huard, de telle ou telle grande entreprise. Notre société moderne a connu de ces grands « prophètes », ainsi pourrait-on les qualifier : « voyants », visionnaires qui connaissent souvent, hélas ! le sort des anciens prophètes. Leurs mises en garde leur ont ouvert spontanément la porte de sortie. Nul n’a jamais aimé être restreint ou contredit dans sa façon de vivre.

Au sein de l’Église, Jean XXIII fut l’un de ces prophètes avec Vatican II. À ne point oublier certains rassemblements oecuméniques des Église protestantes : Genève en 1966, Upsal, en 1968. Dans un contexte de règles souvent basées sur des modèles inédits, l’Esprit Saint a suscité des êtres capables de nous sortir d’un certain enlisement pour nous relancer sur des chemins de liberté, toute d’inspiration et de progrès. L’apôtre Paul a fait œuvre de prophète en tirant de l’esclavage de la Loi la synagogue juive pour la séduire par cette Église dans laquelle ils seraient libres sous le « régime de la grâce ». (Rm.6) Tel serait le fruit des charismes dont l’apôtre rappelle la valeur dans trois chapitres de sa première lettre aux Corinthiens : dons spirituels de l’Esprit, accordés en vue du bien de la communauté. la Constitution dogmatique de l’Église (n.12) en rappelait la nécessité lors du concile Vatican II.
C’est la Parole de Dieu qui assure, comme au temps de Jean Baptiste, la permanence de l’action charismatique de l’Esprit au sein de son Eglise. Fidèle à la promesse de Jésus au soir de la Cène, elle n’est jamais repliée ou enfermée, mais toujours opérante, créatrice, révélant le projet divin : « Je vous enverrai l’Esprit qui vous rappellera tout ce que je vous ai dit, et vous révélera bien autre chose encore » (Jn.16) Elle n’existe pas comme un argument à l’usage du contestataire. « Elle est vivante la parole de Dieu… Plus tranchante qu un glaive… Elle luit dans un lieu obscur… Et ne me revient jamais sans avoir fait ce que pourquoi je l’ai fait entendre » ( He.,4.12 ; 2 Pi. 1,19 ; Is., 55) La Parole est vie et souffle, elle traduit la présence d’un être qui est Dieu. C’est par elle, d’où qu’elle émane, que Jésus réalise son travail de création, de rédemption et de sanctification. Elle est l’évangile en acte. On ne le réalisera jamais assez, avec notre habitude invétérée de lire l’évangile au passé, alors que par la Parole est présence et réalise aujourd’hui ce que Jésus prophétisait dans la synagogue de Nazareth : « Les sourds entendent, les aveugles voient, les boiteux marchent, les pauvres sont évangélisés, le Royaume de Dieu est proche. » (Lc.4)

Vatican enseignait que « pour mener à bien à cette tâche, l’Église doit scruter à tout moment les signes des temps et les interpréter à la lumière de l’Évangile, de telle sorte qu’elle puisse répondre aux éternelles questions des hommes sur le sens de la vie présente et future et leurs relations réciproques. » (Egl. dans le monde, 11 et 14).Telle peut être la toute première identification des vrais prophètes de notre temps et la source de leur discernement : la présence quotidienne et actualisée de la Parole que Dieu fit entendre un jour par la voix de Jean-Baptiste, précurseur de Jésus.

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