Si j’avais su
Comme aux jours de Noé, ainsi sera l’avènement du Fils de l’homme. En ces jours qui précédèrent le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche, et les gens ne se doutèrent de rien jusqu’à l’arrivée du déluge, qui les emporta tous. Tel sera l’avènement du Fils de l’homme. Alors, deux hommes seront aux champs : l’un est pris, l’autre laissé ; deux femmes en train de moudre : l’une est prise, l’autre laissée. Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour va venir votre Maître. Comprenez-le bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur devait venir, il aurait veillé et n’aurait pas permis qu’on perçât les murs de sa demeure. Ainsi donc, tenez-vous prêts, vous aussi, car c’est à l’heure que vous ne pensez pas que le Fils de l’homme viendra.
Commentaire :
En Matthieu (24 : 3), la question de la fin des temps avait été posée : Dis-nous quand cela aura lieu et quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde. Jésus aurait, semble-t-il, donné une réponse en contradiction avec celle qui suit : En vérité je vous le dis, cette génération ne passera pas avant que tout cela ne soit arrivé. Cette fois, à qui s’adresse donc la réponse rapportée par l’évangéliste ? À une communauté en attente de la fin des temps ou à une communauté sombrée dans le sommeil. Dans ce discours (24 : 37-25 : 46), le cinquième des grands discours de Matthieu, l’exhortation à la vigilance lancée par l’évangéliste (37-44) est constituée d’une série de paraboles décrivant la vraie nature et qualité de l’attente : parabole du majordome (45-51), celle des dix vierges (25 : 1-13), des talents ( (14-30) et enfin le jugement dernier, finale de cette section (31-46). Ces images s’impriment davantage dans la mémoire que les idées abstraites.
A cette époque, tout un milieu juif vivait dans l’attente de la fin, chaque génération était persuadée d’être la dernière. Jésus avait affirmé que le Royaume était déjà là, tout en annonçant que le Royaume était à venir. Tout est là, mais tout n’est pas achevé. La question du délai entre le présent et la fin était donc secondaire. Si cela n’avait pas été vrai, la foi de disciples aurait facilement sombré et Paul n’aurait pas continué à prêcher (1 Th.4 : 15; 2 Cor. 5 :1-8; Phil. 1 :23).
L’image du déluge qui suit ne cible pas d’abord une catastrophe soudaine contre laquelle on ne peut rien, mais l’attitude des humains : Ils ne se doutaient de rien et vaquaient à leurs occupations habituelles. Téméraire ignorance ! C’est pour cette raison que Jésus lance l’appel à la repentance (Mc.12 :1-11; Jn.4 :40; Mt. 23 :37, Lc. 13 :6-9) : La dernière heure viendra au moment où vous n’y pensez pas, il importe de la prévenir. Matthieu s’adresse à ceux et celles qui ne se doutent de rien comme la génération du déluge. Les hommes n’auront plus le temps et les moyens de se préparer : l’un sera pris, l’autre laissé, l’un sauvé, l’autre perdu. Et à ceux qui frappent à la porte de la salle des noces, on répondra : Je ne vous connais pas. Mt. 25;12)
Veillez ! Le fidèle demeure en état de ville. La suite des paraboles viendra éclairer le comment de cette veille. La vigilance ne se réduit pas à un vague état d’âme ou une attitude négative, non plus une attente fiévreuse, mais fidélité à la mission, obligation de remplir ses responsabilités et devoirs de secourir ses frères dans le Christ. Ainsi peut se définir la préparation à l’avènement du Christ. Avec ce rappel à la vigilance, la communauté primitive marquait son intérêt pour l’un des thèmes de la prédication de Jésus.
Si j’avais su ! Pour éviter pareil reproche, Jésus tente de sortir les hommes de leur torpeur. Quelque chose va se produire alors qu’on ne l’attend plus. L’inattendu de l’événement, telle est la pointe de la parabole du cambrioleur, et cet avertissement ne concerne pas seulement les chrétiens de la primitive Église. (Ap.3 :3 et 16 :15) La vigilance ou l’attente est des plus essentielle, non comme une crainte, mais une espérance que celui qui est venu vivre parmi nous donnera une véritable sens à nos vies et à notre univers afin que Dieu soit tout en tous . (1 Cor. 15 :24-28) Vivre comme si ce jour était déjà là. Exigence de fidélité à la mission confiée par le Maître.
Si j’avais su !