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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

Christ-Roi. Année C.

Imprimer Par Jacques Sylvestre

Dernière communion

Le peuple restait là à regarder. Les chefs ricanaient en disant : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! » Les soldats aussi se moquaient de lui. S’approchant pour lui donner de la boisson vinaigrée, ils lui disaient : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! » Une inscription était placée au-dessus de sa tête : « Celui-ci est le roi des Juifs. » L’un des malfaiteurs suspendus à la croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même, et nous avec ! » Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu n’as donc aucune crainte de Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. » Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne. » Jésus lui répondit : « Amen, je te le déclare : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »

Commentaire :

Nous n’en sommes pas au Dimanche de la Passion. Ce texte de Luc proclamé à l’occasion de la fête du Christ Roi fait fonction de critique radicale concernant le sens de la fête : c’est en tant que crucifié que nous adorons le Christ notre Roi. (1 Co. 2.2), et la croix occupe la place centrale dans cette célébration. Le Christ-Roi n’est pas l’équivalent chrétien du sauveur cosmique présenté dans la lettre de Paul aux Colossiens (Col. 1 : 15+) : il est venu instauré la paix par le sang de sa croix (Col. 1 : 20)

Le récit fait grande place au dialogue entre des malfaiteurs et Jésus. Deux hommes crucifiés avec Jésus sont « suspendus» détaille le texte. Dans la pensée de Luc, le terme « crucifié » doit être réservé à Jésus seul. Face à la mort et aux injures du larron suspendu à sa gauche, le bon larron répond par des reproches. Au moment de mourir, il importe de taire toute malédiction et outrage, reprend-il, il n’y a de place que pour la crainte de Dieu. Impliqués dans un même destin, les uns avec les autres, nul ne peut se dégager de toute solidarité. « Lui n’a rien fait de mal ». Comment ce malfaiteur sait-il cela et d’où lui vient ce témoignage spontané. A trois reprises Pilate avait rendu un témoignage identique : « Je ne trouve aucune faute en lui » (23 : 4,14,22) Et le centurion après la mort de Jésus ne saura que dire : « Cet homme était vraiment un juste ».

Le point capital de cet épisode est certes la prière du bon larron, expression d’une confiance inégalée : « Jésus, souviens-toi de moi quand u viendras inaugurer ton Règne. » La demande d’un « souvenir » faisait partie de la langue liturgique de l’Ancien Testament. Dans sa détresse, le désespéré se tourne vers Dieu et le prie de se souvenir de lui, souvenir qu’il identifie à une présence agissante. Mais le plus étonnant, c’est que le malfaiteur s’adresse à Jésus en l’appelant par son Nom : Jésus.

La prière du supplicié sera exaucée d’une manière jamais pressentie même lorsque nous disons à l’oraison de la messe : « Toi qui donne plus que n’osons demander ». « En vérité, lui promet Jésus, tu seras avec moi aujourd’hui dans le Paradis ». Jésus ne fait pas de promesse pour un jour, mais c’est aujourd’hui qu’il exauce la prière du malheureux. Aujourd’hui prend fin la période d’attente, « d’espérance contre toute espérance » pour le rebus de l’humanité. Pour une toute première fois l’homme reçoit de la part du Sauveur la garantie personnelle de vivre avec lui dans le Paradis. Le paradis ! Jésus en dévoile le mystère en quelque sorte par ces deux mots : « avec moi ». La communion ici-bas dans la misère et la souffrance trouvera sa récompense là-haut dans la gloire du Royaume. .

Communion dans l’abaissement et l’amertume de la mort, l’homme est associé au destin du Christ. Porte-parole des désespérés, le larron devient modèle d’espérance pour tous ceux qui à quelque niveau que ce soit affrontent le mal et la souffrance. Ce jour de mort sera jour d’entrée au Paradis, lieu de la béatitude ; ce Paradis, l’ « être avec moi », avait promis Jésus.

Ce passage est incontestablement un Évangile, une Bonne Nouvelle. Identifié comme Jésus-Sauveur au principe de son existence (Lc. 1 : 31), Jésus jusqu’à la fin demeure fidèle à sa mission. Mourir comme le larron, le regard d’espérance fixé sur Jésus, mourir en communion avec lui pour vivre en communion avec lui pour l’éternité.

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