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Patristique

Conte des rois mages au 5e siècle

Imprimer Par Saint Léon le Grand

Élu pape en 440, saint Léon le Grand était depuis plus de dix ans l’un des personnages les plus influents de l’Église. Il prit une part active aux luttes contre les hérésies multiples en un temps de recherche de la vérité concernant le Christ. Mais ce que l’histoire a conservé « jalousement » de saint Léon, ce sont particulièrement ses prédications. La liturgie occupait une grande place dans son esprit notamment les deux grands cycles de l’année liturgique, à Rome, au 5e siècle, soit celui de la Nativité du Seigneur et la fête pascale. Sa prédication qu’il faisait de façon très simple, saint Léon n’était pas un grand théologien, visait surtout à donner à ses auditeurs l’intelligence du mystère célébré. Le sermon était l’une des fonctions importantes de son ministère sacerdotal, un devoir qui lui incombait comme pasteur, un service à rendre à son peuple. Léon ne se sentait pas libre de prêcher : « Malheur à moi si je n’évangélise pas » proclamait l’apôtre Paul.

À peine venons-nous, fils bien-aimés, de célébrer le jour où la Vierge sans tache a donné à l’humanité son Sauveur, que se présente à notre vénération la fête de l’Épiphanie ; elle vient prolonger notre joie, et la continuité de ces solennités, dont les mystères s’apparentent, empêchera notre enthousiasme de s’affaiblir et notre foi de tiédir.
Le genre humain tout entier était intéressé à ce que l’enfance du Médiateur de Dieu et des hommes fut révélée à l’univers dès les temps où il était encore caché dans une bourgade ignorée. Sans doute, avait-il choisi le peuple d’Israël et, dans ce peuple, une famille, pour y prendre la nature commune à toute l’humanité ; cependant il ne voulut pas borner aux étroites limites de la maison maternelle les prémices de son avènement ; il voulut aussitôt se faire connaître à tous, lui, qui daignait naître pour tous. Trois mages des pays de l’Orient voient apparaître une étoile d’une clarté nouvelle plus brillante, plus belle que les autres astres, elle attire aisément les regards et captive les cœurs de ceux qui l’observent ; ils comprennent d’emblée qu’une chose si extraordinaire n’est pas sans portée. Celui qui suscite ce signe en donne l’intelligence à ceux qui le voient ; ce qu’il leur fait comprendre, il les fait chercher, et il les fait chercher pour se laisser trouver.

Ces trois hommes suivent donc la route indiquée par la clarté céleste ; et, tandis qu’ils marchent, les yeux fixés sur l’astre qui les guide, la lumière de la grâce les amène à reconnaître la vérité. Ils estiment dans leur bon sens, qu’il faut chercher dans la ville royale la naissance du roi qui leur est signifiée. Or celui qui avait pris la forme de l’esclave, qui n’était pas venu en juge, mais en justifiable, avait choisi Bethléem pour lieu de sa naissance et Jérusalem pour lieu de sa passion. Mais Hérode, apprenant qu’un roi des juifs est né, s’alarme, soupçonne un successeur, et, tout en machinant l’assassinat de l’auteur du salut, offre hypocritement son concours.

Heureux s’il eût imité la foi des mages, et, s’il eût mis au service de la religion les plans qu’il concevait pour le mensonge ! aveugle impiété d’une folle ambition, tu penses pouvoir, par ta fureur, bouleverser le dessein de Dieu ! Le Maître du monde ne cherche pas un pouvoir temporel, lui qui donne un royaume éternel. Pourquoi t’efforces-tu de renverser l’ordre immuable des dispositions providentielles, et préviens-tu le crime que d’autres commettront ? Ton temps ne verra pas la mort du Christ ; il faut qu’auparavant l’évangile soit fondé, il faut que le Royaume de Dieu soit prêché, que les malades soient guéris, que des miracles soient accomplis. Pourquoi veux-tu te charger d’un forfait qui doit être l’œuvre d’un autre ? Tu ne jouiras pas du fruit de ton crime : ta volonté en accumule seulement sur elle-même la culpabilité. Tes machinations ne te serviront de rien, elles ne te mèneront à rien ; il est né quand il l’a voulu, il mourra selon les dispositions de sa libre volonté.

Les mages donc, accomplissent leur dessein, et l’étoile qui les précédait les amène auprès de l’enfant, le Seigneur Jésus Christ. Ils adorent le Verbe dans la chair, la sagesse dans l’enfance, la force dans la faiblesse, et, dans la réalité d’un homme, le Seigneur de majesté. Pour faire paraître un signe de leur foi et de leur intelligence, ils attestent par des présents ce qu’ils croient dans leur cœur ; ils offrent de l’encens comme à Dieu, de la myrrhe comme à l’homme et de l’or comme au roi, conscients d’honorer dans l’unité la nature divine et la nature humaine ; car les propriétés de chaque substance se réunissaient en une seule dignité.

Mes vien-aimés, élevez donc vos esprits, aimés par la foi, vers la grâce étincelante de la lumière éternelle, vénérez des mystères qui ont acheté le salut du genre humain, dirigez vos actions selon ce qui a été accompli pour vous. Aimez la chasteté sans tache, puisque le Christ est fils de la virginité ; renoncez aux désirs charnels qui combattent contre l’âme, comme nous y exhorte, par les paroles qui ont été lues, le bienheureux Apôtre auprès duquel nous sommes ; soyez des enfants sous le rapport de la malice, puisque le Seigneur de gloire s’est rendu semblable aux enfants des mortels ; pratiquez l’humilité que le fils de Dieu a daigné enseigner à ses disciples ; revêtez-vous de la force que donne la patience, et dans laquelle vous deviendrez les maîtres de vos âmes, car celui qui est notre rédemption à tous est aussi notre force ; apprenez à goûter les réalités d’en haut non celles de la terre ; progressez constamment dans la voie de la vérité et de la vie ; que les soucis terrestres ne vous arrêtent pas puisque les biens célestes vous sont préparés par notre Seigneur Jésus Christ qui, avec le Père et l’Esprit Saint vit et règne dans les siècles des siècles. Amen.

Patristique

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