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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

3e Dimanche du temps ordinaire. Année C.

Imprimer Par Jacques Sylvestre, o.p.

Agenda

Puisque beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, tels que nous les ont transmis ceux qui furent dès le début témoins oculaires et serviteurs de la Parole, j’ai décidé, moi aussi, après m’être informé soigneusement de tout depuis les origines, d’en écrire pour toi, illustre Théophile, l’exposé suivi, afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as reçus… Jésus revint alors en Galilée avec la puissance de l’Esprit, et sa renommée se répandit à travers toute la région. Il enseignait dans leurs synagogues et tous célébraient ses louanges. Il vint à Nazareth où il avait été élevé, entra, selon sa coutume, le jour du sabbat, dans la synagogue et se leva pour faire la lecture. On lui présenta alors le livre du prophète Isaïe ; déroulant le livre, il trouva le passage où il est écrit : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, rendre la liberté aux opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur ». Il replia le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous dans la synagogue avaient les yeux fixés sur lui. Alors, il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit à vos yeux ce passage de l’Écriture ».

Commentaire :

Dimanche de l’évangile, ainsi pourrait-on qualifier ce jour : il comporte en effet, de l’évangile selon saint Luc, le bref mais éloquent prologue (1 : 1-4 ) et introduit la première grande section de son oeuvre : le ministère de Jésus en Galilée ( 4 : 14-15). Pour bien situer l’auteur et son message, vous pouvez relire le commentaire sur le site « Spiritualite2000 », dans « Archives » : Année C (2002), 3e dimanche ordinaire.

Luc est celui que l’on appelle l’ « Évangéliste de la miséricorde ». Nous trouvons dans son évangile nombre de paraboles à cet effet : le publicain, l’enfant prodigue, et les épisodes de la pécheresse, de Zachée et du bon Larron. Et immédiatement après la résurrection, revêtus de la force de l’Esprit, les Douze se mettent à prêcher la conversion (24 : 47). Comme écrivain sacré, Luc a grand soin d’insister sur la précision des faits arrêtés grâce à ses recherches d’historien consciencieux. Chacun de ces faits et gestes de Jésus est pour lui porteur d’un sens pour tous les « Théophile », ce nouveau converti, juif, héritier des messages prophétiques que la personne et l’œuvre de Jésus accomplissent (4 : 21 et 24 : 44). Cette précision concernant Théophile, destinataire de tout l’œuvre de Luc, tant l’évangile que les Actes des Apôtres (Lc. 1 : 3 et Ac.1 : 1), prouve l’importance de l’objectif poursuivi par l’évangéliste : Théophile est sans doute d’une position sociale élevée et païen converti. Luc voulait-il inviter son confident à faire connaître le livre en milieu païen, c’est plus que probable.

Le but de l’évangéliste devient avec l’introduction à la première grande section de son évangile (4 : 14 à 9 : 50) celui-là même de Jésus. Ce dernier entre dans la synagogue de Nazareth et se définit en proclamant sa mission future. C’est l’Esprit qui le pousse sur les routes des hommes, cet Esprit venu sur lui lors de son baptême au Jourdain (3 : 21). Jésus sera comme saisi, conduit par cette force ( 3 : 22, 23, 46), et dans ce court passage (14-15 ) sont décrits les effets de cette puissance surnaturelle agissant en Lui. On ne saurait dire quel pouvait être le contenu de la prédication de Jésus, si l’on compare avec Marc ( 1 : 14-15 ) et Matthieu ( 4 : 17 ) ; mais chose certaine, c’est à l’intérieur de la Galilée que Jésus oeuvra avant de revenir à Nazareth.

Cette « heure de Nazareth », début du ministère de Jésus, sonne comme « une année de grâce du Seigneur ». L’expression empruntée à Isaïe a de quoi nous saisir. C’est comme si l’éternité faisait irruption dans le temps des hommes, décomposée, exposée année après année, jour après jour. Un texte de Paul aux Éphésiens illumine notre existence comme l’éclair en plein ciel un jour d’orage : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ qui nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles aux cieux dans le Christ. C’est ainsi qu’il a nous a élus en lui, dès avant la création du monde pour être saints et immaculés en sa présence, dans son amour…Tel fut le bon plaisir de sa volonté à la louange de gloire de sa grâce dont il nous a gratifiés dans le Bien-Aimé… » (Eph. 1 : 3 +). Combien séduisant peut être cette pensée de l’intrusion de l’éternel amour de Dieu dans le temps des hommes dont il transfigure chacune des unités de temps en « An de grâce ». Plus jamais de désespérance, plus jamais de condamnation sans retour, mais à chaque jour sa miséricorde, sa tendresse, son pardon.

An de grâce, jour de grâce : tel pourra devenir après ce « jour de Nazareth », l’agenda de notre quotidien.

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