Francine Carillo est pasteure protestante à Genève. Seule ou en collaboration (notamment avec Lytta Basset), elle travaille au renouvellement du discours spirituel. Elle laisse de côté le langage codé et convenu de la tradition. C’est avec des mots empreints d’humanité, chargés du poids des jours, qu’elle parle de l’expérience du divin et de la nouvelle naissance. Elle laisse pressentir le Mystère au lieu de chercher à le déshabiller.
Vers l’inépuisable est un recueil de courts poèmes méditatifs. C’est le genre de livre qu’on garde à son chevet ou qu’on emporte avec soi pour vivre un temps de solitude. La présentation matérielle aérée laisse place au silence et à la respiration intérieure. Chaque poème est attribué à une semaine dans l’année (civile, pas liturgique). Les poèmes s’inspirent de 12 textes bibliques différents : un par mois, puisés tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament. Ces textes sont choisis pour la manière dont ils permettent de nommer une facette importante de l’expérience spirituelle : «abriter la lumière», «consentir au souffle», «incliner son oreille au-dedans», «veiller dans l’obscurité».
Pour vous permettre de goûter un peu à la saveur unique de ce recueil de poèmes, voici celui de la première semaine de septembre :
Les jardins se fanent,
La terre entame
son repli.
C’est pour le semeur
le temps
de la patience.
On pourrait déjà
se blottir
dans l’automne.
Reviennent les tâches
et les gestes familiers.
Et la distance
toujours béante
entre l’espéré
et l’accompli.
Nous collons à la glaise,
irrémédiablement.
Et si la légèreté
nous vient,
c’est au travers
de la pesanteur
reconnue et
aimée.
Apprivoiser
doucement
ce tremblement
de l’existence.
Il abrite le souffle
par lequel nous respirons.