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L’au-delà n’est pas le paradis!

Imprimer Par Denis Gagnon, o.p.

Dans le monde musulman, on souhaite ardemment le martyre. Et beaucoup de disciples de Mahomet mettent en place les dispositifs de guerre dans l’espérance de mourir. Ils sont prêts au sacrifice de leur vie terrestre pour faire disparaître le mal dans le monde, un mal qui, selon eux, vient surtout des États-Unis. Leur sacrifice est d’autant plus recherchée qu’ils croient à la vie éternelle. Et pour eux, le martyre est une garantie, un laisser-passer assuré vers le paradis. Ils croient _ et de plus en plus fermement _ à une vie après la vie.

Pendant ce temps, l’Occident délaisse progressivement la foi en un au-delà de ce monde. On rencontre de plus en plus de gens qui ne croient pas à la résurrection. Il y a quelques années, une enquête révélait que 50% des Français ne croient pas à l’au-delà. Et, parmi eux, un bon pourcentage de chrétiens et de chrétiennes, et même des chrétiens et des chrétiennes qui fréquentent l’église le dimanche, jour de la résurrection. De tels pourcentages se retrouvent dans d’autres pays. Nous connaissons quelque chose de semblable chez nous.

Dernièrement, un jeune papa dans la trentaine me disait: Si je croyais au ciel comme les chrétiens le rêvent, je me suiciderais pour y arriver le plus tôt possible. Dans une entrevue au magazine français Panorama, le philosophe français Luc Ferry a dit: Je trouve que ce que nous propose la religion est trop beau pour être vrai. Que voulons-nous au plus profond de nous-même? ne pas être séparé par la mort des êtres que nous aimons. Tout cela la foi chrétienne prétend nous l’offrir. Le fait que son message corresponde si bien à ce que j’ai fondamentalement le désir d’entendre, me paraît suspect. Je crains que la foi ne soit qu’une magnifique construction humaine… (Juin 1998)

Les Sadducéens ont donc de nombreux sympathisants parmi nos contemporains. Je ne serais pas surpris que les Sadducéens _ ceux d’hier comme ceux d’aujourd’hui _ rejettent la résurrection à cause des images que nous nous faisons du paradis et de l’au-delà. Un monde merveilleux! Tout est parfait! Le bonheur total, la santé absolue, la paix entière! Nous y retrouvons les gens que nous aimons pour partager avec eux une vie sans anicroche, sans monotonie, dans l’harmonie éternelle! Les vacances éternelles avec un perpétuel beau temps et l’absence de toute catastrophe. Nous imaginons un au-delà calqué sur notre monde terrestre, les difficultés et les malheurs en moins, les bonheurs et les réussites portés à leur maximum. Bref, le ciel serait un retour au paradis, avant la chute d’Adam et Ève. Un retour à l’harmonie primitive.

Peut-être faut-il nous contenter de rêves plus sobres. L’au-delà n’est peut-être pas le paradis! Jésus se montre plutôt discret sur toute description de la vie après la vie. Il évoque les anges pour dire que nous vivrons comme eux. Mais attention, Jésus ne dit pas que nous perdrons notre identité humaine. Il ne dit pas que nous serons de purs esprits et que ceux que nous avons aimés sur terre vont nous laisser indifférents. Il ne dit pas que nous allons prendre nos distances, faire chambre à part et nous barricader dans la solitude qu’aucun microbe ne pourra traverser.

Jésus dit: Ils sont semblables aux anges, ils sont fils de Dieu, en étant héritiers de la résurrection. Jésus affirme que les morts vivent dans la proximité de Dieu, qu’ils partagent la vie de Dieu. Ils sont en communion avec lui. Ce qui ne les empêchent pas, bien au contraire, de partager la vie des autres et d’être en communion avec les êtres qui leur sont chers.

Car Dieu est le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob. Il n’est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants. Dieu le vivant ne nous a pas créés pour nous laisser périr, pour nous laisser disparaître. Dieu nous veut vivants. Nous croyons que Dieu se fait proche de toute personne qui traverse la mort: c’est l’essentiel.

Jour après jour, nous enracinons notre foi dans l’événement inouï de la résurrection de Jésus de Nazareth. Nous considérons que c’est pour nous une garantie d’avenir, un avant-goût de l’au-delà que Dieu nous offre. Oui, il est grand le mystère de la foi. Comme nous l’exhorte saint Paul: Laissez-vous réconforter par notre Seigneur Jésus Christ lui-même et par Dieu notre Père, lui qui nous a aimés et qui, dans sa grâce, nous a pour toujours donné réconfort et joyeuse espérance.

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