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Aventure spirituelle,

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Aventure spirituelle

Croître dans la prière

Imprimer Par Denis Gagnon, o.p.

L’Office des lectures représente un lieu privilégié de formation spirituelle et de croissance dans la foi. À celles et ceux qui le pratiquent, il permet de fréquenter de nombreux auteurs inspirés et inspirants. Voici quelques suggestions, réflexions et références pour essayer de tirer les meilleurs fruits possibles de cette heure.

On raconte que le pape Paul VI s’inquiétait de la vie spirituelle des prêtres. Il s’en serait ouvert au Consilium qui travaillait à la réforme de la liturgie des Heures. Il semble que le pape souhaitait que l’Office des lectures paraisse le plus vite possible. Il voyait dans cette heure de l’Office divin, avec ses lectures bibliques et patristiques, un bon moyen de revitaliser le clergé.

Que l’anecdote soit vraie ou non, peu importe. L’idée est juste. Il est vrai que la liturgie en général est une source importante de la formation permanente. Et l’Office des lectures, un lieu privilégié pour se faire.

Un lieu de croissance dans la foi

Attention! Il faut voir la formation permanente dans son sens le plus large possible. Elle n’est pas seulement un lieu d’apprentissage de connaissances. Mais aussi et surtout un lieu pour nourrir la foi, un lieu pour préciser notre identité comme baptisés, disciples du Christ, membres de l’Église. La liturgie travaille à créer en nous une mentalité ou favorise celle qui s’est créée en nous au fil des ans, par nos rencontres et nos pratiques chrétiennes. Vous êtes-vous déjà demandé ce que vous seriez devenu, quelle personnalité vous auriez maintenant si vous aviez vécu dans un monde complètement étranger au christianisme? Si nous insistons sur certaines valeurs plutôt que d’autres, c’est parce que l’Évangile nous a influencés. La vie de l’Église et notre éducation religieuse tiennent une grande place dans nos options, nos priorités, dans toute ce que nous sommes.

Les psaumes

Prenons un exemple: les psaumes. La personne qui prie chaque jour en utilisant les psaumes finit par penser et prier à la manière des psaumes. L’esprit qui se dégage de ces 150 prières la rejoint profondément, à la manière de l’étude d’une langue. Lentement, jour après jour, à force de dire, elle finit par épouser la mentalité, la passion des psaumes. Imperceptiblement, mais profondément, comme une deuxième nature. Les causes des psaumes deviennent les siennes. Leur attachement à Dieu l’interpelle et l’entraîne dans l’expression de sa foi.

Le travail d’influence des psaumes sur notre vie spirituelle peut être plus efficace si nous consacrons du temps à étudier ces prières. Dans bon nombre de bibles, les notes en bas de page et les références en marge offrent des renseignements qui aident à comprendre les psaumes. Parfois, ces notes renvoient à des pages d’évangile qui peuvent nous éclairer. Il existe de bons commentaires des psaumes, du plus simple comme les commentaires de Noël Quesson (50 psaumes pour tous les jours. Jalons pour la prière et la méditation quotidienne, Limoges, Droguet – Ardant, 2 tomes, 1978, 342 p. et 1979, 338 p.), d’Armand Desautels (La Prière du Christ et de l’Église, Lac Beauport, Éditions Anne Sigier, 1980, 249 p.), jusqu’à des ouvrages plus costauds comme ceux de Marc Girard (Les psaumes. Analyse structurelle et interprétation, Montréal/Paris, Bellarmin/Cerf, trois tomes, 1984, 412 p.; 1994, 624 p. et 1994, 564 p.) .

Se plonger dans ces études n’est pas du temps perdu. La grosse brique de Robert Michaud, Les psaumes. Adaptation de l’oeuvre en trois volumes de Gianfranco Ravasi (Montréal, Éditions Paulines, 1993), propose des commentaires facilement abordables tout en étant assez serrés. On regrette beaucoup qu’il n’y ait pas d’équivalent récent au Guide du psautier de la «Bible de Jérusalem» rédigé par Joseph Gelineau et Didier Rimaud (Paris, Cerf, 1962, 249 p.) Ce petit ouvrage avait l’avantage de proposer des fiches très précises sur chaque psaume (étude de vocabulaire, utilisation liturgique, etc.) et des tables très fouillées.

Les lectures

Les psaumes ne sont pas les seuls éléments de l’Office des lectures. Les lectures bibliques et spirituelles sont les éléments les plus importants. La répartition des lectures bibliques nous permet de lire de grandes parties des livres de la Bible, et en lecture semi-continue. Pendant quelques jours, parfois quelques semaines, nous baignons dans une lettre de Paul ou dans les oracles du prophète Isaïe. Cela nous offre l’occasion d’apprivoiser une section des Écritures. Notre méditation s’en nourrit, la prière aussi.

Nous pouvons en profier pour étudier la section en question. La célébration de l’Office des lectures n’est sans doute pas le bon moment pour nous mettre à l’étude, bible et crayon en main. Mais avant ou après la célébration, rien ne nous empêche de lire ou de relire l’introduction que nous donne notre édition de la Bible ou notre édition de l’Office des lectures elle-même. Il est aussi possible de consulter les notes en bas de page ou les références en marge dans notre bible. Nous pouvons poursuivre en étudiant un Cahiers Évangile (Paris, Cerf) sur le livre biblique que nous avons lu, ou nous plonger résolument dans un ouvrage plus étoffé. Parfois, les livres historiques nous embêtent. Pourquoi ne pas prendre la peine de lire un ouvrage sur l’histoire d’Israël? (Voir par exemple Damien Noël, Les origines d’Israël, Cahiers Évangile, no 99, Paris, Cerf, 1997, 67 p.; Id. Au temps des rois d’Israël et de Juda, Cahiers Évangile no 109, Paris, Cerf, 1999, 67 p.)

La même chose peut se faire à propos des lectures tirées des oeuvres des Pères de l’Église ou des auteurs spirituels. Saint Augustin est l’auteur le plus utilisé par le lectionnaire patristique de la liturgie des Heures. Que savons-nous de ce docteur de l’Église? Le livre de Peter Brown, La vie de saint Augustin, (Paris, Seuil, 1971, 536 p.) peut être une très bonne introduction, de meme que celui de Goulven Madec, Le Dieu d’Augustin (coll. «Philosophie et théologie», Paris, Cerf, 1998, 214 p.). Avons-nous déjà lu ses Confessions? Ou ses commentaires des psaumes (voir A.-M. Besnard, Saint Augustin. Prier Dieu. Les Psaumes, coll. «Chrétiens de tous les temps», no 3, Paris, Cerf, 1964, 208 p.)? Avons-nous déjà mis le nez dans une biographie de saint Jérôme ou une étude des homélies de saint Grégoire le Grand? Les Éditions du Cerf publient une excellente collection des Pères de l’Églises, les «Sources chrétiennes». Parfois, nous trouvons aride ou hermétique une page ou l’autre d’un auteur ancien. Cette page restera aride ou hermétique si nous ne prenons pas la peine d’aller plus loin qu’une simple lecture du texte.

Quelques outils à consulter: Lectionnaire monastique de l’Office divin à l’usage de l’Abbaye Saint-Pierre de Solesmes, en six volumes, Solesmes/Paris, Abbaye de Solesmes/Cerf; les fiches de lecture de l’Abbaye d’Orval; la collection «Connaissance des Pères» chez Desclée de Brouwer; la collection «Les Pères dans la foi», Paris, Desclée de Brouwer; la collection «Foi vivante», Paris, Cerf; Lectures pour chaque jour de l’année, Paris, Cerf/Desclée/Desclée de Brouwer/Mame, 1977; Lectures pour toutes circonstances, textes choisis et présentés sous la direction de André Mandouze et Jean-Pierre Bagot, en six volumes, coll. «Langages des Hommes/Parole de Dieu», Paris, Cerf/Droguet et Ardant, 1977; Les 4 saisons. Prières pour chaque jour de l’année, Paris, Desclée/Mame, 4 tomes, 1976-1977; Jean-René Bouchet, Lectionnaire pour les dimanches et pour les fêtes. Lectionnaire patristique dominicain. Paris, Éditions du Cerf, 1994, 574 p.; Auguste Berz, Te rencontrer pour chaque jour…, 2 volumes; Paul-Émile Vachon, À coeur de semaine l’Évangile, Sainte-Foy, Éditions Anne Sigier, 4 tomes, 1982-1983-1984-1985; René Bernard, Cent jours avec toi, Montréal, Éditions Paulines, 1988, 247 p.

Pouvons-nous faire davantage? Sans aucun doute. Les livres officiels proposent un choix de lectures réparties sur une année. À la fin des livres, on propose aussi une répartition sur deux ans. Cela permet une lecture plus abondante des Sainte Écritures. Rien ne nous interdit une répartition différente. Certains «pratiquants» de l’Office des lectures suivent les plans de lecture publiés par les sociétés bibliques; nous en offrons un exemple dans le présent numéro de CÉLÉBRER LES HEURES (no 29, printemps 2001). D’autres prennent leur temps et lisent leur bible à petite dose, d’un couvert à l’autre. Autant que faire ce peut, il est bon cependant de respecter les temps liturgiques en lisant plutôt les Actes des apôtres au temps pascal et Jérémie durant le carême, et ainsi de suite.

Quant à la lecture spirituelle, ce serait respecter l’esprit de l’Office des lectures que de lire en lecture continue un bon ouvrage d’un auteur spirituel comme Charles de Foucauld, Madeleine Delbrel, Henri Nouwen, André Louf ou Maurice Zundel. La collection «L’Expérience de Dieu» publiée chez Fides peut aussi être une bonne source de référence, comme les collection «Les écrits des saints» (Namur, Éditions du Soleil Levant), «Saints de tous les temps» (Paris, Beauchesne) ou «Petite Vie» (Paris, Desclée de Brouwer). Le livre de Jean-Pierre Foucher (dir.), Poésie liturgique. Orient. Occident (Paris, Mame, 1963, 330 p.) offre d’autres types de textes. En alternance avec la lecture patristique, un extrait d’un de ces textes pourra donner une couleur contemporaine à la célébration de l’Office des lectures.

Tous ne célèbrent pas l’Office des lectures. C’est dommage car plusieurs hymnes de cette Heure sont d’une grande qualité poétique et théologique (par exemple: Voici la nuit; En toute vie; Pour que l’homme soit; Dieu que nul oeil). Elles pourraient trouver place dans l’Office du matin ou l’Office du soir.

Voilà donc quelques propositions pour profiter au maximum de l’Office de lectures. Peu importe les choix, l’important est de favoriser la prière et la croissance dans la foi. Dans ce lent travail de mûrissement, «le Christ est toujours là auprès de son Église… présent dans sa parole, et c’est lui qui parle tandis qu’on lit dans l’Église les Saintes Écritures.» (Vatican II, Constitution sur la liturgie, no 7, Paris, Cerf, 1966, tome I, p.133)

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