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Saint frère André, priez pour nous!

Imprimer Par Denis Gagnon

L’Église catholique qui est à Montréal est en liesse. Quelques autres partagent sa joie. Le frère André de l’Oratoire Saint-Joseph est reconnu saint par le pape Benoît XVI. Il ne s’agit pas d’une simple formalité. Depuis sa mort, Alfred Bessette est scruté à la loupe pour finalement être déclaré apte à atteindre le podium de la sainteté.

La sainteté du frère André était déjà reconnue par des milliers de croyants et de croyantes. Des millions même quand on pense que plus de la moitié de la province de Québec a défilé devant son cercueil en 1937. Avec Maurice Richard, le héros du hockey, le frère André fait partie de ce que nous pourrions appeler le temple de la renommée québécoise et canadienne-française.

Un homme ordinaire, un simple! Monsieur Tout-le-monde! Pas de diplôme au plan intellectuel, pas de talent flamboyant comme les vedettes de cinéma! Rien de spécial pour en faire un grand personnage digne des galas de l’excellence.

L’humilité et la confiance en Dieu ont tout simplement charmé ceux et celles qui ont rencontré Alfred. On arriverait difficilement à écrire un traité de théologie savante sur ses propos et conversations. La petite chapelle qu’il construisit dans la montagne en face de son collège n’annonçait pas la somptueuse église qui marque le paysage de la métropole montréalaise.

Les autorités religieuses de l’époque, les supérieurs et les confrères du petit portier ne le destinaient pas à la canonisation. On le rabrouait plutôt. On appréciait guère ces foules qui se massaient dans l’entrée du collège et qui bouleversaient le train-train quotidien de cette sage institution.

Le frère André fut le choix non pas des grands mais des petits. Avant d’être promu à la sainteté par le pape de l’Église universelle, il fut canonisé par des simples, des gens ordinaires, des spécialistes du gros bon sens.

Comment expliquer ce paradoxe? Les gens ont trouvé en cet homme un ami, un familier. Il a été le miroir de leur idéal de vie. Les saints qu’ils n’étaient pas et qu’ils osaient à peine penser devenir, ils les retrouvaient dans ce portier qui parlait à Dieu ou de Dieu sans cérémonie, sans le discours savant des grands du monde religieux. Bien plus, qui atteignait Dieu par l’intermédiaire du silencieux Joseph, cet homme présent dans l’Évangile pendant à peine quelques versets, disparu sans attirer l’attention et laissant derrière ou devant lui un fils – adoptif par surcroît – aux discours et aux gestes retentissants!

Comment la nouvelle de la canonisation du frère André sera-t-elle reçue chez nous? Probablement plus modestement que l’annonce de sa mort en 1937. Le souvenir remonte loin dans le temps. La société québécoise s’est transformée. Elle a pris ses distances de l’Église, de ses pratiques et de sa foi. Le frère André est appelé à reprendre son travail de portier. Discrètement, il ouvrira la porte sur l’Évangile comme un sens à la vie, une espérance. Les grands, soucieux d’assurer l’avenir de l’Église, consentiront à composer avec des moyens aussi humbles que ceux du portier du Collège Notre-Dame. L’histoire du peuple saint de Dieu à travers les millénaires nous le prouve : Dieu fait appel à la faiblesse pour se manifester. La foi en Dieu à la suite du Christ mort en croix n’a rien de confortable. Elle exige de relever le lourd défi de l’humble confiance à la manière d’Alfred Bessette. Saint frère André, priez pour nous!

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