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La prière des amoureux de Dieu

Imprimer Par Denis Gagnon

Jeudi dernier, la liturgie a proposé à notre méditation une des plus belles prières de la Bible. La reine Esther s’apprête à rencontrer le roi païen. Elle veut intercéder auprès de lui en faveur de son peuple persécuté par Haman. Sa prière mérite d’être citée :

«Mon Seigneur, notre Roi, c’est toi le seul Dieu, viens me secourir, car je suis seule, et je n’ai pas d’autre secours que toi, et je vais risquer ma vie. Depuis ma naissance, j’ai entendu répéter, dans la tribu de mes pères, que tu as choisi Israël de préférence à toutes les nations, et nos pères de préférence à tous leurs ancêtres, pour en faire à jamais un peuple qui t’appartienne, et tu as fait pour eux tout ce que tu avais promis.

«Souviens-toi, Seigneur! Fais-toi connaître au moment de notre détresse; donne-moi du courage, toi le Roi des dieux, qui domines toute autorité. Mets sur mes lèvres un langage harmonieux quand je serai en présence de ce lion, et change son cœur : qu’il se mette à détester celui qui nous combat, qu’il le détruise avec tous ses partisans. Délivre-nous par ta main, viens me secourir car je suis seule, et je n’ai que toi, Seigneur, toi qui connais tout.» (Esther 14, 3-5.12-14)

Intense supplication que cette prière d’une femme qui joue sa vie pour sauver son peuple. Que de juifs ont dû reprendre ce cri du cœur dans les camps de concentration pendant la guerre de 1939-45. Que d’hommes et de femmes, acculés au pied du mur, ont lancé vers Dieu un appel semblable.

Comme toute supplication, cette prière est avant tout un acte de foi. Celui ou celle qui se tourne vers Dieu dans la détresse reconnaît avant tout que Dieu existe et qu’il peut intervenir, que pour lui rien n’est impossible.

Supplier est un acte de foi : «N’importe quelle prière vaut mieux que l’absence de prière. C’est une façon de reconnaître la puissance de Dieu, et c’est à mon avis une façon de le louer.» (Graham Greene, La fin d’une liaison) La plupart des prières d’ouverture à la messe commencent par une profession de foi : «Dieu tout-puissant… Dieu qui es bon et tout-puissant… Dieu qui es l’Amour… force de ceux qui espèrent en toi… Dans ton amour inlassable, Seigneur…»

Dans toute prière, Dieu est évoqué. Notre désir aussi est exposé. La prière de demande étale le désir intime du priant ou de la priante. «Dieu, toi mon Dieu, je te cherche dès l’aurore : mon âme a soif de toi.» (Psaume 62(63) La prière agrandit le désir au point qu’il devient une espérance. Dieu, et Dieu seul peut combler cet espace sans mesure. Une hymne de la Liturgie des Heures le traduit bien : «À la mesure sans mesure de ton immensité, tu nous manques, Seigneur…»

Profession de foi, acte d’espérance, la prière de supplication est aussi déclaration d’amour. Supplier, c’est demander. Demander, c’est reconnaître un manque et compter sur un autre. Demander dans la prière, c’est compter sur l’Autre. Avouer sa faiblesse, sa pauvreté, c’est s’en remettre à l’Autre. C’est aimer Dieu que de l’inviter à intervenir dans notre existence, que de lui faire une place dans notre devenir.

Grande et noble prière que la demande. Loin d’être réduite à quémander en enfants gâtés et pleurnichards, la supplication est la prière des amoureux de Dieu.

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