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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour le 29e Dimanche. T.O. Année A

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

Telle une poupée russe!

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 22,15-21.

Alors les pharisiens allèrent tenir conseil pour prendre Jésus au piège en le faisant parler.
Ils lui envoient leurs disciples, accompagnés des partisans d’Hérode : « Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ; tu ne te laisses influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens.
Alors, donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? »
Connaissant leur perversité, Jésus dit : « Hypocrites ! pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ?
Montrez-moi la monnaie de l’impôt. » Ils lui présentèrent une pièce d’un denier.
Il leur dit : « Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? »
Ils répondirent : « De César. » Alors il leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »

COMMENTAIRE

Il se passe beaucoup de choses dans l’actualité politique, économique, financière de ce temps-ci. On en a tous plein la tête. Les nouvelles, les analyses et les éditoriaux ne tarissent pas. C’en est décourageant presque. D’autant plus qu’il s’agit en certains cas de nouvelles inquiétantes et troublantes, qui touchent notre bien-être profond, la paix, la sécurité de nos personnes et de nos avoirs, de notre avenir.

À tous ceux qui seraient tentés de s’évader de ce monde, la phrase célèbre de Jésus « Rendez à César ce qui est à César…» arrive à point. Elle nous enjoint de ne pas déserter et nous redit notre appartenance. N’allons pas démissionner sous l’influence de la fatigue engendrée par le retour constant des mêmes crises. Ne nous laissons pas décourager par l’effet conjugué des campagnes agressives des partis politiques et les crises financières toujours menaçantes. Autant de remises en question qui nous risquent de nous laisser perplexes pourtant devant la phrase de Jésus donnée en réponse aux disciples des pharisiens et aux partisans d’Hérode. « Rendez à César ce qui est à César…» Ces gens ne sont-ils pas venus vers Jésus pour le harceler avec leur question piège?

Mais qui a dit que c’était simple et facile de nous occuper des affaires publiques, économiques et politiques? La réponse de Jésus nous redonne confiance; elle nous protège même du découragement et de la peur, en affirmant clairement que Dieu a lui aussi quelque chose à voir en tout ce qui nous occupe et nous préoccupe à quelque niveau que ce soit de nos existences. Rendre à Dieu ce qui est à Dieu, c’est au fond nous dire qu’il ne faut absolument pas séparer ni confondre les ordres de réalités dans lesquelles nous sommes engagés. Le monde est une réalité unifiée où Dieu est concerné partout et où rien de ce qui s’y passe ne lui échappe. Bien vivre ensemble sur la terre est une responsabilité que Dieu nous a confiée. Depuis l’avènement de son Fils en notre chair, il s’y engage avec nous.

En cette journée missionnaire mondiale, cet évangile prend un relief, une signification particulière. Il nous rappelle que tout se tient dans notre existence, que rien n’est étranger à notre foi et que, s’il nous faut aimer Dieu de tout notre cœur, de toutes nos forces, de tout notre esprit, il nous faut aussi aimer notre prochain comme nous-même. Cet amour du prochain tient à l’amour de Dieu lui-même. Il concerne les domaines du social, de l’économique, du politique, le terre-à-terre de nos situations les plus matérielles à cause de Dieu. C’est la logique de son incarnation. Nous ne pouvons, sous prétexte de religion et de foi, nous esquiver, nous tenir à l’écart, comme dans une bulle, en abstraction du monde dans lequel nous sommes. Pas plus que l’amour de Dieu et l’amour du prochain ne sauraient être séparés, bien qu’ils orientent nos cœurs en des directions différentes, ainsi notre service de Dieu et notre service du prochain – bien que réclamant des pratiques diverses – ne devraient se contredire, s’exclure ou se nuire. C’est en servant Dieu de tout mon cœur que je trouve le juste chemin vers le prochain; et c’est en me faisant proche de tout être humain que les circonstances me donnent de côtoyer que je servirai Dieu en vérité.

Le service du prochain et le vivre avec lui dans une organisation politique et sociale ne m’obligent pas à être spécialiste en ces matières. Il y a ceux pour qui c’est un appel. Personne cependant n’est exempt de porter respect et intérêt à la réalité publique. Il nous faut avoir une attitude positive et participer au nom de l’Évangile, au nom de notre foi, et « rendre ainsi à Dieu tout ce qui est à Dieu ».

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