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Méditation chrétienne,

Responsable de la chronique : Yves Bériault, o.p.
Méditation chrétienne

Voici ta mère

Imprimer Par Daniel-Joseph Lallement

Grand contemplatif et mystique, membre du Tiers-Ordre dominicain,  le chanoine Daniel-Joseph Lallement a très peu publié. Il fut mandaté par l’Église pour enseigner la sociologie, la théologie morale et la métaphysique à l’Institut Catholique de Paris de 1922 à 1963. Il se consacra ensuite à la vie contemplative et à la prédication spirituelle jusqu’à ce qu’il fut rappelé à Dieu en 1977. Son enseignement philosophique, théologique et spirituel apporte de bienfaisantes lumières aux hommes de notre temps sur les bouleversements qu’ils peuvent vivre.

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« Voici ta mère ! » (Jn 19, 27) Pour nous entraider à comprendre un peu mieux ces paroles que le Christ adresse à chacun de nous en montrant sa Mère, méditons quelques instants sur la manière dont la Très Sainte Vierge est notre Mère et sur la manière dont elle est Mère de tous les hommes.

Comment la Très Sainte Vierge est-elle notre Mère ?

Notre mère, c’est celle qui nous a donné le jour, et donné volontairement en prenant sur elle la charge de notre enfantement. Ève et après elle toutes les mères devaient, selon le plan divin, donner en même temps la vie matérielle physique et la vie surnaturelle des âmes. À la suite du péché originel, Ève n’a plus transmis que la vie physique, elle nous a laissés aveugles devant les choses de Dieu, et soumis à la mort.

La Très Sainte Vierge est notre Mère parce qu’elle nous a rendu la lumière, le jour spirituel, le jour qui ne doit plus finir, la résurrection de gloire même pour nos corps. Et la Très Sainte Vierge nous a ainsi donné le jour volontairement. Dieu lui a demandé son Fiat pour l’œuvre de l’Incarnation Rédemptrice et en donnant ce consentement, elle savait quelle serait l’agonie, prix de la génération éternelle des âmes. Elle connaissait les prophéties ; elle les méditait dans le Temple depuis sa petite enfance ; elle savait que le Messie, son Fils, serait un homme de douleur ; elle savait qu’un jour viendrait où Il serait « un ver, pas un homme » (Ps 21, 7), un ver bon à être froissé sous les pieds et non un homme ; elle savait qu’Il ne resterait en son corps aucune partie qui ne soit meurtrie : « de la plante des pieds à la tête, il ne reste rien d’intact :partout blessures, contusions, plaies ouvertes, qui ne sont ni pansées, ni bandées, ni soignées avec de l’huile. » (Is 1, 6) ; elle savait qu’Il serait un objet de mépris « Il n’était ni beau ni brillant pour attirer nos regards, son extérieur n’avait rien pour nous plaire. » (Is 53, 2)

Elle savait que c’était de ce Fils douloureux qu’on lui demandait d’être la mère ; on lui demandait de souffrir avec Lui, non comme une âme tendre et délicate peut souffrir avec le Christ, mais de souffrir comme une mère. Et la Vierge a distendu son cœur pour aimer ce Fils qui s’offrait à elle, pour L’aimer comme Il voulait être aimé, pour L’aimer avec toutes les âmes qu’Il voulait prendre sur ses épaules et Lui faire gagner ; et son fiat acceptant d’être la mère d’une victime, d’une hostie, la faisait simultanément Mère du Christ et la nôtre.

La mère ne se désintéresse pas de l’enfant auquel elle a donné le jour dans une grande souffrance : la Vierge ne saurait se désintéresser des âmes, qu’avec le Christ, elle a achetées d’un tel prix. Elle travaille à la génération et à la croissance du Christ dans les âmes par l’envoi de la grâce ; les grâces que nous recevons, grâces de confort, de lumière, de surnaturelle énergie pour la vie chrétienne viennent du Christ ; elles ont été méritées par Lui, et elles nous forment à l’image du Christ qui se répercute en nous.

La Très Sainte Vierge s’intéresse à l’envoi de ces grâces par lesquelles la vie du Christ afflue dans nos âmes et ce sera bientôt un dogme dans l’Église que Notre-Seigneur ne veut pas envoyer une seule de ses grâces sans que ce soit en collaboration avec sa Mère. Notre-Seigneur qui n’a pas voulu venir sur la terre sans sa Mère, ni mourir au Calvaire sans elle, ne veut pas venir à nous sans que sa Mère L’ait invité et n’ait servi, pour ainsi dire, d’instrument à sa grâce.

« Maria Mater gratiae. » Marie est la Mère de la grâce divine et elle forme constamment dans nos âmes la vie de Jésus. À chaque instant, nous disons à la Très Sainte Vierge : « priez pour nous maintenant. » L’avez-vous remarqué, mes amis, ce petit mot « maintenant ». Nous lui demandons de prier non pas quelquefois plus tard, mais maintenant ; et l’Ave ne cesse jamais par toute la terre et, dans toute la durée des temps, des âmes diront pour toute l’Église : « Priez pour nous maintenant » et nous sommes  chaque instant sous la protection de Marie…

Daniel-Joseph Lallement. Extrait d’une homélie pour la fête de l’Asomption, 1927.

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